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Attaf met les points sur les « i » 

Trois jours après la clôture de la quatrième édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) à Alger, le ministre d’État, ministre des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l’étranger et des Affaires africaines Ahmed Attaf sort du silence.

Face aux manœuvres, aux tentatives de manipulation et de désinformation sur les résultats de l’IATF 2025, le chef de la diplomatie algérienne contre-attaque avec la force des chiffres et démonte méthodiquement la propagande et revient sur certains dossiers brûlants de l’actualité, à l’image de la prétendue plainte malienne. Dans une conférence de presse tenue samedi au siège du ministère des Affaires étrangères, Ahmed Attaf n’y va pas par quatre chemins. « Je pense qu’il n’existe pas de réussite plus éloquente que celle exprimée par les chiffres, lesquels confirment que les résultats de cette édition ont été exceptionnels, avec des records sans précédent », martèle-t-il d’entrée de jeu. Une manière claire de répondre aux sceptiques qui ont tenté remettre en question la portée de cet événement que l’Algérie a accueilli du 4 au 10 septembre dernier. Attaf souligne d’ailleurs que l’organisation de cette quatrième édition de l’IATF en Algérie n’était pas le fruit du hasard. « L’initiative de l’Algérie d’accueillir la 4e édition de l’IATF n’a pas été le fruit du hasard ni de circonstances fortuites ou procédurales, mais une décision réfléchie et visionnaire dans toute la portée du terme », explique-t-il. Cette décision s’articule autour de trois considérations fondamentales qui révèlent la philosophie diplomatique du président de la République Abdelmadjid Tebboune, souligne-t-il. Premièrement, « l’organisation en Algérie de cette foire est le fruit de la détermination du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, à voir l’Algérie assumer sa responsabilité dans la contribution à la renaissance africaine ». Une ambition continentale qui place l’Algérie au cœur des dynamiques de développement du continent. Deuxièmement, cette initiative « reflète la conviction profonde du président de la République que le développement constitue la clé de la sécurité et de la stabilité en Afrique. Les guerres et la privation ne sont pas une fatalité, mais des défis pouvant être relevés dès lors que la volonté politique existe et que les outils et mécanismes nécessaires sont disponibles ». Enfin, ce rendez-vous illustre « la volonté du président de la République de mettre en lumière les fondements du partenariat entre les pays africains dans les domaines du commerce et de l’investissement, tout en donnant une forte impulsion au processus global de la renaissance africaine ».

Fort de cette vision stratégique, Ahmed Attaf assène ses arguments chiffrés avec la précision d’un comptable. L’édition algéroise a rassemblé 132 pays participants, dont 70 représentés par des stands, parmi lesquels 49 pays africains. « Cette édition a également enregistré 112.476 visiteurs, dont 60.650 visiteurs présents sur site et 51.826 à distance », détaille le ministre qui souligne le caractère record des transactions conclues avec « la signature de contrats de partenariat d’une valeur de 48,3 milliards de dollars ». Le niveau de participation officielle témoigne également du succès de l’événement. Les dirigeants de la Tunisie, de la Libye, de la Mauritanie, de la République sahraouie, du Tchad, du Mozambique, de la Grenade, de la Barbade et de Saint-Christophe-et-Niévès ont fait le déplacement, aux côtés des anciens présidents du Nigeria et du Niger, des vice-présidents de la Namibie et du Kenya, et du Premier ministre du Burundi. « Plus de 40 ministres chargés des secteurs du commerce et de l’industrie ont également pris part à cet événement, en sus de représentants d’organisations internationales et régionales et d’éminentes personnalités africaines », précise Attaf.

23 milliards de dollars de contrats pour l’Algérie

Mais c’est sur la performance algérienne que le ministre met l’accent avec une fierté non dissimulée. « La part de contrats conclus par les sociétés et entreprises algériennes s’élève à 11,4 milliards de dollars », annonce-t-il, avant d’ajouter que « à ce montant s’ajoutent 11,6 milliards de dollars de marchés à l’étude ou en cours de négociation ». Au total, « la valeur globale des marchés décrochés par les sociétés et entreprises algériennes s’élève à 23 milliards de dollars », un chiffre qui révèle la capacité retrouvée des entreprises nationales à conquérir les marchés africains. Face aux questionnements sur la fiabilité de ces données, Ahmed Attaf joue la carte de la transparence totale. « Tous ces chiffres et statistiques proviennent de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), seule instance habilitée à fournir ces données », insiste-t-il. Une précision importante qui vise à couper court aux polémiques sur l’origine des statistiques avancées. « Il n’est pas nécessaire de répondre à ce qui est publié par certains médias bien connus, car les résultats de l’IATF constituent en eux-mêmes une réponse suffisante aux doutes », lâche-t-il.

Une nouvelle ambition africaine

Au-delà des chiffres, Attaf replace l’événement dans une perspective géopolitique plus large. « L’Afrique n’accepte plus de jouer des rôles secondaires et marginaux dans le commerce mondial, au sein du Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale (BM) », affirme-t-il. Le continent « œuvre à sortir du cercle du simple récepteur pour bâtir un partenariat basé sur l’égalité, le respect des intérêts et le partage des bénéfices ». Cette transformation s’illustre par des acquis concrets : « l’adhésion de l’Union africaine (UA) au G20 en qualité de membre permanent, la mise en place d’un vaste réseau de partenariats avec les grandes économies et les organisations internationales, et le parachèvement des cadres juridiques et institutionnels à travers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine et le renforcement des banques continentales ». L’IATF 2025 aura également été marquée par une initiative présidentielle forte. Ahmed Attaf rappelle « la création d’un fonds de financement des start-up et des jeunes innovants en Afrique, à l’initiative du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, au regard de l’importance du rôle de la jeunesse dans le développement du continent ». Une vision tournée vers l’avenir qui s’inscrit dans la philosophie du chef de l’État : « L’Afrique que nous voulons est une Afrique pleinement engagée dans les révolutions scientifiques en cours, capable de s’imposer sur la scène internationale, de faire entendre sa voix, de jouer un rôle influent et de préserver ses intérêts. »

Le partenariat algéro-italien en exemple

Sur le plan des relations bilatérales, le ministre des affaires étrangères profite de l’occasion pour saluer le partenariat avec l’Italie qu’il qualifie d' »excellent » et de « dynamique ». « Parmi les partenariats proposés au continent africain dans le cadre de la coopération internationale, celui avec l’Italie est le plus influent », estime-t-il, soulignant que ce partenariat « repose sur des projets concrets ». La relation entre l’Algérie et l’Italie « s’est hissée aux premiers rangs en quelques années seulement, notamment dans le domaine commercial », avec une « diversification des investissements dans le secteur énergétique et l’approvisionnement de ce pays ami en gaz naturel, sans oublier les grands projets tels que l’hydrogène vert, la fibre optique et d’autres encore à portée européenne, impulsés par la dynamique algéro-italienne ». Interrogé sur la question sensible des visas et leur impact sur l’attractivité économique du pays, Ahmed Attaf balaie d’un revers de main l’argument selon lequel l’assouplissement des conditions d’octroi faciliterait l’afflux d’investissements. « Si le visa suffisait pour attirer les investissements en Algérie, nous aurions transformé tous les consulats et toutes les ambassades en bureaux de visas », ironise-t-il. Pour le ministre, « le problème de l’investissement a de tout temps été un problème de climat des affaires. Le visa ne règle pas le problème s’il n’y a pas un bon climat des affaires ». Il avance comme preuve l’amélioration récente des flux d’investissements étrangers : « Le climat de l’investissement en Algérie a changé et la situation s’est améliorée bien que nous n’ayons rien changé concernant les visas, qui obéissent toujours aux mêmes règles. Les investissements affluent aujourd’hui parce que le climat a changé grâce à de nouvelles politiques mises en place pour améliorer la gestion de la chose économique en Algérie. »

Plainte du Mali à la CIJ : le démenti formel

Ahmed Attaf saisit également l’occasion pour démentir catégoriquement les informations relatives à une prétendue plainte du Mali contre l’Algérie devant la Cour internationale de justice (CIJ). « D’habitude, je suis très réticent personnellement à faire des commentaires. Ma mission n’est pas de faire des commentaires mais d’exécuter une politique étrangère. Mais puisque vous posez cette question, je veux vous répondre par une autre question : est-ce que vous avez vérifié votre information ? », rétorque-t-il à la journaliste qui l’interpellait sur ce sujet. « Si vous aviez vérifié votre information, la meilleure façon de le faire c’est d’appeler les services de la Cour internationale de justice (CIJ). Vous auriez très facilement appris qu’il n’y a absolument aucune saisine de la CIJ », assène-t-il avec fermeté. « La Cour internationale de justice n’a jamais été saisie d’une demande d’introduction d’instance, comme on l’appelle dans le jargon de la CIJ. Elle n’existe pas », insiste-t-il. « Je vous garantis que nous n’avons jamais reçu aucune lettre de la Cour internationale de justice nous informant de sa saisine officielle. Formellement aucune », conclut-il sur ce dossier.

Palestine et diplomatie proactive

Sur le front palestinien, Ahmed Attaf réaffirme les priorités de l’action diplomatique algérienne. « La priorité actuelle pour les Palestiniens est d’obtenir la reconnaissance de leur État », souligne-t-il, évoquant les progrès obtenus avec l’annonce par plusieurs pays de leur intention de reconnaître l’État de Palestine. Concernant la récente agression sioniste contre le Qatar, il rappelle l’initiative algérienne : « Nous avons pris l’initiative de demander au Conseil de sécurité de tenir (une réunion) et nous avons exprimé notre position suite à cette odieuse agression contre l’État du Qatar frère. » Le ministre souligne que le communiqué du Conseil de sécurité condamnant cette agression « a été adopté grâce à l’insistance de l’Algérie ». Enfin, Ahmed Attaf annonce une prochaine visite officielle du président du Burundi en Algérie, témoignage que « les relations entre l’Algérie et le Burundi sont au beau fixe ». Cette annonce s’inscrit dans la continuité de la participation du Premier ministre burundais à l’IATF 2025, qui témoigne de « l’intérêt porté par le Burundi à l’accueil de cet événement par l’Algérie ».

Au terme de cette conférence de presse, Ahmed Attaf aura réussi à mettre les points sur les « i ». Face aux critiques et aux doutes, il a opposé la force des faits et des chiffres officiels. L’IATF 2025 d’Alger n’aura pas été « une simple manifestation économique, mais une échéance continentale pour réaffirmer l’engagement en faveur d’une approche économique africaine intégrée, asseoir les fondements d’une souveraineté authentique et permettre à l’Afrique d’occuper la place qui lui sied sur la scène internationale ». Mission accomplie pour la diplomatie algérienne qui voit dans ces résultats la confirmation « du choix d’orientation de la politique étrangère du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune ».

Salim Amokrane

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