Développement du cinéma africain : Afreximbank lance un fonds d’un milliard de dollars
Dans une initiative visant à transformer l’industrie cinématographique africaine, la Banque Africaine d’import-export (Afreximbank) vient de lancer un fonds ambitieux d’un milliard de dollars destiné à promouvoir la production et la distribution du contenu audiovisuel africain de haute qualité. Une initiative qui s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation des industries culturelles et créatives du continent, considérées désormais comme des piliers essentiels du développement économique africain.
« L’Afreximbank, par le biais de sa branche d’investissement dans le domaine du développement, le Fonds de développement des exportations en Afrique (FEDA), s’est engagée à piloter le lancement du Fonds africain pour le film dans le cadre de son programme Creative Africa Nexus (Canex) », indique l’institution financière dans un communiqué. Cette initiative d’envergure, qualifiée de « transformatrice » par ses concepteurs, représente la concrétisation d’un engagement pris par Afreximbank lors du Canex Week-end organisé à Alger en octobre 2024. Selon la banque, ce fonds est conçu pour « révolutionner l’industrie cinématographique et créative de l’Afrique » et « jouera un rôle central dans la promotion de la production et de la distribution mondiale de films et de séries télévisées de haute qualité ». Au-delà de son impact culturel, ce dispositif financier « servira de catalyseur pour attirer et diriger des capitaux patients cruciaux vers l’industrie de la production cinématographique et télévisuelle en Afrique, en mobilisant des ressources qui devraient permettre aux cinéastes et aux conteurs de produire un contenu de classe mondiale qui résonne à l’échelle internationale », souligne l’Afreximbank. En parallèle de cette annonce majeure, l’institution panafricaine a également dévoilé le lancement de la troisième édition de son concours de courts métrages « Canex Shorts », dont la cérémonie de remise des prix se tiendra en septembre prochain à Alger, en marge de la 4e Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025). Cette compétition, qui s’affirme désormais comme un rendez-vous incontournable pour les jeunes talents du 7e art africain, s’inscrit dans le cadre du plus grand événement commercial et d’investissement du continent, confirmant ainsi les synergies croissantes entre culture et économie. S’adressant exclusivement aux cinéastes africains âgés de 18 à 35 ans, ce concours offre une vitrine exceptionnelle aux nouvelles voix du cinéma continental. Selon les modalités définies par Afreximbank, « chaque cinéaste ne peut présenter qu’un seul film dont il doit détenir tous les droits », une mesure visant à garantir l’originalité des œuvres et à responsabiliser les créateurs quant à la propriété intellectuelle de leurs productions. La compétition se structure autour de trois catégories distinctes – « Meilleure fiction », « Meilleur documentaire » et « Meilleure animation » – permettant ainsi d’explorer toute la diversité des formes d’expression cinématographique africaine. Un prix de 2.000 dollars US récompensera un « travail exceptionnel » dans chacune de ces catégories, représentant non seulement une reconnaissance artistique mais aussi un soutien financier significatif pour les jeunes créateurs du continent. Dans un souci d’inclusivité culturelle et linguistique, reflétant la richesse et la diversité africaines, le concours accepte les films « produits en 2023 ou après » et « dans n’importe quelle langue ». Les œuvres soumises, d’une durée maximale de cinq minutes, doivent être proposées via la plateforme numérique Film Freeway de Canex Shorts. Cette contrainte de format, exigeant concision et efficacité narrative, constitue un défi stimulant pour les jeunes réalisateurs qui doivent ainsi démontrer leur capacité à capter l’attention et à transmettre des messages percutants en un temps limité. Parmi toutes les candidatures, un comité de sélection établira une première liste restreinte de 30 films – 10 par catégorie – qui sera ensuite évaluée par un jury composé « d’experts cinématographiques réputés de tout le continent ». Au-delà de la récompense financière, les lauréats de Canex Shorts bénéficieront d’une opportunité unique de visibilité internationale, puisqu’ils auront « l’occasion de participer et de voir leurs films projetés au Canex lors de l’IATF 2025 » à Alger. Cette plateforme d’exposition constitue un tremplin professionnel considérable, d’autant plus que les réalisateurs primés pourront également « entrer en contact avec des investisseurs potentiels et d’autres partenaires » lors de cet événement majeur qui se tiendra dans la capitale algérienne du 4 au 10 septembre 2025. Le choix d’Alger comme ville hôte de cette 4e édition de l’IATF confirme le rôle croissant de l’Algérie dans les dynamiques économiques et culturelles continentales. Pour le pays, qui a récemment intensifié sa politique de diversification économique et d’ouverture vers l’Afrique subsaharienne, ces initiatives représentent une opportunité stratégique de renforcer sa position de carrefour entre le Maghreb et le reste du continent.
Moncef Dahleb