Dessalement : L’intégration du produit national et des énergies renouvelables en ligne de mire
L’Algérie s’engage résolument dans une nouvelle phase stratégique pour ses infrastructures hydrauliques avec un ambitieux programme d’extension de ses capacités de dessalement d’eau de mer. Forte de son expérience réussie dans ce domaine, le pays prépare désormais un bond qualitatif majeur en intégrant davantage le produit national et les énergies renouvelables dans les futurs projets. C’est ce qu’a annoncé mardi à Oran M. Chahed Brahim, vice-Président directeur général de l’Algerian Energy Company (AEC), en marge de la première édition du Salon National de la Qualité, de l’Hygiène, de la Sécurité et de l’Environnement. Ce responsable a rappelé le succès déjà enregistré par l’AEC avec la construction de cinq stations de dessalement dans un délai remarquablement court de 25 mois, démontrant ainsi la capacité nationale à maîtriser cette technologie complexe. L’approche pour les six nouvelles stations programmées s’inscrit cependant dans une vision plus ambitieuse et durable. Ces futures installations seront stratégiquement implantées dans les wilayas côtières de Skikda, Jijel, Chlef, Tizi Ouzou, Mostaganem et Tlemcen, renforçant significativement le maillage territorial des infrastructures de dessalement. L’impact de cette extension sera considérable puisque la capacité nationale de production d’eau dessalée passera de 3,7 millions de mètres cubes quotidiens actuellement à 5,5 millions à l’horizon 2030, soit une augmentation de près de 50%. Cette évolution quantitative s’accompagne d’un changement paradigmatique puisque l’eau dessalée ne sera plus conçue comme un simple complément mais deviendra une source principale d’approvisionnement en eau potable pour les régions côtières. Ce basculement répond à une nécessité stratégique dans un contexte de stress hydrique croissant, exacerbé par les effets du changement climatique sur le régime pluviométrique du pays. L’innovation majeure de ce programme réside toutefois dans la double intégration visée : celle du produit national d’une part, et celle des énergies renouvelables d’autre part. Sur le plan industriel, l’AEC prévoit un recours accru à l’ingénierie locale, aux matériaux et aux équipements fabriqués en Algérie, générant ainsi des effets d’entraînement bénéfiques sur l’économie nationale, tant en termes d’emplois que de transfert de compétences au sein des filières industrielles. Sur le plan énergétique, l’introduction progressive de sources renouvelables, notamment solaires, constitue une avancée significative pour ces installations traditionnellement énergivores. Cette orientation vise à réduire l’empreinte carbone des stations de dessalement tout en augmentant leur autonomie opérationnelle et leur résilience face aux aléas d’approvisionnement énergétique. Ce virage technologique et industriel s’inscrit pleinement dans la stratégie nationale de transition énergétique et de valorisation des ressources locales. Il traduit également une vision à long terme qui fait du dessalement non plus une solution d’appoint mais un pilier structurel de la politique hydraulique nationale. En conjuguant impératifs de sécurité hydrique, développement industriel local et transition énergétique, l’Algérie pose ainsi les jalons d’un modèle plus souverain et durable de gestion de cette ressource vitale.
Lyna Larbi