Économie

Portés par les tensions géopolitiques : Les cours du pétrole continuent de monter

Les prix du pétrole poursuivaient leur progression mercredi, portés par l’escalade des tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, malgré des données américaines mitigées sur les stocks de brut. Le marché pétrolier réagit avec nervosité aux derniers développements sur la scène internationale. La Pologne, membre de l’OTAN et voisine de l’Ukraine, a annoncé avoir intercepté plusieurs drones « hostiles » russes qui avaient violé son espace aérien dans la nuit. Cette escalade sans précédent fait craindre un élargissement du conflit ukrainien et remet sur la table la possibilité de nouvelles sanctions occidentales contre la Russie. « Cela remet la possibilité de nouvelles sanctions européennes et américaines sur le devant de la scène et fait peser un risque haussier sur le pétrole », explique Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management. Le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent a d’ailleurs évoqué cette semaine la possibilité d’imposer des droits de douane sur les pays acheteurs de pétrole russe, estimant que de telles mesures pourraient contraindre Vladimir Poutine à négocier.

Au Moyen-Orient également, les tensions s’intensifient après les frappes sionistes qui ont visé les résidences de médiateurs du mouvement de résistance palestinien Hamas à Doha, au Qatar. Le Premier ministre qatari a averti que son pays se réservait « le droit de riposter à cette attaque flagrante », tout en affirmant vouloir continuer son rôle de médiateur pour parvenir à un cessez-le-feu à Ghaza. Dans ce contexte tendu, les prix du brut affichent des gains solides. Vers 15h00 GMT, le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en novembre gagnait 0,57% à 66,77 dollars, tandis que son équivalent américain, le West Texas Intermediate pour octobre, progressait de 0,59% à 63,00 dollars.

Cette hausse intervient paradoxalement alors que les données hebdomadaires américaines révèlent une augmentation surprise des stocks de pétrole. L’Agence américaine sur l’énergie (EIA) a annoncé mercredi une hausse de 3,9 millions de barils pour la semaine achevée le 5 septembre, là où les analystes anticipaient une baisse de 1,4 million de barils. Cette accumulation inattendue s’explique principalement par un effondrement des exportations américaines (-29,3%) et une légère diminution des importations (-6,9%). Parallèlement, l’activité des raffineries s’est légèrement intensifiée à 94,9% de leurs capacités, contre 94,3% la semaine précédente. La production américaine continue sa progression à 13,49 millions de barils par jour, contre 13,42 millions précédemment. En revanche, la demande intérieure montre des signes de faiblesse avec la fin de la période estivale : les livraisons au marché américain ont reculé de 4,2%, tandis que la consommation d’essence est passée sous le seuil symbolique de 9 millions de barils quotidiens (-6,7%). Si les facteurs géopolitiques soutiennent actuellement les cours, les fondamentaux du marché suggèrent une modération à venir. L’EIA prévoit dans son rapport mensuel publié mardi une offre excédentaire dans les prochains mois, qui pourrait faire chuter le prix du Brent à une moyenne de 59 dollars au quatrième trimestre. Cette perspective tempère l’optimisme des investisseurs, qui restent partagés entre les risques géopolitiques immédiats et les signaux d’un marché potentiellement surabondant. La publication des données américaines n’a ainsi eu qu’un impact limité sur les cours, les opérateurs privilégiant pour l’instant le facteur géopolitique dans leurs arbitrages.

Sabrina Aziouez

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