Économie

Léger déficit commercial au premier trimestre 2025

Après avoir maintenu un excédent de 114,3 milliards de dinars au premier trimestre 2024, l’Algérie enregistre un léger déficit commercial de 269,3 milliards de dinars (soit l’équivalent d’environ 2 milliards de dollars) sur les trois premiers mois de 2025, selon les dernières statistiques de l’Office national des statistiques.  

Cette inversion de tendance résulte d’une dynamique contrastée où les importations bondissent de 19,4% pour atteindre 1.787,2 milliards de dinars tandis que les exportations reculent de 5,8% à 1.517,9 milliards de dinars par rapport à la même période de l’année précédente. Des évolutions reflètent entre autres, la volatilité des prix sur les marchés internationaux. Le taux de couverture se dégrade mécaniquement, passant de 107,6% au premier trimestre 2024 à 84,9% en 2025. Cette évolution s’inscrit dans la continuité d’une transformation déjà amorcée en 2024, année qui avait vu le solde commercial chuter drastiquement de 1.674,5 milliards de dinars en 2023 à seulement 189,9 milliards de dinars, soit une contraction de 88,7%. L’analyse des prix révèle un environnement déflationniste généralisé au premier trimestre 2025 avec une baisse de 1,8% des prix à l’exportation et de 4,6% des prix à l’importation par rapport au premier trimestre 2024. Cette tendance prolonge celle observée en 2024 où les prix à l’exportation avaient déjà reculé de 8,2% et ceux à l’importation de 2,6% comparativement à 2023. Paradoxalement, les volumes racontent une histoire différente puisque les importations explosent de 25,2% au premier trimestre 2025 tandis que les exportations ne diminuent que de 4,0%, contrastant avec l’année 2024 qui avait vu les importations progresser de 12,7% et les exportations reculer de 3,7%. La structure des échanges révèle des mouvements sectoriels significatifs à l’importation au premier trimestre 2025. Les boissons et tabacs enregistrent la plus forte progression avec 54,1%, suivis des combustibles minéraux, lubrifiants et produits connexes qui bondissent de 47,4%. Les huiles et graisses progressent de 18% tandis que les articles manufacturés divers gagnent 15,9% et les produits alimentaires et animaux vivants affichent une hausse modérée de 1,9%. À l’inverse, les machines et matériels de transport s’effondrent de 19,8%, représentant le principal facteur de modération de la croissance globale des importations. Les articles manufacturés divers reculent également de 17,2% et les matières brutes non comestibles diminuent de 1,2%. Du côté des exportations, la dynamique reste dominée par les hydrocarbures dont les prix baissent de 2,5% au premier trimestre 2025, contribuant au repli général de 1,8% des prix à l’exportation malgré une progression notable de 5,8% des prix des produits hors hydrocarbures. Les volumes d’exportation d’hydrocarbures reculent de 2,9% tandis que ceux des produits hors hydrocarbures chutent plus sévèrement de 16%.

Régulation des importations

Cette situation contraste avec les évolutions de 2024 où les prix des produits hors hydrocarbures à l’exportation avaient diminué de 6,9%, seule la catégorie machines et matériel de transport échappant à cette tendance avec une hausse de 16,1%. Les autres secteurs avaient alors subi des baisses significatives, notamment les produits alimentaires et animaux vivants qui avaient plongé de 27,1%, les articles manufacturés qui avaient reculé de 10,4% et les boissons et tabacs qui avaient cédé 10,3%. L’évolution des termes de l’échange apporte néanmoins une note positive puisqu’ils s’améliorent de 3,1% au premier trimestre 2025, s’établissant à 133,0% contre 129,0% un an plus tôt. Cette amélioration indique que les prix des biens exportés par l’Algérie se dégradent moins rapidement que ceux des biens importés, préservant ainsi une partie du pouvoir d’achat extérieur du pays. Au niveau des importations en volume, seules les boissons et tabacs échappent à la tendance haussière générale avec un recul de 35,5% au premier trimestre 2025, toutes les autres catégories participant à la progression de 25,2% du volume global. Cette dynamique d’importation soutenue témoigne d’une demande intérieure robuste et d’une activité économique en expansion, même si elle se traduit mécaniquement par une dégradation des équilibres extérieurs.  Notons dans ce contexte que les pouvoirs publics ont pris des mesures des rééquilibrage commercial à travers un encadrement strict des importations, en plus de mesures destinées à stimuler la production nationale. L’Office national des statistiques précise que ces indices sont désormais calculés sur une base 2019, modification méthodologique qui vise à refléter plus fidèlement les réalités actuelles du commerce international en intégrant les évolutions structurelles, les transformations des habitudes de consommation et les nouvelles dynamiques économiques. Cette reconfiguration des échanges extérieurs algériens s’inscrit dans un contexte de mutations profondes de l’économie mondiale où les prix des matières premières, notamment énergétiques, connaissent une volatilité accrue tandis que la demande intérieure manifeste un dynamisme soutenu, créant de nouveaux défis d’équilibrage pour les finances extérieures du pays.

Sabrina Aziouez

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