Industrie automobile: Hyundai obtient son agrément
Le constructeur sud-coréen Hyundai franchit une étape décisive dans son implantation industrielle en Algérie.
Le ministère de l’Industrie a annoncé hier que « la marque Hyundai a obtenu l’agrément préliminaire pour la fabrication de véhicules en Algérie », conformément au décret exécutif n° 22-384 qui définit les conditions d’exercice de cette activité. Cette décision, qualifiée « d’étape clé vers le lancement effectif du projet » par le ministère, s’inscrit dans la concrétisation des accords conclus entre l’Algérie et le Sultanat d’Oman lors de la dernière visite officielle du Sultan en Algérie. L’annonce de cet agrément fait suite à une rencontre entre le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrib, et une délégation omanaise représentant la société SARL Hyundai Motors Manufacturing Algeria. Cette réunion s’est déroulée « en application des orientations du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, visant à concrétiser sur le terrain les accords conclus avec Sa Majesté le Sultan du Sultanat d’Oman lors de sa dernière visite en Algérie, notamment dans le secteur de l’industrie », précise le communiqué officiel. Les discussions ont porté sur « les mécanismes de relance du projet d’usine Hyundai pour la fabrication de véhicules en Algérie dans les plus brefs délais, traduisant ainsi la volonté commune de concrétiser le partenariat industriel algéro-omanais sur le terrain ». Ce projet d’investissement, annoncé à hauteur de 400 millions de dollars, témoigne de l’attrait de l’Algérie pour les constructeurs automobiles internationaux.
Une stratégie industrielle ambitieuse
L’obtention de cet agrément s’inscrit dans une politique plus large de développement de l’industrie automobile algérienne. Lors du Conseil des ministres du 18 mai, le président Tebboune a donné des instructions précises concernant les projets liés à la coopération entre l’Algérie et Oman, demandant « d’accorder toute l’attention aux projets d’investissements et à la mise en œuvre des recommandations et décisions émanant des dirigeants des deux pays dans divers secteurs, notamment l’agriculture, l’industrie automobile (Hyundai), le projet de création d’une compagnie de transport maritime algéro-omanaise, outre le lancement d’une ligne maritime reliant Alger et Mascate ».
Parallèlement au projet Hyundai, l’Algérie continue de structurer son écosystème automobile. Le même jour, un accord de partenariat a été signé pour la création d’un groupement économique d’intérêt algéro-italien, spécialisé dans la fabrication de composants plastiques pour véhicules dans la wilaya de Sétif. Cet accord entre l’entreprise Siplast, relevant du groupe public des industries du plastique et du caoutchouc (ENPC), et le groupe italien Sigit, « s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie du ministère de l’Industrie visant à localiser les différentes industries stratégiques en Algérie, et à promouvoir l’intégration locale dans la fabrication de véhicules ». Cette initiative illustre la volonté des autorités de développer un véritable tissu de sous-traitance automobile sur le territoire national.
L’intégration locale au cœur des préoccupations
Pour rappel, Le ministre Sifi Ghrieb a récemment réaffirmé l’engagement de son département dans le développement de l’industrie automobile, déclarant que son département suit « le dossier de l’automobile 24h/24 » et travaille « en silence et de manière précise et scientifique ». Il a promis d’atteindre « un taux d’intégration qui fera le bonheur de tous les Algériens », tout en invitant les citoyens « à faire preuve de patience ». Le ministre a annoncé qu’une réunion déterminante se tiendrait pour fixer le taux d’intégration pour la première fois, réunissant des fabricants de pièces détachées et des représentants du ministère de la Défense nationale. Cette nouvelle démarche, selon lui, « est bien étudiée et va répondre aux attentes du peuple algérien en termes de qualité, de quantité et des prix », ajoutant que les autorités ne veulent « pas rééditer l’expérience du gonflage des pneus ».
L’industrie automobile algérienne connaît un développement remarquable avec l’implantation de plusieurs constructeurs. Fiat a mis en service son unité d’Oran en décembre 2023, tandis que des marques chinoises comme Chery, Jetour, JAC ou encore Geely s’inscrivent également dans cette démarche. Un protocole d’accord principal a été conclu entre le ministère de l’Industrie et treize constructeurs automobiles, tant étrangers que locaux, avec pour objectif l’intégration progressive de composants produits localement et l’accompagnement des fabricants nationaux. Pour structurer cette filière en plein développement, le ministère a récemment mis en place deux commissions dédiées à la structuration de la filière des pièces détachées. La première commission d’orientation définit la stratégie globale et assure la coordination entre les acteurs économiques, tandis que la seconde, axée sur les études et l’ingénierie, se charge des aspects techniques, notamment la définition des normes et standards de qualité. Cette approche méthodique vise à créer un écosystème automobile durable et compétitif en Algérie.
Samir Benisid