Crise libyenne: Bendjama appelle à une solution politique urgente
La situation en Libye préoccupe de nouveau la communauté internationale. Treize ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le pays sombre dans une nouvelle spirale de violence qui alarme les observateurs régionaux et internationaux. S’exprimant mardi à New York au nom du groupe A3+ (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana), le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a tiré la sonnette d’alarme sur l’évolution inquiétante de la crise libyenne. « Nous nous réunissons aujourd’hui dans un contexte marqué par des développements inquiétants à Tripoli, suite à la reprise des affrontements armés », a-t-il déclaré, soulignant que « ces affrontements ont engendré des risques et souligné la nécessité urgente de parvenir à une solution pacifique par le dialogue ».
La capitale libyenne Tripoli, théâtre de nouveaux combats, cristallise les tensions qui minent le pays depuis plus d’une décennie. Le diplomate algérien a rappelé que son groupe « avait averti, il y a deux mois, de la fragilité de la situation en Libye, qui ne cesse de se détériorer », insistant sur le fait que « la Libye a connu des années de paralysie politique, un problème qui demeure non résolu dans le pays ». Cette paralysie institutionnelle, qui empêche l’organisation d’élections nationales depuis 2014, maintient le pays dans un état de transition permanente propice aux tensions. Malgré ce tableau sombre, Bendjama a salué certaines initiatives locales de désescalade. « Nous saluons les mesures prises par le Conseil présidentiel libyen pour désamorcer l’escalade et apaiser les tensions et nous saluons également la mise en place d’un comité de trêve et l’imposition d’une interdiction des mouvements armés à Tripoli », a-t-il souligné.
Le groupe A3+ préconise une approche globale pour résoudre la crise. « Nous insistons sur le besoin urgent d’un dialogue entre Libyens, de la restauration de l’autorité de l’Etat et de mettre fin à toutes les actions armées menées en dehors du cadre légal », a martelé le représentant algérien. Cette vision privilégie un « processus politique crédible mené par et pour les Libyens et appuyé par l’ONU » devant aboutir à « la tenue d’élections nationales libres et honnêtes » et à « l’unification des institutions libyennes ».
La dimension régionale de la crise libyenne n’échappe pas aux A3+, qui dénoncent la présence étrangère sur le territoire libyen. Bendjama a appelé au retrait « inconditionnel et immédiat de toutes les forces étrangères, de tous les combattants étrangers et de tous les mercenaires présents sur le territoire libyen », rappelant que « l’unité de la Libye, sa souveraineté, et son intégrité territoriale doivent être respectées ». Cette intervention étrangère, qui implique plusieurs puissances régionales et internationales soutenant différentes factions, complique considérablement les efforts de réconciliation.
L’Algérie, qui partage 1000 kilomètres de frontière avec la Libye, insiste sur le rôle des pays voisins dans la stabilisation. Le diplomate a souligné « le rôle crucial susceptible d’être joué par les voisins de la Libye, en vue du renforcement de la stabilité de ce pays et de la promotion de la réconciliation entre les Libyens », une démarche à mener « en étroite collaboration avec l’ONU et l’Union africaine ».
Au-delà des aspects sécuritaires, les A3+ s’inquiètent de l’effondrement économique libyen. Ils se disent « profondément préoccupés par l’aggravation de la crise économique en Libye » et dénoncent « l’érosion continue des avoirs gelés » du pays, due à une « mauvaise gestion » et à « un cadre de sanctions obsolète des Nations unies ». Le groupe plaide pour des réformes permettant au Fonds souverain libyen de réinvestir ses réserves gelées et note que « la Libye envisage d’ouvrir 22 zones à l’exploration pétrolière pour la première fois depuis deux décennies », insistant pour que ce processus « soit conduit de manière transparente afin de bénéficier au peuple libyen et uniquement au peuple libyen ».
« Sans une solution politique, la situation en Libye deviendrait encore plus fragile et ce pays plongerait davantage dans l’incertitude », a mis en garde Bendjama, exhortant le Conseil de sécurité « à assumer ses responsabilités historiques en soutenant la Libye et en aidant son peuple à donner forme à l’avenir radieux qu’il mérite ».
Salim Amokrane