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Trafic de migrants : L’Algérie appelle à l’adoption d’une approche globale

Le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a souligné vendredi à Palerme à l’occasion de la célébration du 20e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, la nécessité de développer et de mettre en œuvre des stratégies globales pour s’attaquer aux causes profondes du trafic de migrants et de la traite des êtres humains.

La Méditerranée est devenue un véritable pour les milliers de migrants qui tentent la traversée de la mort pour rejoindre les côtes européennes. Selon le Haut-commissariat aux réfugiés de l’ONU, plus de 2.500 migrants sont morts ou portés disparus après avoir tenté de traverser la Méditerranée vers l’Europe depuis le début de l’année soit une hausse de deux tiers par rapport à 2022. Un phénomène qui prend de l’ampleur en raison de la multiplication des conflits, de l’aggravation de l’instabilité et la précarité économique, notamment en Afrique. Une détresse que les réseaux de la criminalité transnationale exploitent pour alimenter les activités de traite des êtres humains et de trafic des migrants. Une question qui a d’ailleurs été évoquée par le ministre de la Justice et Garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, vendredi à Palerme l’occasion de la célébration du 20e anniversaire de l’entrée en vigueur de la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée. Le ministre a dans ce contexte plaidé pour la mise en œuvre des stratégies globales pour s’attaquer aux causes profondes du trafic de migrants.  « L’Algérie est convaincue de la nécessité de développer et de mettre en œuvre des stratégies globales pour s’attaquer aux causes profondes du trafic de migrants, dont le développement socioéconomique, la réduction de la pauvreté et la création d’emplois pour les jeunes, ainsi que la coopération avec les Etats membres pour renforcer les voies légales d’émigration », a indiqué le ministre ajoutant que « l’utilisation par les groupes criminels organisés des technologies modernes, nécessite la prise de mesures légales nécessaires, notamment l’autorisation par la justice de l’utilisation de techniques d’enquête spéciales telles l’infiltration électronique et la localisation géographique de la victime ou du suspect ». Dans cette perspective, « les autorités algériennes confirment leur entière coopération avec les représentations diplomatiques des citoyens étrangers concernant les questions de traite des êtres humains et de trafic de migrants », a affirmé le ministre

Il a également indiqué que la ratification par l’Algérie de la « Convention de Palerme » découle de « sa conviction qu’elle est le meilleur mécanisme international à même de fournir les bases juridiques de lutte contre la criminalité transnationale organisée et les outils qui facilitent la coopération internationale en vue de traiter ses aspects dangereux et effets destructeurs dans les sociétés ». Le ministre de la Justice, Garde des sceaux, a également indiqué que le crime de traite des êtres humains, devenue « une des formes de criminalité transnationale qui menacent la stabilité des pays, au regard à son impact négatif sur la société et sur la vie, la liberté et la sécurité des personnes », notamment les « femmes et les enfants vulnérables », ajoutant que la constitution algérienne accordait un « intérêt particulier » à ces crimes tous en les criminalisant. Il a indiqué que le Code pénal a introduit ce crime en 2009, avant la création en 2016 d’une commission nationale de prévention contre la traite des êtres humains, chargée d’élaborer un plan d’action national en matière de prévention et de lutte contre ce fléau et d’en protéger les victimes. « La gravité de ce crime aux dimensions internationales, a poussé le législateur algérien à promulguer le 7 mai 2023 une loi spécifique ayant regroupé toutes les formes de criminalité dans un seul texte », a-t-il ajouté Le même texte prévoit également des peines durcies contre les auteurs du crime de traite des âtres humains et qualifie la personne exploitée dans ce cadre de « victime ». De même, ledit code consacre le devoir de l’Etat de les accompagner à travers l’assistance, et la prise en charge sanitaire, psychologique, social et juridique à même de faciliter leur intégration dans la société ainsi que le recours à la justice et l’accès à l’assistance juridique et le retour des étrangers à leurs pays d’origine. Il s’agit également de la prise en charge de toutes les dispositions nécessaires à la protection des témoignes et des lanceurs d’alerte. « Cette loi encourage la participation de la société civile aux niveaux national et local dans la prévention de la traite des êtres humains et son implication dans l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention, la sensibilisation à la gravité du phénomène et la préparation des programmes de sensibilisation nécessaires », a-t-il indiqué. Concernant le trafic de migrants, devenu ces dernières décennies « une des activités courantes des réseaux criminels organisés », l’Algérie « a adapté sa législation nationale aux mécanismes internationaux en criminalisant le trafic de migrants dans le Code pénal de 2009. L’Etat déploie de grands efforts pour lutter contre ce crime en mettant en place des mécanismes de coopération en matière de sécurisation des frontières et rappelle l’importance de la coopération internationale en matière de sécurité et de justice », a rappelé le ministre de la Justice.

Le ministre a également souligné le souci de l’Algérie, dans le cadre de la lutte contre le crime organisé, de donner une importance majeure à la formation et au renforcement des dispositifs chargés de l’application de la loi dans le cadre du respect des principes des droits de l’homme. M. Tabi a rappelé que l’Algérie avait œuvré à « l’amélioration de des capacités nationales et au renforcement des organes chargés de l’application de la loi dans le cadre de la lutte contre le crime organisé en adaptant le système juridique de manière à répondre aux exigences nationales et honorer les engagements internationaux ». Sur le plan institutionnel, le ministre de la Justice a mis en avant les réalisations de l’Algérie en la matière, rappelant la création en 2020 d’un département national pour la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational au niveau du tribunal d’Alger, outre un service central de police pour la lutte contre le crime organisé en 2021, l’objectif étant « le renforcement des dispositifs sécuritaires et la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes ». Notons qu’en marge de sa visite, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Abderrachid Tabi, a procédé avec son homologue italien, Carlo Nordio, ont procédé, vendredi à Palerme (Italie), à la signature et l’échange de messages concernant l’accord d’extradition de criminels entre les deux pays, a indiqué vendredi un communiqué du ministère.

Chokri Hafed

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