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Allocation touristique : La Banque d’Algérie serre la vis contre les détournements de devises

La Banque d’Algérie a publié jeudi un communiqué ferme rappelant l’interdiction stricte de « tout détournement » de l’allocation de change destinée aux voyages à l’étranger, après la diffusion sur les réseaux sociaux de contenus promouvant des activités de voyages organisés comportant des pratiques illégales. Cette mise en garde intervient alors que l’allocation voyage a été portée à 750 euros par an pour les adultes et 300 euros pour les mineurs depuis février dernier sur instruction du président Tebboune.

Cette intervention de l’institution monétaire fait suite à la prolifération sur les plateformes numériques de publications « promouvant des activités de voyages organisés à l’étranger, comportant certaines pratiques non conformes » à la réglementation en vigueur. Ces pratiques, qui consistent notamment à détourner l’usage personnel de l’allocation de change vers des tiers, représentent une violation flagrante des dispositions de l’instruction numéro 05-2025 relative au droit de change pour les voyages à l’étranger. Le communiqué de la Banque d’Algérie rappelle avec insistance que les dispositions de cette instruction « stipulent explicitement l’interdiction de tout acte visant à détourner l’usage du montant du droit de change ». Cette réglementation, mise en place pour encadrer strictement l’attribution des devises, vise à préserver les réserves de change du pays tout en permettant aux citoyens de bénéficier légalement de cette facilité pour leurs déplacements personnels à l’étranger.

L’autorité monétaire met en garde contre les conséquences graves de ces violations, précisant que « de tels actes exposent leurs auteurs aux sanctions prévues par la législation en vigueur ». Ces sanctions peuvent aller jusqu’à la privation du droit de change pendant cinq années consécutives, une mesure dissuasive qui témoigne de la volonté des autorités de faire respecter scrupuleusement cette réglementation. Au-delà de cette sanction administrative, les contrevenants s’exposent également à des poursuites pénales pour violation de la législation et de la réglementation spécifiques au change.

Le communiqué insiste particulièrement sur le caractère personnel et incessible de cette allocation, soulignant que « le montant accordé constitue un droit personnel, destiné exclusivement au bénéficiaire » et qu' »il ne peut en aucun cas être remis à un tiers, sous peine de poursuites judiciaires ». Cette précision vise directement les pratiques de plus en plus répandues consistant à collecter les allocations de plusieurs personnes pour organiser des voyages de groupe ou alimenter des circuits parallèles de devises. Ces dérives prennent diverses formes sur les réseaux sociaux, où des organisateurs peu scrupuleux proposent des formules de voyages attractives en contrepartie de la cession de l’allocation de change par les participants. Ces pratiques, présentées comme des solutions facilitant les voyages à l’étranger, constituent en réalité des violations graves de la réglementation bancaire et exposent leurs auteurs à de lourdes sanctions. La Banque d’Algérie entend manifestement mettre un terme à ces dérives qui compromettent l’efficacité du dispositif et portent atteinte aux équilibres macroéconomiques du pays.

L’augmentation significative de l’allocation de change, décidée par le président Tebboune lors d’un Conseil des ministres début décembre dernier, témoigne de la volonté des autorités d’accompagner les citoyens dans leurs déplacements légitimes à l’étranger. 

Pour faciliter l’accès à cette allocation, douze banques publiques et privées ont été habilitées à distribuer le droit de change. Les services concernés ont également aménagé de nouveaux bureaux de change dans les aéroports, les gares maritimes et les postes frontières terrestres, permettant aux voyageurs de récupérer leurs devises directement aux points de sortie du territoire national. La procédure d’obtention de l’allocation impose aux bénéficiaires de réserver leurs devises au moins trois jours ouvrables avant la date de voyage auprès d’une agence bancaire habilitée. Le taux de change appliqué correspond au cours officiel du jour de l’opération, garantissant ainsi une transparence totale dans la conversion dinars-devises. Les conditions d’attribution de l’allocation restent strictement encadrées, avec l’obligation de présenter un titre de voyage aller-retour, un passeport en cours de validité, et le cas échéant un visa valide. Pour les voyages familiaux, un chef de famille peut effectuer les démarches pour son conjoint et ses ayants droit en présentant un acte d’état civil prouvant le lien de parenté. L’instruction précise également que les bénéficiaires ayant effectué un séjour réel de moins de sept jours sont tenus de restituer le montant aux agences de la Banque d’Algérie dans un délai de cinq jours ouvrables à compter de leur retour. Cette disposition, couplée à l’obligation de restitution en cas d’annulation de voyage, témoigne de la volonté des autorités de lutter contre toute utilisation détournée de cette facilité de change. Cette campagne de sensibilisation de la Banque d’Algérie s’inscrit dans un contexte plus large de préservation des équilibres extérieurs du pays et de rationalisation de l’usage des devises. 

Amar Malki

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