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Ghaza : Une nouvelle mission humanitaire pour briser le blocus

Un nouveau navire humanitaire, le « Handala », a appareillé dimanche depuis la Sicile en direction de Ghaza, dans une tentative renouvelée de briser le blocus imposé à l’enclave palestinienne. Cette initiative intervient alors que la situation humanitaire continue de se dégrader tragiquement dans le territoire assiégé, où les bombardements quotidiens font de nombreuses victimes civiles et où la malnutrition touche désormais mortellement les enfants.

Le Handala, un ancien chalutier de 18 mètres, transportera dix-huit passagers venus du monde entier, dont l’avocate palestino-américaine Huwaida Arraf, l’ouvrier américain Chris Smalls connu pour avoir créé le premier syndicat chez Amazon, le cinéaste Jacob Berger et le militant Bob Suberi. Trois journalistes accompagneront également cette expédition organisée par la Coalition de la flottille de la liberté, la même organisation qui avait déjà organisé la mission du « Madleen » il y a un mois et demi.

Claude Léostic, coordinatrice de cette ONG internationale en France, explique que le navire ne se dirigera pas directement vers Ghaza mais fera d’abord escale à Gallipoli, dans le sud de l’Italie, pour embarquer l’ensemble de l’équipage et le matériel humanitaire. Le véritable départ aura lieu le 18 juillet depuis ce port des Pouilles, pour une traversée d’environ une semaine le long des côtes grecques puis turques, soit près de 1790 kilomètres. Le Handala transporte des vivres, des conserves et des médicaments, sa cale offrant davantage d’espace de stockage que le précédent navire. Cette mission intervient dans un contexte particulièrement dramatique pour la population Ghazaouie. Dimanche, les bombardements israéliens ont fait au moins 50 morts selon les sources médicales palestiniennes, portant le bilan total depuis le 7 octobre 2023 à 58026 martyrs et 138520 blessés d’après les autorités sanitaires locales. Parmi les victimes des dernières 24 heures figurent 139 corps arrivés dans les hôpitaux et 425 blessés, témoignant de l’intensité continue des attaques.

Les attaques de dimanche ont particulièrement visé les civils dans leurs activités quotidiennes. Dix Palestiniens, dont six enfants, ont été tués lors d’un bombardement d’un point de distribution d’eau au nord-ouest du camp de Nuseirat. Cette attaque illustre la stratégie de ciblage des infrastructures vitales, privant la population des ressources essentielles à la survie. Dans le même camp, neuf membres d’une même famille ont péri lors d’une frappe aérienne contre leur domicile, tandis qu’une station-service a été bombardée, causant la mort de huit personnes dont six enfants.

Les forces d’occupation ont également visé un marché populaire dans la ville de Ghaza, tuant douze personnes dont le Dr Ahmed Qandil, consultant en chirurgie générale à l’hôpital Al-Ahly Al-Arabi. Ces attaques contre les marchés et les lieux de rassemblement civil s’inscrivent dans une stratégie systématique qui a déjà causé 833 morts et 5432 blessés parmi les Palestiniens qui attendaient l’aide humanitaire depuis le début de l’agression.

La crise humanitaire atteint des niveaux dramatiques, particulièrement pour les enfants. Selon les sources médicales palestiniennes, 67 enfants sont déjà morts de malnutrition, tandis que plus de 650000 autres âgés de moins de cinq ans sont en danger immédiat de malnutrition aiguë sur les 1,1 million d’enfants de l’enclave. Cette situation s’inscrit dans un contexte de blocus total qui dure depuis 133 jours consécutifs, les forces d’occupation ayant fermé tous les passages et empêché l’entrée de nourriture, de médicaments et de carburant.

Les Nations unies ont tiré la sonnette d’alarme concernant la pénurie de carburant qui a atteint un « niveau critique ». Sept agences onusiennes ont averti dans une déclaration commune que cette pénurie menace d’accroître considérablement les souffrances d’une population déjà au bord de la famine. Le carburant est indispensable pour alimenter les hôpitaux, les systèmes d’approvisionnement en eau, les réseaux d’assainissement, les ambulances et toutes les opérations humanitaires, y compris les boulangeries.

L’Organisation mondiale de la santé, le Programme alimentaire mondial et le Bureau de coordination des affaires humanitaires ont prévenu que sans carburant, les agences humanitaires seraient contraintes de cesser totalement leurs opérations. Cette perspective signifierait la fin des services de santé, de l’approvisionnement en eau potable et de toute capacité d’acheminement de l’aide, exposant les familles à des épidémies mortelles.

Bien que l’ONU ait réussi à faire entrer du carburant à Ghaza pour la première fois en 130 jours, les 75000 litres acheminés ne représentent qu’une infime fraction des besoins quotidiens pour maintenir la vie et les opérations humanitaires vitales. Cette situation illustre l’ampleur de la catastrophe humanitaire dans un territoire où 96% de la population souffre de niveaux élevés d’insécurité alimentaire et où environ 1,25 million de Palestiniens vivent dans des conditions catastrophiques.

Face à cette tragédie, les initiatives comme celle du Handala représentent des tentatives désespérées de briser le blocus criminel sioniste contre Ghaza et d’attirer l’attention internationale sur une situation génocidaire.

Lyes Saïdi

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