Culture

Galerie Mohammed-Racim  : Lorsque le patrimoine rencontre les arts plastiques

Dans l’écrin lumineux de la galerie Mohammed-Racim à Alger, les couleurs de l’identité algérienne dansent sur les toiles comme autant de bijoux précieux sortis d’un coffre ancestral. Les plasticiennes Alia El Addai et Saida Bouskine y orchestrent une symphonie visuelle baptisée « Trésor de la nation », où une trentaine d’œuvres content l’histoire d’un patrimoine vivant, palpitant entre les fils du haik et les arabesques du karakou. Comme une gardienne des traditions, Saida Bouskine fait virevolter sur ses toiles les tenues qui ont habillé des générations de femmes algériennes : le caftan majestueux, le burnous noble, les parures féminines de Tlemcen, d’Oran, de Kabylie et des Aurès, sans oublier l’Imzad, cette voix de bois et de crin qui ne résonne que sous les doigts des femmes targuies, accompagné du chèche bleu comme un morceau de ciel du Sahara. Ses pinceaux, trempés dans des ocres chaleureux, caressent aussi les pierres millénaires de Timgad et de La Qalâa des Beni Hamad, ces joyaux algériens sertis dans le patrimoine mondial de l’Unesco. L’artiste confie que ses modelages et reliefs ne sont pas de simples effets décoratifs, mais une « démarche artistique et esthétique qui a pour but de donner un certain réalisme » à ses créations, comme si les tissus et les matériaux cherchaient à s’échapper de la toile pour rencontrer le visiteur. La magie opère doublement lorsque les deux artistes unissent leurs talents. Une dizaine d’œuvres témoignent de cette alliance créative où leurs « talents singuliers » s’entremêlent dans une « combinaison » de traits et de formes, portée par une « consonance de couleurs maîtrisée ». Les habits traditionnels, les bijoux et le patrimoine architectural y racontent une histoire commune, enrichie par deux sensibilités complémentaires. De son côté, Alia Addai brode des portraits de femmes comme autant de fenêtres ouvertes sur la diversité vestimentaire algérienne. Son regard s’étend au-delà des frontières, capturant en médaillons des visages de femmes africaines, parées de leurs plus beaux atours traditionnels, témoignant ainsi des liens profonds qui unissent l’Algérie à son continent. Cette célébration picturale du patrimoine, véritable écrin de la mémoire collective, accueillera les amateurs d’art jusqu’au 25 février, dans un dialogue entre passé et présent, entre tradition et création contemporaine.

M.S.

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