Automobile : Vers une intégration industrielle locale renforcée
Le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrib, a reçu mardi une délégation du groupe Stellantis. Une rencontre qui intervient au lendemain d’un Conseil des ministres lors duquel le président de la République a établi une nouvelle feuille de route pour l’industrie automobile et à travers laquelle Abdelmadjid Tebboune reprend la main sur ce dossier.
L’Algérie poursuit sa montée en puissance dans le secteur automobile avec détermination. Mardi, le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, a accueilli une délégation de haut niveau du groupe Stellantis, conduite par Samir Cherfan, directeur des opérations pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, accompagné de Raoui Beji, président-directeur général de Stellantis Algérie, ainsi qu’un représentant du partenaire algérien. Cette rencontre s’inscrit dans l’application directe des instructions du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, réitérées lors du dernier Conseil des ministres, concernant la nécessité d’établir une véritable industrie automobile mécanique nationale. L’objectif est clair : accélérer la cadence des projets de construction automobile et renforcer l’intégration locale en associant les entreprises algériennes de sous-traitance qualifiées à cette dynamique.
Selon le communiqué du ministère de l’Industrie, le ministre Ghrieb a insisté sur « la nécessité d’accélérer l’augmentation du taux d’intégration locale, tout en encourageant le tissu industriel national, notamment dans le domaine de la sous-traitance et le développement de son réseau ». Cette approche s’aligne parfaitement avec les orientations présidentielles visant à faire de cette industrie « un contributeur effectif à la croissance économique nationale et un moyen efficace pour répondre aux exigences du marché national dans ce secteur vital ».
L’engagement de Stellantis s’avère tout aussi déterminé. Samir Cherfan a exprimé sa reconnaissance envers le ministre de l’Industrie, soulignant « son grand respect pour la confiance du président de la République et son soutien continu au développement de l’industrie automobile en Algérie ». Le responsable de Stellantis a confirmé que « le groupe mobilise toutes ses capacités humaines et matérielles pour augmenter les capacités de production et œuvrer à l’accroissement du taux d’intégration locale, à travers l’encouragement, l’accompagnement et le soutien du tissu de sous-traitance local, dans le cadre d’une vision globale visant à établir un écosystème industriel efficace et durable en Algérie ».
Un cadre institutionnel renforcé
Cette dynamique s’appuie sur un cadre institutionnel solide mis en place par le Président Tebboune. Lors du Conseil des ministres tenu lundi, le Chef de l’État a d’abord « salué les concessionnaires sincères qui œuvrent à asseoir une véritable industrie automobile, rompant ainsi avec l’histoire sombre de certains fraudeurs qui opéraient dans ce secteur avant 2019 ». Cette déclaration fait référence aux pratiques douteuses qui avaient entaché le secteur, notamment les importations déguisées en montage local et les détournements de devises. Pour éviter la répétition de ces dérives, le Président Tebboune a établi un cadre strict en affirmant que « les agréments relatifs à la construction et à l’importation de véhicules relevaient de la compétence exclusive du Conseil des ministres ». Cette centralisation et reprise en main par le président de la République du dossier de la construction automobile vise à garantir une supervision rigoureuse et un contrôle effectif des acteurs du secteur.
L’ambition dépasse largement le simple assemblage de véhicules. Le président Tebboune a précisé que « l’objectif stratégique consiste à asseoir les bases d’une véritable industrie mécanique émergente à travers les projets de construction automobile en cours de réalisation, afin d’atteindre une contribution au produit intérieur brut (PIB) d’au moins 12% ».
Cette vision s’appuie sur une dynamique déjà enclenchée. L’industrie automobile algérienne connaît un développement remarquable avec l’implantation de plusieurs constructeurs internationaux. Fiat a mis en service son unité d’Oran en décembre 2023, tandis que des marques chinoises comme Chery, Jetour, JAC, Geely, et le coréen Hyundai s’inscrivent également dans cette démarche. Un protocole d’accord principal a été conclu entre le ministère de l’Industrie et treize constructeurs automobiles pour l’intégration progressive de composants produits localement. Pour organiser cette filière en plein essor, le ministère a récemment créé deux commissions dédiées à la structuration de la filière des pièces détachées. La première commission d’orientation définit la stratégie globale et assure la coordination entre les acteurs économiques, tandis que la seconde, axée sur les études et l’ingénierie, se charge des aspects techniques et de la définition des normes de qualité.
Le ministre Ghrieb a de son côté réaffirmé « l’engagement de son ministère à accélérer la mise en œuvre des instructions présidentielles, renforcer le taux d’intégration locale, et soutenir les partenariats efficaces avec les sous-traitants nationaux, pour garantir le succès des projets de construction automobile en Algérie et atteindre les objectifs économiques escomptés ». Il a souligné « l’importance de la coopération continue entre toutes les parties pour créer une industrie automobile véritable et durable ».
Cette approche méthodique vise à créer un écosystème automobile compétitif et durable, positionnant l’Algérie comme un acteur majeur de l’industrie automobile en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
Samir Benisid