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Sidérurgie, ciment, produits chimiques, agroalimentaire et automobile : Des dizaines d’accords signés

À la veille de la clôture de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) prévue ce mercredi, une véritable course contre la montre s’est engagée mardi au Palais des expositions des Pins maritimes d’Alger.

Les entreprises nationales ont multiplié les signatures d’accords commerciaux et de protocoles d’entente avec leurs homologues africaines et internationales à la veille de la clôture de l’IATF, totalisant plus de 2,2 milliards de dollars de contrats dans une journée marathon. Cette accélération des négociations témoigne de l’attractivité croissante des produits algériens sur les marchés africains et de la volonté des opérateurs économiques de saisir les dernières opportunités offertes par cette plateforme commerciale continentale.

Sidérurgie : 1,4 milliard de dollars de contrats

Le secteur de la sidérurgie s’est imposé comme le grand gagnant de cette journée marathon avec des contrats dépassant les 1,37 milliard de dollars. La Société nationale de sidérurgie (Holding SNS) a signé huit protocoles d’accord avec des entreprises du Sénégal, d’Égypte et de Chine pour une valeur globale de 950 millions de dollars. Ces accords portent sur « le développement des activités industrielles, l’augmentation des taux d’intégration et le renforcement de la vocation exportatrice vers le marché africain », selon les explications fournies lors de la cérémonie présidée par le Secrétaire général du ministère de l’Industrie, Salem Ahmed Zaid. L’Entreprise nationale de tubes et transformation de produits plats (Anabib), filiale de SNS, a notamment conclu un accord stratégique avec le groupe El Sewedy Electric Algeria concernant l’investissement dans les secteurs industriel et agricole, à travers la réalisation de projets agricoles dans le sud algérien et le développement de la production de pivots d’irrigation via une coentreprise baptisée Anabib-Sun Galva. Un deuxième accord avec la société chinoise Habicare vise la fabrication de pièces de rechange et de moules en acier, tandis qu’un troisième avec l’entreprise chinoise Shanxi Installation Group porte sur la coopération dans le domaine de la galvanisation. Particulièrement significatif, l’accord signé entre Anabib et Algeria FAW Trucks Industrie prévoit la fourniture de pièces de rechange pour camions produites localement, « ce qui permettra d’accroître le taux d’intégration nationale et de réduire la facture d’importation ». L’entreprise algérienne a également signé un cinquième accord avec l’entreprise sénégalaise CFTS, spécialisée dans les services d’irrigation et agricoles, prévoyant la représentation commerciale de la partie algérienne en Afrique de l’Ouest. L’Entreprise nationale de charpente et de chaudronnerie (ENCC), autre filiale de SNS, a conclu un accord avec Algeria FAW Trucks pour la réalisation de châssis de camions, permettant de porter l’intégration nationale à 17%. Parallèlement, l’entreprise algérienne de production et de commercialisation des produits de fonderies FONDAL a signé un protocole de coopération avec l’entreprise sénégalaise CFTS, portant un mandat de représentation commerciale sur les marchés du Sénégal et de l’Afrique de l’Ouest.

La société Algerian Qatari Steel (AQS) n’a pas été en reste, signant quatre contrats d’exportation pour une valeur globale de 420 millions de dollars. Le premier contrat, d’une valeur de 195,624 millions de dollars, signé avec la société ENI Steel, porte sur l’exportation vers les pays de l’Afrique de l’Ouest. AQS a également conclu deux contrats avec la société libyenne Al Najah d’une valeur respective de 98,28 millions et 5,395 millions de dollars, ainsi qu’un quatrième contrat de 121 millions de dollars avec la société nigériane Sahel. « Ces accords s’inscrivent dans le cadre de la promotion des échanges commerciaux intra-africains », a affirmé le PDG de la société Holding SNS, Adel Khemane, relevant « l’intérêt croissant manifesté par les partenaires étrangers envers les usines de l’entreprise et la qualité de l’industrie nationale ». Son homologue d’AQS, Sofiane Chaïb Setti, s’est félicité de cette coopération qui « contribuera au développement et au renforcement des partenariats africains », précisant que ces contrats seront suivis d’autres accords.

GICA mise sur l’export vers la Mauritanie

Le secteur du ciment a également marqué des points avec la signature d’un contrat stratégique entre la Société de distribution des matériaux de construction (SODISMAC), filiale du Groupe industriel des ciments d’Algérie (GICA), et la société mauritanienne des ciments du nord (Cinord). Ce contrat porte sur l’exportation de 360.000 tonnes de clinker vers la Mauritanie pour approvisionner deux cimenteries relevant de Cinord à Nouadhibou (120.000 tonnes) et Nouakchott (240.000 tonnes). Le PDG de GICA, Rabah Guessoum, a précisé que « le groupe s’est accordé avec le partenaire mauritanien pour l’accompagner dans l’opération de transformation du clinker au niveau de Nouadhibou et de Nouakchott ». Il a ajouté que des contacts étaient également engagés avec d’autres sociétés, « notamment après la décision du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, de dédier un port à l’exportation du ciment, ce qui permettra au groupe d’améliorer ses résultats l’année prochaine ». Le PDG de la société mauritanienne, Sidi Mohamed Ould Zein, a indiqué que « la société importait auparavant le clinker d’autres pays, mais qu’elle a trouvé dans le produit algérien la qualité et le prix recherchés ».

ACS vise 40 millions de dollars à court terme

Le Holding Algeria Chemical Specialities (ACS) a signé dix contrats commerciaux avec des entreprises du Sénégal, de Guinée, de Tunisie et de Mauritanie, portant sur l’exportation des produits de ses filiales dans l’emballage papier et carton, le plastique, les produits de nettoyage et les dispositifs médicaux. Le PDG du Holding ACS, Samir Yahiaoui, a précisé que « la valeur initiale de ces contrats est estimée à 15 millions de dollars et devrait passer à 40 millions de dollars à court terme ». Il a souligné qu' »outre la signature de ces contrats, la Foire commerciale intra-africaine (IATF) a permis au Holding d’établir des contacts avec d’autres entreprises de plusieurs pays africains pour l’exportation de ses produits ». Le holding a également signé trois contrats avec Algeria FAW Trucks Industries d’une valeur de près de 200 millions de dollars, incluant les accords conclus avec la Société nationale de sidérurgie SNS, portant sur l’utilisation de verre, de rétroviseurs, de peinture et de plastique produits localement dans ces véhicules, permettant d’atteindre un taux d’intégration estimé à 12%.

Agroalimentaire : Les start-up à l’assaut des marchés

Le secteur agroalimentaire a marqué sa présence avec la signature d’un accord de 6 millions de dollars entre une start-up algérienne opérant dans le domaine des technologies de l’industrie agroalimentaire et la société nigériane Kriswin Concept International Nigeria Limited, pour la fabrication et l’exportation de confiseries vers le marché nigérian. Le ministre de l’Économie de la connaissance, des Start-up et des Micro-entreprises, Noureddine Ouadah, qui a présidé la cérémonie de signature, a souligné que cet accord, « conclu avec l’accompagnement du Fonds de financement des start-up, met en évidence la forte présence des start-up à cette 4e édition de l’IATF ».

Automobile : Intégration et exportation

Le secteur automobile a connu une activité intense avec de multiples accords de sous-traitance et d’exportation. La société Chery Algérie a signé cinq conventions de sous-traitance avec des opérateurs algériens, dont un mémorandum d’entente avec la société Les Câbleries de télécommunications d’Algérie (CATEL), visant à équiper les véhicules Chery produits en Algérie de faisceaux électriques, pour une valeur initiale d’environ 7,7 millions de dollars. La société a également conclu un contrat avec Fabcom, spécialisée dans la fabrication de batteries automobiles, d’une valeur de 130 millions de dollars, ainsi qu’un contrat avec Dedax pour la fabrication de différents filtres d’une valeur de près de 23 millions de dollars. D’autres contrats ont été signés avec l’entreprise Hamadou Ezzedine, spécialisée dans la fabrication de câbles et de faisceaux électriques, et avec la société Briks, spécialisée dans la fabrication de plaquettes de freins. La directrice de la communication de Chery Algérie, Khamsa Boutitaou, a révélé que « l’usine de Chery en Algérie aura une capacité de production de 50.000 voitures dans la première année après sa mise en service, avec un taux d’intégration qui démarre à 15% pour atteindre 42% ». Elle a ajouté que « la société Chery Algérie a obtenu l’exclusivité de l’exportation de la société mère vers les pays africains, et ce après avoir réalisé l’autosuffisance sur le marché algérien ». L’entreprise VMS, spécialisée dans la fabrication de motocycles, a signé deux contrats d’exportation : le premier avec la société libyenne Mahroussa Export, et le second avec la société malienne Sinasoft Multiservices. La société Algeria Ham Motors, spécialisée dans la fabrication de motocycles de la marque SYM, a conclu des accords avec l’entreprise tunisienne Mega Cycle pour l’exportation de sept modèles de motocycles vers la Tunisie, et avec la Société générale des équipements et de distribution du Tchad pour une valeur totale dépassant 1,2 million de dollars. Le responsable de la société Briks pour les freins automobiles a déclaré que « l’entreprise qui a démarré ses activités en 2023, se concentre actuellement sur la satisfaction des besoins du marché national, tout en cherchant à l’avenir à accéder aux marchés d’exportation, notamment sur le continent africain ». Il a souligné que « l’objectif de la présence à cet événement consiste à faire connaissance avec les hommes d’affaires africains et à examiner les opportunités de partenariat et de coopération ». La société AMIMER ENERGY a conclu trois contrats d’une valeur globale estimée à 100 millions de dollars avec la société tchadienne ENCOBAT, portant sur l’exportation de motocyclettes électriques, la distribution d’équipements énergétiques et la réalisation d’une centrale électrique hybride solaire-diesel.

Dans le domaine des équipements médicaux, la société algérienne Somemi Plus a conclu un contrat avec l’entreprise américaine Carpathia pour l’exportation de dispositifs médicaux vers les États-Unis d’une valeur de 5 millions de dollars. Un accord a également été signé entre la société BAIC Algérie et la société sud-africaine Feltex Automotive Trim, cette dernière investissant près de 50 millions de dollars dans une première phase en Algérie pour la fabrication de pièces intérieures destinées aux véhicules BAIC produits en Algérie. Le directeur des industries mécaniques au ministère de l’Industrie, Mohamed Mostefai, a affirmé que « ces contrats tendent à soutenir le secteur de la sous-traitance industrielle en Algérie et à renforcer ses capacités productives, dans le cadre des efforts visant à mettre en œuvre les orientations du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, relatives à la promotion du taux d’intégration nationale et au développement d’une véritable industrie automobile ». Cette journée exceptionnelle de signatures témoigne de la dynamique industrielle algérienne et de sa capacité à s’imposer sur les marchés africains, alors que la clôture de l’IATF 2025 approche, marquant ainsi une étape décisive dans la stratégie d’export du pays vers le continent.

Samir Benisid

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