Monde

Soudan: L’armée reprend le contrôle de la Banque centrale

Les forces armées soudanaises ont repris le contrôle de la Banque centrale à Khartoum le 11 février 2025, marquant une avancée stratégique significative dans le conflit qui oppose l’armée régulière aux Forces de soutien rapide (FSR). Cette reconquête s’est effectuée au terme d’affrontements particulièrement violents autour de ce symbole de la souveraineté économique du pays, qui était tombé aux mains des FSR dans les premiers mois du conflit.

a reprise de ce bâtiment stratégique s’inscrit dans une série d’opérations militaires menées par l’armée régulière pour reprendre le contrôle des institutions vitales du pays. Sur le plan territorial, l’armée contrôle désormais l’est et le nord du Soudan, tandis que les FSR maintiennent leur emprise sur la quasi-totalité du Darfour, une vaste région de l’ouest du pays où réside un quart des 50 millions d’habitants. Ce conflit, qui a éclaté en avril 2023, oppose l’armée régulière dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan aux Forces de soutien rapide commandées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemedti ». Les tentatives de médiation internationale n’ont jusqu’à présent pas permis d’aboutir à une résolution du conflit, les négociations de paix restant au point mort. L’Union africaine (UA) a qualifié la situation de « pire crise humanitaire au monde », avec des conséquences dévastatrices pour la population civile. Les chiffres sont alarmants : plus de 12 millions de personnes ont été déplacées depuis le début des hostilités, et les Nations unies prévoient que d’ici mai 2025, environ 24,6 millions de personnes, soit près de la moitié de la population du pays, seront confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. La situation est particulièrement critique pour les enfants, avec 431.000 cas d’hospitalisation pour malnutrition sévère aiguë recensés en 2024, soit une augmentation de 44% par rapport à 2023. La famine touche déjà cinq régions soudanaises, dont trois dans le Darfour-Nord, et devrait s’étendre d’ici mai à cinq autres districts de cet État. Les Nations unies ont pointé du doigt la responsabilité des FSR, les accusant de faire obstacle à l’acheminement de l’aide humanitaire vitale dans la région du Darfour. Les combats incessants ont considérablement entravé l’accès à l’aide humanitaire, provoquant des pénuries alimentaires et aggravant la situation sanitaire, particulièrement pour les populations les plus vulnérables. Les enfants et les femmes subissent des mauvais traitements continuels, tandis que les personnes âgées et malades manquent cruellement d’assistance médicale. Face à cette situation critique, l’Union africaine insiste sur la nécessité d’un dialogue politique inter-soudanais, excluant l’option militaire comme solution viable pour mettre fin au conflit. La communauté internationale continue de suivre avec inquiétude l’évolution de la situation, craignant non seulement une extension des violences mais aussi un effondrement total des institutions étatiques. Cette crise multidimensionnelle, qui combine violences armées, catastrophe humanitaire et instabilité politique, menace la stabilité de l’ensemble de la région, alors que les efforts diplomatiques pour trouver une issue pacifique restent jusqu’à présent infructueux.

Lyes Saïdi

admin

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *