Économie

Coopération algéro-mauritanienne: Sonatrach déploie sa diplomatie énergétique

L’Algérie renforce son positionnement géostratégique en Afrique de l’Ouest à travers une ambitieuse offensive diplomatique énergétique menée par Sonatrach, le géant pétrolier national. La récente mission de Rachid Hachichi, Président-directeur général du groupe public national, à Nouakchott illustre parfaitement cette stratégie d’expansion régionale qui pourrait redessiner la carte énergétique ouest-africaine. Cette démarche s’inscrit dans un contexte géopolitique particulièrement favorable où l’Algérie, forte de ses réserves d’hydrocarbures parmi les plus importantes au monde, cherche à diversifier ses partenariats au-delà des marchés traditionnels européens et à consolider son influence continentale.

La rencontre entre le dirigeant de Sonatrach et le Premier ministre mauritanien Mokhtar Ould Diay, qui s’est déroulée « en présence de l’ambassadeur d’Algérie en Mauritanie, Amine Sid », témoigne du niveau diplomatique élevé accordé à cette coopération énergétique bilatérale.

Rachid Hachichi a saisi cette opportunité pour réaffirmer que cette rencontre constituait « l’occasion de réaffirmer la volonté commune de hisser les relations économiques entre l’Algérie et la Mauritanie à des niveaux supérieurs, à travers des projets énergétiques stratégiques, mutuellement bénéfiques à même de contribuer au développement durable dans la région ». L’agenda de cette mission diplomatique révèle la profondeur des projets envisagés. La discussion autour de « la concrétisation du mémorandum d’entente signé en janvier 2025 » démontre que cette coopération dépasse le stade des intentions pour entrer dans une phase opérationnelle concrète. Les « perspectives de coopération dans le domaine de la production d’engrais, un secteur dans lequel Sonatrach dispose d’une grande expertise afin de soutenir les capacités mauritaniennes », ouvrent des horizons particulièrement prometteurs dans un contexte où la sécurité alimentaire africaine constitue un enjeu géostratégique majeur. La production d’engrais représente un secteur où l’expertise algérienne, développée notamment à travers le complexe d’Arzew et d’autres installations pétrochimiques nationales, peut être valorisée pour répondre aux besoins croissants de l’agriculture mauritanienne et ouest-africaine.

Les entretiens bilatéraux préalables entre Hachichi et le ministre mauritanien de l’Énergie et du Pétrole, Mohamed Ould Khaled, « consacrés à l’examen des voies de renforcement de la coopération énergétique entre les deux pays, notamment dans les domaines de l’exploration et de la production, en sus de la distribution des produits pétroliers et de la formation », révèlent l’ampleur du partenariat envisagé. La dimension formation revêt une importance stratégique particulière dans cette coopération. Le dirigeant de Sonatrach a d’ailleurs « salué le niveau de coopération établie, notamment en ce qui concerne la formation des compétences mauritaniennes au sein des installations de Sonatrach », soulignant l’importance du transfert de technologie et de savoir-faire. Cette approche répond à une demande croissante des pays africains producteurs d’hydrocarbures qui souhaitent développer leurs capacités nationales plutôt que de dépendre exclusivement de l’expertise étrangère. La « réunion fructueuse tenue la veille avec les responsables de la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) » témoigne de la structuration progressive de cette coopération à travers les entités nationales spécialisées.

L’engagement de Rachid Hachichi, qui a « renouvelé la disponibilité du groupe public à étudier les différentes opportunités d’investissement offertes sur le marché mauritanien, soulignant son engagement à élargir les domaines de partenariat et à approfondir la coopération dans les secteurs d’intérêt commun », illustre la volonté algérienne de dépasser les relations commerciales traditionnelles pour développer des partenariats d’investissement durables. La réaction positive du ministre mauritanien, qui « a salué la qualité des relations entre les deux pays, se félicitant du niveau avancé de coopération en matière de formation » et qui a « souligné l’importance d’ouvrir divers champs de coopération couvrant l’exploration, la commercialisation des produits pétroliers, ainsi que la coopération technique », confirme l’intérêt mutuel pour cette alliance stratégique. Son souhait de « voir se poursuivre les visites réciproques et l’élargissement des domaines de coopération » augure d’un partenariat à long terme qui pourrait servir de modèle pour d’autres coopérations sud-sud dans le secteur énergétique.

Cette visite s’inscrit parfaitement dans la stratégie de Sonatrach qui reflète « la volonté de renforcer la coopération avec ses partenaires en Mauritanie et de consolider son rôle d’acteur énergétique de premier plan, engagé en faveur du développement commun et de l’investissement durable ». Cette vision s’aligne sur les orientations géopolitiques algériennes qui privilégient l’ancrage africain et la coopération sud-sud comme alternatives aux partenariats traditionnels avec les puissances occidentales.

Samira Ghrib

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