Le plus grand viaduc d’Afrique bientôt réceptionné
La ligne ferroviaire Béchar-Gara Djebilet (Tindouf) sera mise en service avec la mobilisation quotidienne de 10 trains en moyenne, destinés à assurer le fret des produits miniers et des marchandises et le transport des voyageurs, confirmant l’ampleur stratégique de ce mégaprojet de 950 kilomètres qui révolutionnera le transport ferroviaire dans le sud-ouest du pays.
Au cœur de cette infrastructure colossale, le viaduc de l’Oued Daoura constitue la pièce maîtresse technique du projet. D’une longueur exceptionnelle de 4,11 kilomètres et culminant à 12 mètres de hauteur, cet ouvrage d’art surpasse tous les records continentaux en matière de construction ferroviaire. L’Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires a diffusé lundi de nouvelles images aériennes spectaculaires, filmées par drone, révélant l’état d’avancement remarquable des travaux de ce géant de béton et d’acier. La complexité technique de cette réalisation mobilise des moyens industriels considérables. La construction nécessite l’installation de 1 170 poutres préfabriquées en béton précontraint, soutenues par 1 432 pieux de fondation et 116 piles de soutènement. Cette architecture monumentale repose sur 118 semelles de fondation et comprend 117 tabliers, le tout réalisé avec un béton spécial adapté aux contraintes de ce type d’ouvrage exceptionnel. L’entreprise chinoise China Railway Construction Corporation Limited, partenaire technique du projet, déploie des équipements spécialisés pour la pose des poutres et le rabotage des pieux, permettant d’accélérer significativement les cadences de réalisation. L’impact économique de cette infrastructure dépasse largement les considérations techniques. Le projet vise principalement la valorisation du gisement de minerai de fer de Gara Djebilet, estimé à plus de 1,7 milliard de tonnes de réserves exploitables, transformant l’Algérie en acteur majeur de l’industrie minière africaine. Cette ligne ferroviaire stratégique permettra l’acheminement sécurisé des trains minéraliers, des convois de marchandises et des services voyageurs, créant un corridor de développement économique entre le sud-ouest et le nord du territoire national.
L’Algérie prévoit d’étendre son réseau ferroviaire de 4 787 kilomètres actuellement à 15 000 kilomètres d’ici 2030, plaçant ce projet dans une vision d’aménagement territorial ambitieuse. L’ampleur du chantier se mesure également à travers les 1 431 ouvrages d’art en cours de réalisation ou déjà achevés le long des 950 km du parcours de la ligne ferroviaire. Cette gigantesque entreprise comprend 45 ponts ferroviaires, 48 ponts routiers et 1 338 ouvrages hydrauliques, illustrant la dimension continentale de ce projet qui repositionnera durablement l’Algérie comme hub ferroviaire africain. La mise en service de cette infrastructure, prévue initialement pour fin 2025, pourrait même intervenir avant les délais contractuels selon les déclarations récentes de l’ANESRIF, témoignant de la mobilisation exceptionnelle des équipes de construction dans des conditions climatiques extrêmes du Sahara algérien. Parallèlement aux travaux du viaduc, l’installation des voies progresse rapidement grâce au déploiement d’une unité de soudage automatique des rails appartenant à l’entreprise INFRARAIL. Cette technologie de pointe permet la production quotidienne de 1 620 mètres de voies soudées, explique l’Anesrif sur son compte facebook officiel, accélérant considérablement le rythme de pose sur l’ensemble du tracé et garantissant une qualité de soudure optimale pour supporter le trafic intensif prévu sur cette ligne stratégique.
Sabrina Aziouez