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Offensive du Nord-Constantinois et Congrès de la Soummam Deux jalons historiques de la lutte pour la libération nationale

Nous commémorons mercredi la Journée nationale du moudjahid, célébrant le double anniversaire de deux événements fondamentaux qui ont à jamais marqué la trajectoire de la lutte du peuple algérien pour la libération nationale : l’Offensive du Nord-Constantinois du 20 août 1955 et le Congrès de la Soummam du 20 août 1956. Ces deux dates symboliques représentent des tournants décisifs dans le parcours de la glorieuse Révolution du 1er Novembre, ayant contribué de manière déterminante à l’internationalisation de la question algérienne et à l’organisation structurelle de la lutte aux plans politique et militaire. L’Offensive du Nord-Constantinois, orchestrée sous la conduite de Zighoud Youcef, chef de la Zone II, contre des cibles coloniales notamment à Skikda, El Harrouch et Collo, a permis de rompre le blocus médiatique propagandiste français tout en démontrant que la Révolution était un projet de libération auquel tout le peuple algérien adhérait massivement. Cette action d’envergure a redonné confiance aux moudjahidine dans les autres régions, créant une nouvelle dynamique dans les rangs de l’Armée de libération nationale. Le choix de lancer ces offensives à midi, heure de pleine activité où rien ne pouvait être entrepris loin des regards, n’était pas fortuit selon le moudjahid Mohamed-Seghir Hamrouchi : « il s’agissait de délivrer un message clair au colonisateur qui devrait comprendre que, désormais, la guerre de libération nationale n’était plus seulement une affaire de combattants disséminés dans les maquis, mais un combat de tout un peuple, luttant à visage découvert ».

Une mobilisation populaire sans précédent face à la répression coloniale

Cette offensive a donné lieu à une mobilisation populaire sans précédent, illustrant la cohésion sans faille entre le peuple algérien, toutes catégories confondues, et les dirigeants de l’Armée de libération nationale. L’action menée dans le Nord constantinois, notamment à Constantine-centre, Ain Abid, El Heria, Skikda, El Harrouch, Condé-Smendou, Azzaba, El Milia, Guelma et Oued Zenati, a eu pour effet majeur de rassembler les différentes forces nationales autour de la cause de l’indépendance. Les partis politiques et organisations algériennes, tels que l’Union démocratique du manifeste algérien de Ferhat Abbas, l’Association des oulémas musulmans algériens et les communistes, malgré leurs divergences idéologiques, ont vu dans cette offensive une opportunité de s’unir contre le colonisateur dans un élan commun dépassant tout clivage. Face à l’ampleur de cette mobilisation, la France coloniale, cherchant à étouffer l’adhésion massive du peuple à la Révolution, s’est livrée à une sanglante répression d’une violence inouïe contre les civils sans défense, atteignant le paroxysme de la barbarie au Stade de Skikda, sinistre théâtre d’un massacre de masse où des milliers d’Algériens sont tombés en martyrs. Cette répression brutale, menée notamment par le ministre résident Robert Lacoste, artisan de la loi des pouvoirs spéciaux adoptée en mars 1956, n’a fait qu’enfoncer ses propres artisans en les mettant dans une mauvaise posture marquée par une escalade dans la violence coloniale. L’offensive a néanmoins contribué à faire connaître la cause du peuple algérien au niveau international, permettant l’inscription en septembre 1955 de la question algérienne à l’ordre du jour de l’Assemblée générale des Nations Unies en tant que cause de libération nationale et non plus comme un simple conflit interne selon la propagande française.

Le Congrès de la Soummam : structuration et réorganisation révolutionnaire

Une année plus tard, le Congrès de la Soummam, tenu au village d’Ifri-Ouzellaguen à Béjaïa le 20 août 1956 malgré le blocus imposé par l’occupant, a marqué une nouvelle victoire pour la Révolution en posant les bases d’une restructuration profonde de l’action révolutionnaire. C’est lors de ce congrès historique que les chefs de la Révolution ont réorganisé l’ALN sur le modèle d’une armée régulière avec la création de grades, la définition des responsabilités et la formation d’unités allant du groupe au régiment. L’action révolutionnaire fut étendue avec la création des wilayas révolutionnaires, remplaçant les cinq zones en vigueur depuis le 1er novembre 1954 par six wilayas subdivisées en zones, régions et secteurs, auxquelles s’est ajoutée la wilaya VI historique couvrant la région du Sahara. Le Congrès de la Soummam a également défini des rôles et missions révolutionnaires permettant à l’ensemble du peuple algérien de participer à la Révolution à travers différents statuts : moudjahid, militant, fidaï et moussebel, mettant à contribution toutes les organisations dans l’action révolutionnaire. Cette structuration a consacré la primauté du politique sur le militaire et de l’intérieur par rapport à l’extérieur, dotant la Révolution d’une charte ayant servi de feuille de route jusqu’à la victoire et l’indépendance. Ces mesures ont mis en échec toutes les tentatives de la France coloniale d’étouffer la Révolution, tout en permettant à la question algérienne de figurer en tête de l’agenda de diverses instances internationales.

Comme l’avait souligné le président de la République Abdelmadjid Tebboune, ces événements démontrent que le peuple algérien ne plie pas devant la tyrannie de la machine militaire coloniale. Grâce à la résistance héroïque du peuple et à la bravoure inégalée des membres de l’ALN, l’Algérie a triomphé de la colonisation, arraché son indépendance et recouvré sa souveraineté nationale, portée par des Algériennes et Algériens qui ont, chevillée au corps, la fidélité au message de Novembre.

Malik Ameziane

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