Le Général d’Armée Saïd Chanegriha met les points sur le « I » : « L’Algérie n’accepte aucune surenchère sur sa lutte contre le terrorisme »
Un séminaire international à Alger examine les mutations géopolitiques du terrorisme à la lumière de l’expérience algérienne.
« L’Algérie n’accepte aucune surenchère sur la lutte qu’elle a menée contre le terrorisme, dans le cadre des lois de la République, car elle a subi ses affres avant tout le monde, et lui a déclaré la guerre à un moment où le doute, l’hésitation et la complicité régnaient dans les sphères politiques et médiatiques et aussi dans les forums régionaux et internationaux ». C’est en ces termes sans équivoque que le Général d’Armée Saïd Chanegriha, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale et Chef d’État-major de l’Armée nationale populaire (ANP), a ouvert ce mercredi à Alger le séminaire international intitulé « Géopolitique du terrorisme à l’ombre des nouvelles mutations mondiales ». Cette rencontre de deux jours, organisée au Cercle national de l’Armée à Beni-Messous les 7 et 8 mai 2025, s’inscrit dans la continuité des efforts de l’Algérie pour consolider son approche multidimensionnelle de lutte contre le terrorisme, un fléau qui continue de frapper de nombreuses régions à travers le monde. Le choix de la date n’est pas anodin, coïncidant avec la commémoration du 80e anniversaire des massacres du 8 mai 1945, rappelant ainsi l’engagement historique de l’Algérie dans la lutte pour la liberté et contre toutes formes d’oppression. Dans son allocution d’ouverture, le Général d’Armée Chanegriha a rappelé le lourd tribut payé par l’Algérie face à la menace terroriste qui a frappé le pays durant la décennie noire. « Il importe de rappeler que l’Algérie avait, très tôt, pris conscience de la gravité du phénomène du terrorisme barbare et de l’extrémisme obscurantiste, qui a menacé les fondements de l’État national et son régime républicain. Elle était la plus à même de comprendre ce fléau, étranger, tant elle a souffert de ses affres », a-t-il souligné devant un parterre d’experts nationaux et internationaux. Le Chef d’État-major de l’ANP a mis en exergue le rôle déterminant de la cohésion nationale dans la victoire contre le terrorisme : « C’est bien grâce à la cohésion du peuple et le soutien indéfectible qu’il a témoigné à ses institutions, à leur tête l’Armée nationale populaire, qu’elle a réussi à déjouer les vils desseins qui se tramaient contre l’État, l’unité de la société et son identité authentique ». Des propos qui répondent aussi aux accusations fantaisistes proférés par certains régimes inconstitutionnels du Sahel qui ont largement consommé leur échec sur le front de la lutte contre le terrorisme
Un modèle algérien de lutte antiterroriste reconnu
Cette position ferme du haut commandement militaire intervient dans un contexte international marqué par la persistance de la menace terroriste sous des formes diverses et par des tentatives de révision de l’histoire ou de minimisation des efforts consentis par de l’Algérie en première ligne. L’Algérie, qui a combattu seule le terrorisme islamiste dans les années 1990, alors que la communauté internationale tardait à reconnaître la gravité de cette menace, dispose aujourd’hui d’une expertise reconnue en matière de lutte antiterroriste. « Grâce à son peuple, son armée et ses institutions, l’Algérie a triomphé du terrorisme et a développé une expérience toute singulière dans la lutte et la prévention contre ce fléau, tant sur le plan opérationnel que celui de l’adoption d’une approche inclusive et multidimensionnelle qui, aujourd’hui, représente un modèle pour les États et les sociétés, qui œuvrent à se prémunir contre cette menace transfrontalière et transnationale », a affirmé le Général d’Armée Chanegriha. Cette expérience algérienne se caractérise notamment par une stratégie globale qui ne se limite pas à l’aspect sécuritaire mais intègre également les dimensions politique, religieuse, sociale et économique. Le séminaire international de deux jours réunit des professeurs et experts de différents horizons qui ont centré leurs interventions sur l’analyse de la carte géopolitique du terrorisme actuel et la définition des contours de la menace terroriste dans le futur. Une attention particulière a été accordée à l’examen des fondements, règles et mécanismes de l’approche algérienne pour la lutte et la prévention contre ce fléau. Les travaux se poursuivent à travers des ateliers thématiques visant à élaborer des recommandations concrètes pour renforcer la coopération internationale face à toutes les formes de terrorisme et d’extrémisme. Cette rencontre de haut niveau intervient alors que la région sahélo-saharienne connaît une recrudescence des activités terroristes et que de nouvelles menaces émergent dans un contexte géopolitique en pleine mutation. L’instabilité dans certains pays voisins, les conflits régionaux et la montée des extrémismes de tous bords constituent autant de défis auxquels l’Algérie fait face avec détermination, forte de son expérience douloureuse mais victorieuse contre le terrorisme. L’organisation de ce séminaire reflète également la volonté de l’Algérie de partager son expertise et de contribuer activement aux efforts internationaux de lutte contre le terrorisme, tout en défendant sa vision souveraine sur ces questions. À l’heure où certaines puissances tentent d’instrumentaliser la lutte antiterroriste à des fins géopolitiques, la position algérienne réaffirmée par le Général d’Armée Chanegriha rappelle que l’efficacité de cette lutte repose avant tout sur le respect des principes du droit international, la souveraineté des États et la prise en compte des spécificités nationales et régionales.
Salim Amokrane