Les éditeurs africains misent sur l’innovation pour conquérir le marché mondial
Le centre d’expositions internationales « Safex » d’Alger a accueilli vendredi le séminaire des éditeurs organisé dans le cadre de CANEX 2025, réunissant les acteurs majeurs de l’édition continentale autour des défis de la révolution numérique. L’industrie éditoriale africaine affiche ses ambitions mondiales. Organisé sous l’égide du ministère de la Culture et des Arts en partenariat avec le Réseau africain des éditeurs, ce rendez-vous professionnel a rassemblé une sélection d’acteurs influents du secteur éditorial continental dans un contexte de mutations profondes du marché du livre. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de CANEX 2025, plateforme dédiée à la promotion des industries créatives africaines sur la scène internationale. Les représentants des fédérations d’édition et des salons internationaux de neuf pays africains et arabes ont participé à ces échanges, notamment l’Algérie, le Ghana, le Kenya, le Nigeria, le Cameroun, l’Afrique du Sud, le Malawi, la Côte d’Ivoire et le Zimbabwe. Cette diversité géographique et linguistique témoigne de la volonté continentale de créer un écosystème éditorial panafricain capable de rivaliser avec les grands pôles mondiaux de l’édition. Les interventions ont largement porté sur les défis structurels que traverse le secteur, particulièrement face à la révolution numérique et aux nouvelles habitudes de lecture. Les participants ont souligné l’urgence de s’ouvrir à de nouveaux marchés tout en adoptant des solutions innovantes pour la distribution du livre. Cette adaptation technologique représente un enjeu crucial pour des éditeurs africains souvent confrontés à des contraintes logistiques et financières importantes dans un continent aux infrastructures de distribution encore inégales.
La question linguistique a occupé une place centrale dans les débats, les intervenants insistant sur l’importance de développer la traduction croisée entre les langues africaines et les langues internationales. Cette préoccupation reflète la richesse linguistique du continent, qui compte plus de 2000 langues, mais aussi la nécessité de préserver cette diversité tout en favorisant la circulation des œuvres au-delà des frontières nationales et linguistiques. Les éditeurs plaident pour une politique volontariste de traduction qui permettrait aux auteurs africains d’accéder à un lectorat élargi. L’accompagnement de la nouvelle génération d’éditeurs constitue un autre axe prioritaire identifié lors de ce séminaire. Les discussions ont mis l’accent sur l’importance de soutenir les jeunes éditeurs et de leur faciliter l’accès aux marchés internationaux, condition essentielle pour assurer la pérennité de l’industrie du livre africain. Les participants ont conclu leurs travaux en réaffirmant le potentiel considérable de l’industrie éditoriale africaine pour s’imposer sur la scène mondiale. Ils ont souligné que le continent dispose des talents et des capacités nécessaires pour développer une influence éditoriale internationale, à condition de mobiliser des partenariats stratégiques et de s’appuyer sur des plateformes professionnelles spécialisées comme CANEX. Cette plateforme permet de positionner le livre et les éditeurs au premier plan du paysage culturel mondial, offrant une visibilité inédite aux productions éditoriales africaines. Le séminaire a ainsi démontré que l’Afrique entend désormais jouer un rôle de premier plan dans l’économie mondiale du livre, forte de sa créativité et de sa diversité culturelle exceptionnelle.
M.S.