Des projets d’infrastructures pour 50 milliards de dollars lancés: L’Algérie émergente en chantier
La réalisation d’une cinquantaine de chantiers d’infrastructures pour près de 50 milliards de dollars est lancée, reflétant les ambitions d’émergence de notre pays.
L’Algérie déploie actuellement une stratégie de réalisation d’infrastructures d’envergure sans précédent, témoignant de sa volonté affirmée de rejoindre le club des pays émergents.
Cette ambition nationale se concrétise à travers une cinquantaine de méga-projets totalisant plus de 6.400 milliards de dinars (soit l’équivalent de près de 50 milliards de dollars), placés sous la surveillance rigoureuse de la Caisse nationale d’équipement pour le développement (Cned), véritable tour de contrôle de cette transformation infrastructurelle majeure. Mohamed Salim Telidji, directeur général de la Cned, révèle l’ampleur de cette mutation économique et territoriale en cours. « La Cned assure actuellement le suivi d’une cinquantaine de projets d’équipement, représentant une autorisation d’engagement globale de plus de 6.400 milliards de dinars », déclare-t-il, soulignant que ces investissements colossaux constituent l’épine dorsale du projet de développement national porté par le président de la République Abdelmadjid Tebboune.
Cette cartographie des grands chantiers révèle une approche systémique du développement. « Plus de 78% de ces projets relèvent du secteur des travaux publics et des infrastructures de base avec 33 projets, tandis que les autres concernent les secteurs de l’hydraulique avec 11 projets et de l’habitat, de l’urbanisme et de la ville avec 6 projets », précise le responsable. Cette répartition illustre une vision intégrée du développement territorial, privilégiant les infrastructures de connectivité et les équipements essentiels à l’émergence économique.
Les artères de la nouvelle Algérie
Les liaisons autoroutières, lignes ferroviaires, projets de tramway et de métro constituent les artères de cette nouvelle Algérie en construction, créant les conditions d’une mobilité moderne et d’une intégration territoriale renforcée. Parallèlement, la construction de barrages et de stations de dessalement répond aux défis hydriques dans un contexte de changement climatique, tandis que les projets de villes nouvelles et d’équipements publics dessinent les contours d’un habitat urbain modernisé.
Cette démarche s’appuie sur une philosophie gestionnaire rigoureuse développée par la Cned depuis sa création en 2006. Relevant du ministère des Finances, cette institution adopte « une approche fondée sur l’efficience de la dépense publique, en examinant les études des projets d’infrastructures financés par le budget de l’État », explique Mohamed Salim Telidji. Cette vigilance budgétaire vise à « prévenir les risques de surcoûts et les dépassements de délais », fléaux récurrents des grands projets d’infrastructures dans de nombreux pays en développement. « L’objectif est de disposer d’une vision globale sur l’état d’avancement des projets en termes de coûts, de délais et de qualité. Cela permet d’identifier les difficultés rencontrées par les maîtres d’ouvrage et de leur proposer des recommandations et des actions concrètes pour anticiper les facteurs de risque », détaille le directeur général. Cette approche préventive témoigne d’une maturation institutionnelle significative, rompant avec les pratiques antérieures de gestion de projets. L’expérience accumulée depuis près de deux décennies commence à porter ses fruits. En 2024, la Cned a passé en revue plus de 30 dossiers d’études portant sur une vingtaine de projets d’infrastructures, et depuis sa création, l’organisme a examiné les études de quelque 180 grands projets d’équipement public. Cette expertise institutionnelle constitue désormais un atout stratégique pour l’Algérie dans sa quête d’émergence économique. Le responsable observe « une prise de conscience accrue des promoteurs sur l’importance d’investir dans des études de faisabilité, d’impact environnemental et social, ainsi que dans des études techniques approfondies avant de lancer des projets de grande envergure ». Cette évolution méthodologique s’accompagne d’un « progrès progressif en matière d’ingénierie, de conseil et d’expertise nécessaires à la réalisation de ces études », révélant une montée en compétences du tissu économique national.
L’innovation technologique accompagne cette transformation à travers le lancement imminent d’une plateforme numérique dédiée à la gestion et au suivi des projets. Cette digitalisation permettra aux partenaires institutionnels de transmettre à la Cned les dossiers d’études et les données des grands projets, tout en accédant en temps réel aux rapports d’analyse et aux indicateurs de performance.
Parallèlement, l’Algérie explore de nouveaux modes de financement pour accélérer son développement infrastructurel. Le Partenariat public-privé (PPP) constitue « un axe majeur des réformes structurelles visant la diversification de l’économie nationale », affirme Mohamed Salim Telidji. L’élaboration d’un avant-projet de loi sur le PPP, actuellement en phase d’enrichissement conformément aux orientations présidentielles, témoigne de cette volonté d’attirer les investissements privés. L’Algérie peut s’appuyer sur une expérience déjà probante en matière de PPP, notamment pour les stations de dessalement d’eau de mer, les centrales électriques, et plusieurs contrats de gestion de la distribution d’eau dans les wilayas d’Alger, Tipaza, Constantine, Oran et Annaba. « L’expérience accumulée dans ce domaine constitue un capital précieux », souligne le directeur général de la Cned. Cette stratégie infrastructurelle d’envergure, conjuguée à une gestion rigoureuse des projets et à l’ouverture vers de nouveaux modes de financement, dessine les contours d’une Algérie en pleine mutation. Les 6.400 milliards de dinars investis dans ces méga-projets constituent bien plus qu’un simple effort d’équipement : ils matérialisent l’ambition nationale de transformation structurelle et d’émergence économique portée par les plus hautes autorités du pays.
Amar Malki