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Malgré les incertitudes mondiales : Les perspectives économiques de l’Algérie restent positives

L’Algérie garde le cap. Malgré la tempête des incertitudes géopolitiques mondiales et la volatilité des prix des hydrocarbures, l’économie nationale affiche une résilience surprenante selon les experts du Fonds monétaire international.  

La mission du FMI dirigée par Charalambos Tsangarides, qui s’est achevée lundi à Alger après deux semaines d’évaluations intensives, livre un diagnostic nuancé mais globalement optimiste sur les capacités du pays à surmonter les turbulences actuelles, tout en pointant les réformes cruciales à entreprendre pour consolider cette trajectoire.

Le chef de la mission du FMI a souligné que « les perspectives à court terme de l’économie algérienne restent globalement positives malgré l’incertitude mondiale », tout en précisant que « les vulnérabilités budgétaires sont élevées ».

L’activité économique a marqué un léger ralentissement en 2024, la croissance s’établissant à 3,6% contre 4,1% en 2023. Charalambos Tsangarides a expliqué que « les réductions de production de l’OPEC+ ont pesé sur le secteur des hydrocarbures, tandis que l’activité hors hydrocarbures est restée forte, s’étendant de 4,2% ». Cette performance du secteur non pétrolier constitue un signal encourageant pour la diversification économique que prône le gouvernement. Selon le rapport de mission du FMI, la balance des comptes courants s’est dégradée en 2024, basculant vers un déficit en raison de la baisse de la production d’hydrocarbures et des prix du gaz. Toutefois, les réserves internationales demeurent robustes à 67,8 milliards de dollars, couvrant environ 14 mois d’importations, ce qui offre à l’Algérie une marge de manœuvre appréciable face aux chocs externes.

Chute spectaculaire de l’inflation

Sur le front de l’inflation, l’Algérie a enregistré une performance remarquable avec une chute spectaculaire de 9,3% en moyenne en 2023 à 4% en 2024. Cette amélioration s’explique principalement par la baisse des prix alimentaires, l’inflation sous-jacente ayant également reculé. La politique monétaire est restée accommodante au premier semestre 2025, reflétant la volonté des autorités de soutenir la reprise économique.

Le déficit budgétaire constitue néanmoins le talon d’Achille. Il s’est considérablement creusé en 2024, atteignant 13,9% du PIB en raison de la baisse des recettes d’hydrocarbures et de l’augmentation des dépenses salariales et d’investissement. Ce déficit devrait rester élevé en 2025.

Pour l’avenir proche, Charalambos Tsangarides mise sur « une reprise graduelle de la production d’hydrocarbures à mesure que les réductions de production de l’OPEC+ s’assouplissent, ce qui devrait soutenir la croissance en 2025, tandis que l’inflation reste modérée ». Cependant, les pressions budgétaires croissantes et l’incertitude mondiale persistante, notamment la volatilité des prix des hydrocarbures, risquent de ternir les exportations et l’investissement, contribuant à un déficit plus large des comptes courants en 2025. « Pour sauvegarder la stabilité macro-financière et atténuer les risques à court terme dans un environnement mondial volatil, la mission recommande un rééquilibrage fiscal graduel mais opportun », a précisé M. Tsangarides.  Le document de mission préconise également une plus grande flexibilité du taux de change pour renforcer la capacité de l’économie à absorber les chocs externes, notamment ceux liés à la volatilité des prix des hydrocarbures. La politique monétaire devrait continuer à être guidée par les conditions économiques et fermement axée sur l’objectif d’inflation, tout en maintenant une surveillance étroite des développements du secteur financier.

Des réformes prioritaires

Les priorités de réforme à moyen terme incluent l’amélioration de la durabilité fiscale, le renforcement des cadres monétaires et financiers, et l’avancement des réformes structurelles pour stimuler l’investissement privé, la croissance inclusive et la création d’emplois. La stratégie d’ajustement fiscal serait renforcée par des réformes visant à accroître les revenus non pétroliers et à rationaliser les dépenses, notamment par la révision de la stratégie de mobilisation des revenus pour élargir l’assiette fiscale et améliorer la conformité via la digitalisation.

M. Tsangarides a salué les efforts des autorités algériennes pour diversifier l’économie et améliorer le climat des affaires afin de stimuler l’investissement privé. « Les initiatives clés incluent un guichet unique numérique pour l’accès à l’immobilier, l’alignement des exportations sur les normes internationales et l’avancement du commerce en ligne », a-t-il souligné. La mission encourage la poursuite de ces réformes tout en mettant en garde contre l’application large d’incitations fiscales qui pourraient créer des lacunes dans les revenus.

Le rapport met l’accent sur la nécessité de supprimer les restrictions administratives, d’accroître la flexibilité des marchés des produits et du travail, et d’assurer des conditions équitables entre les secteurs public et privé. La mission salue également les récentes réformes de gouvernance et les efforts continus pour renforcer le cadre de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, ainsi que pour améliorer la transparence et la responsabilité dans le secteur public.

Sabrina Aziouez

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