Salon du livre de Ouacifs à Tizi-Ouzou: L’importance de la littérature amazighe réaffirmée
La quatrième édition du Salon national du livre amazigh s’apprête à ouvrir ses portes du 30 avril au 3 mai 2025 dans la commune de Ouacifs, située au sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, consolidant ainsi son rôle de carrefour culturel majeur pour la promotion de la littérature et de la culture amazighes en Algérie. Cette manifestation, qui s’inscrit désormais comme un rendez-vous incontournable du calendrier culturel de la région, investira la Maison de jeunes des Frères martyrs Houacine Mohand Amokrane et Boukhalfa, transformant pendant quatre jours ce lieu en un espace vibrant d’échanges intellectuels et artistiques au cœur de la Kabylie. L’événement, qui gagne en ampleur à chaque édition, réunira cette année une trentaine de maisons d’édition, démontrant l’intérêt croissant des éditeurs pour la littérature amazighe, dont le lectorat s’élargit progressivement malgré les défis persistants. Des institutions nationales de premier plan seront également présentes, notamment le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA) et le Centre National Pédagogique et Linguistique pour l’Enseignement de Tamazight (CNPLET). Pas moins de 150 auteurs écrivant en tamazight, en arabe et en français participeront à cette édition, offrant ainsi un panorama représentatif de la diversité linguistique et culturelle qui caractérise la production littéraire contemporaine en Algérie. Les associations Isabelle Eberhardt et Numidia complèteront ce tableau en apportant leur contribution au rayonnement de cet événement. Fidèle à sa tradition, le salon proposera un programme riche en conférences et tables rondes, animées notamment par des figures reconnues de la scène littéraire nationale comme les écrivaines Amel El Mehdi et Melha Benbrahem. Ces rencontres permettront d’explorer en profondeur des thématiques liées à la culture, à l’histoire et au patrimoine amazighs. Le volet pédagogique n’est pas en reste avec l’organisation d’une dictée en tamazight destinée aux dix meilleurs élèves de la région des Ouacifs, une initiative qui témoigne de la volonté des organisateurs d’ancrer l’apprentissage de cette langue auprès des jeunes générations. La dimension poétique occupera également une place de choix avec des soirées dédiées à l’art ancestral de l’Isefra, mettant en lumière des talents comme la poétesse et actrice Hadjira Oubachir et le poète Akli Ait Boussad. Un moment particulièrement attendu sera la déclamation de poèmes de Taos Amrouche, par la poétesse Nacéra Benyoucef, établissant ainsi un pont entre le patrimoine poétique traditionnel et sa réappropriation contemporaine. Comme le veut la tradition, cette édition rendra hommage à des figures marquantes récemment disparues : les écrivains Ahmed Nekkar, Abderrahmane Yefsah et Youcef Merahi, ainsi qu’à deux enfants de la région, la légende du football algérien Djamel Menad et l’écrivain Si El Hocine Sehnouni. Le cinéma ne sera pas oublié avec la projection en avant-première d’un film documentaire du réalisateur Arab Yazid consacré au parcours d’Amar Imache, pionnier du mouvement national pour l’indépendance de l’Algérie. Salem Ait Ali Belkacem, commissaire de la manifestation, a souligné dans une déclaration à l’APS que « l’esprit et l’objectif du salon demeurent les mêmes, donner de la visibilité à l’écriture et à la production livresque et culturelle, en général, en tamazight, qui malgré les efforts consentis par les auteurs et le répondant enregistré, reste en quête de lecteurs et davantage d’intérêt ». Le commissaire a également précisé que ce rendez-vous « est un carrefour de rencontres entre auteurs, éditeurs, lecteurs et tous les intervenants dans ce créneau et il vise à permettre de créer une synergie entre ces différents acteurs à même de porter encore plus haut le travail qui contribue à la préservation et au développement de notre culture et notre identité ». Organisée par l’association Lhadj L’Mokhtar N’Ath Said en collaboration avec le comité de village Timaghrass et avec la participation de plusieurs organismes locaux, cette quatrième édition est dédiée à la mémoire d’Abdellah Hamane, moudjahid, homme de culture et écrivain en tamazight disparu en 2018, une figure qui incarnait parfaitement la synthèse entre engagement national et attachement aux valeurs culturelles amazighes.
M.S.