Malgré une chute des cours du brut: L’OPEP+ maintient le cap
Dans un contexte économique mondial tendu par les tensions commerciales entre grandes puissances, le Comité ministériel conjoint de suivi OPEP et non-OPEP (JMMC) s’est réuni ce samedi pour sa 59e session. Cette réunion, qui intervenait deux jours après l’annonce surprise d’une augmentation significative de la production pétrolière pour mai, n’a débouché sur aucun nouveau changement de politique, confirmant ainsi la stratégie adoptée jeudi dernier.
Le ministre d’État, ministre de l’Énergie, des Mines et des Énergies renouvelables, Mohamed Arkab, a participé par visioconférence à cette rencontre, accompagné du PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi, du président de l’Agence nationale de valorisation des ressources en hydrocarbures (ALNAFT), Morad Beldjehem, ainsi que de plusieurs cadres du ministère. Selon un communiqué du ministère, les discussions ont porté sur « le niveau de conformité à l’accord de production pour les deux premiers mois de l’année » et ont permis aux ministres d’échanger « sur la situation du marché pétrolier international ainsi que ses perspectives à court et moyen termes ». Le département de Mohamed Arkab indique que les membres du JMMC « suivent de près l’évolution du marché pétrolier mondial et restent pleinement mobilisés face aux développements en cours », ajoutant que « des consultations continues sont menées en vue d’assurer une coordination optimale des actions conjointes au sein de l’OPEP+ ».
Cette réunion intervient après que huit pays membres de l’OPEP+ (Arabie saoudite, Russie, Irak, Émirats arabes unis, Koweït, Kazakhstan, Algérie et Oman) ont décidé jeudi d’accélérer leur plan de suppression progressive des réductions volontaires de production. Ainsi, l’augmentation prévue pour mai atteindra 411 000 barils par jour, soit trois fois plus que les 135 000 barils initialement programmés selon le calendrier établi en décembre 2024. Cette décision d’augmentation accélérée de la production, combinée aux craintes d’un ralentissement économique mondial dû à la guerre commerciale déclenchée par l’administration Trump, a provoqué un effondrement des cours du pétrole. Le Brent de la mer du Nord a chuté de 6,50% vendredi pour clôturer à 65,58 dollars le baril, son niveau le plus bas depuis août 2021, après avoir déjà perdu 6,42% la veille. Le WTI américain a connu une baisse encore plus marquée, perdant 7,41% pour terminer à 61,99 dollars, un prix plancher qui n’avait pas été observé depuis avril 2021. En deux jours, les deux références mondiales ont ainsi perdu environ 13% de leur valeur. Dans leur communiqué du 3 avril, les huit pays producteurs justifient cette accélération par « la continuation de fondamentaux de marché sains et des perspectives positives ». La décision s’inscrit dans le cadre du plan annoncé le 5 décembre 2024 et confirmé le 3 mars 2025, visant un retour « graduel et flexible » des 2,2 millions de barils par jour de réductions volontaires. Les producteurs ont toutefois tenu à préciser que « les augmentations graduelles pourront être suspendues ou inversées selon l’évolution des conditions du marché », soulignant que « cette flexibilité permettra au groupe de continuer à soutenir la stabilité du marché pétrolier ».
Samira Ghrib