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La guerre commerciale sino-américaine s’intensifie

La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine intensifie avec une escalade significative des mesures protectionnistes de part et d’autre. Face à la décision de Washington d’imposer des droits de douane de 145% sur les produits chinois, Pékin a riposté en relevant ses propres surtaxes à 125% sur les importations américaines, contre 84% précédemment. Cette surenchère protectionniste crée des ondes de choc sur les marchés internationaux, notamment celui du pétrole, qui tente de trouver un nouvel équilibre dans ce contexte instable. Hier, le Brent de la mer du Nord se stabilisait à 63,25 dollars le baril pour une livraison en juin, marquant un léger recul de 0,13%, tandis que le West Texas Intermediate américain s’établissait à 60,03 dollars pour une livraison en mai, en baisse de 0,07%. Les analystes s’accordent pour attribuer cette nervosité des marchés aux récentes décisions de l’administration Trump, qui suscitent des inquiétudes quant à une possible contraction de la demande mondiale de pétrole, les deux premiers consommateurs mondiaux étant désormais engagés dans une spirale de représailles commerciales. La Chine, confrontée à la fermeture partielle du marché américain, cherche activement à diversifier ses partenariats commerciaux. Le président Xi Jinping a profité d’une rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez à Pékin pour appeler l’Union européenne à faire front commun avec la Chine afin de « résister à toute coercition unilatérale », dans une référence à peine voilée aux pressions américaines. Le leader chinois a insisté sur l’importance de défendre conjointement la mondialisation et un commerce international équitable. Si Pedro Sanchez a reconnu la nécessité de préserver la coopération entre l’UE et la Chine, il a néanmoins souligné le déséquilibre commercial significatif qui persiste entre l’Espagne et son partenaire asiatique. Dans ce contexte, Pékin intensifie ses efforts diplomatiques et commerciaux envers l’Union européenne, l’Asie et l’Australie. Des discussions préliminaires ont été engagées entre Bruxelles et Pékin pour renforcer leur coopération économique, malgré des points de friction persistants, notamment concernant les droits de douane sur les véhicules électriques chinois. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a réaffirmé la position européenne qui consiste à limiter les risques tout en approfondissant les relations commerciales avec la Chine, sous réserve du respect des intérêts économiques européens. Elle a particulièrement insisté sur la nécessité d’examiner de près les pratiques commerciales chinoises afin d’éviter toute distorsion de concurrence. Dans cette dynamique, le Premier ministre chinois Li Qiang a exprimé sa volonté de renforcer les échanges avec l’UE dans un esprit de dialogue constructif, à l’occasion du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques entre les deux entités.

Un impact massif sur les pays en développement

En attendant, cette guerre commerciale risque d’avoir de lourdes répercussions sur les pays en développement. Les droits de douane massifs et les contre-mesures décidés par le président américain Donald Trump pourraient avoir un impact « catastrophique » sur les pays en développement, frappant encore plus durement que les réductions de l’aide étrangère, a ainsi déclaré hier la directrice exécutive de l’agence des Nations unies pour le commerce.

Les pays en développement vont devoir se réinventer face aux turbulences du commerce international, qui les frappent de manière disproportionnée, en diversifiant leur clientèle à l’export, en ajoutant de la valeur à leur production nationale et en s’alliant régionalement, a-t-elle recommandé. « S’il y a jamais eu un moment pour opérer ce virage vers la diversification, la valorisation et l’intégration régionale — ce que j’appelle la ‘reglobalisation stratégique’ — c’est maintenant », a lancé Pamela Coke-Hamilton lors d’un briefing à Genève. Parallèlement à ces tensions commerciales, le marché pétrolier surveille attentivement les développements diplomatiques entre les États-Unis et l’Iran. Des négociations cruciales doivent se tenir ce samedi dans le sultanat d’Oman concernant un éventuel accord sur le programme nucléaire iranien. Ces discussions revêtent une importance particulière pour le secteur pétrolier, l’Iran figurant parmi les dix premiers producteurs mondiaux. Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump a adopté une stratégie de « pression maximale » à l’égard de Téhéran, multipliant les sanctions visant à réduire drastiquement les exportations pétrolières iraniennes. L’issue de ces pourparlers pourrait donc avoir des répercussions significatives sur l’offre mondiale de pétrole dans les mois à venir. La convergence de ces facteurs géopolitiques et commerciaux maintient les marchés dans l’expectative, alors que les cours du pétrole tentent de se stabiliser après une semaine de fortes fluctuations. Les analystes restent prudents quant aux perspectives à court terme, tandis que les acteurs du marché scrutent attentivement les prochaines manœuvres diplomatiques et commerciales des grandes puissances mondiales.

Amar Malki

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