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Charniers de Ghaza : Des « violations flagrantes » des droits de l’Homme

Un septième charnier a été découvert dans un hôpital de Ghaza, confirmant les crimes de guerre perpétrés par les forces d’occupation ainsi que le génocide en cours dans l’enclave palestinienne. Une découverte qui intervient au lendemain d’une réunion à huis-clos du Conseil de sécurité convoquée par l’Algérie sur la question et au cours de laquelle les violations de droits de l’Homme à Ghaza ont été mises en avant.

Les autorités palestiniennes à Ghaza a indiqué hier que le personnel médical avait découvert un troisième charnier à l’intérieur du complexe médical Al-Shifa, dans la ville de Ghaza, et duquel 49 corps ont été pour l’heure exhumés. »Les équipes gouvernementales n’ont pas achevé les opérations d’exhumation et nous prévoyons de retrouver des dizaines de nouveaux corps », a ajouté la même source. Avec cette nouvelle découverte, le nombre de charniers découverts à Ghaza a atteint sept. Un charnier a été découvert, rappelle la même source, à l’hôpital Kamal Adwan (au Nord de la bande de Ghaza), 3 charniers dans le complexe médical Al-Shifa dans la ville de Ghaza et 3 charniers dans le complexe médical Nasser (à Khan Younès, au sud de la bande de Ghaza). Au total, les corps de « 520 martyrs » ont été exhumés des 7 charniers, souligne la même source. Il faut rappeler dans ce contexte que les corps découverts dans ces charniers présentent des mutilations, certaines victimes y compris parmi les patients et les personnels de santé semblent avoir été exécutées et ont été retrouvées avec les mains attachées. Des découvertes qui prouvent les nombreux crimes de guerre perpétrés par l’occupation et qui suscitent l’indignation de la communauté internationale. C’est dans ce contexte qu’une réunion à huis-clos du Conseil de sécurité a été tenue mardi à la demande de l’Algérie pour se pencher sur les charniers de Ghaza. Selon des sources diplomatiques, citées par l’APS, « cette réunion, marquée par deux briefings présentés par la rapporteuse onusienne concernant les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese et par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’Homme, Volker Türk, a été l’occasion d’évoquer, de façon exhaustive, les flagrantes violations de l’occupant israélien ». Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies (ONU), l’ambassadeur Amar Bendjama a indiqué, lors de cette réunion, que « l’agression israélienne contre la bande de Ghaza a franchi toutes les lignes et transgressé toutes les règles ».

L’Algérie appelle à ouvrir une enquête indépendante

Le diplomate algérien a mis en avant trois principaux points, en « insistant sur la nécessité d’ouvrir une enquête indépendante pour déterminer les responsabilités », rappelant à ce propos « le sort qu’avaient connu les précédentes enquêtes israéliennes », selon les mêmes sources. Il a, en outre, appelé à « l’importance pour les autorités d’occupation de coopérer conformément à la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), rendue le 26 janvier 2024, et de garantir la conservation des preuves », tout en soutenant la déclaration du Secrétaire général des Nations unies sur « l’impératif de permettre aux enquêteurs internationaux indépendants et expérimentés en médecine légale d’accéder immédiatement aux sites de ces fosses communes, afin de déterminer les circonstances exactes dans lesquelles les Palestiniens ont perdu la vie et ont été enterrés ou ré-enterrés ». Le diplomate algérien a souligné que « le changement des corps sans vie constitue un crime de guerre en vertu des conventions de Genève de 1949, stipulant que les parties au conflit doivent prendre toutes les mesures possibles pour empêcher tout changement des corps sans vie », rappelant que « les autorités d’occupation avaient reconnu avoir ouvert les tombes de Palestiniens ». Pour rappel, la porte-parole de l’UNRWA, Juliette Touma, avait déclaré qu' »Israel avait envoyé 225 corps sans vie à Ghaza dans trois conteneurs depuis décembre, puis les avait transférés à des autorités sanitaires locales pour les enterrer ». Selon les mêmes sources, « des négociations sont en cours actuellement pour l’élaboration d’un projet de déclaration du Conseil de sécurité, initié par l’Algérie, pour exprimer la profonde préoccupation des membres du Conseil de sécurité face aux rapports, faisant état de la découverte de fosses communes à Ghaza, insister sur la nécessité de demander des comptes pour les violations du droit international et appeler à permettre aux enquêteurs d’accéder à tous les sites des fosses communes à Ghaza ».

A la suite de la découverte du nouveau charnier, le mouvement de résistance palestinien (Hamas) a déclaré que la découverte de charniers dans des hôpitaux à Ghaza exigeait que la communauté internationale et les Nations Unies « prennent des mesures pour mettre fin à l’agression (sioniste) » contre l’enclave palestinienne. Par le biais d’un communiqué, le mouvement a affirmé que « l’annonce par le ministère de la Santé palestinien de la découverte d’un nouveau charnier à l’hôpital Al-Shifa de la ville de Ghaza, le troisième dans le même hôpital, est une nouvelle preuve de la brutalité commise par l’armée (sioniste) et son agression systématique contre notre peuple et le secteur médical ».Le Hamas a appelé « les organismes internationaux de défense des droits de l’homme et toutes les institutions compétentes à documenter ces crimes et à les soumettre à la Cour pénale internationale (CPI) et à d’autres tribunaux compétents afin que cette entité voyou et ses dirigeants criminels répondent de leurs actes ».

Aucune aide humanitaire n’entre à Ghaza

Ces nouvelles découvertes interviennent alors que l’occupation a lancé une offensive sur la Rafah et qui risque fort d’aboutir à un nouveau massacre. L’évolution sur le terrain suscitent de sérieuses inquiétudes au moment où l’aide humanitaire ne parvient plus à Ghaza et que l’attaque israélienne a déjà provoqué l’arrêt d’un nouvel hôpital.  Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, a annoncé hier que l’hôpital Abu Youssef al-Najjar, dans la ville de Rafahn’est plus en mesure de fournir des services. Le patron de l’OMS a indiqué dans un post publié sur son compte sur la plateforme X, p que  »l’hôpital Abu Youssef al-Najjar, l’un des trois hôpitaux de Rafah, est hors service en raison des affrontements en cours dans ses environs et de l’opération militaire israélienne à Rafah ».  »La fermeture du poste-frontière (de Rafah) entrave les activités des Nations unies et paralysent l’acheminement du carburant. Sans carburant, toutes les opérations humanitaires seront interrompues », a-t-il regretté. Et d’ajouter,  »il ne reste que trois jours de carburant aux hôpitaux du sud de la bande de Gaza, ce qui signifie que les services pourraient bientôt cesser de fonctionner ». Rappelons dans ce contexte que les forces d’occupation ont pris de contrôle du poste frontalier de Rafah, par lequel transitait l’essentiel de l’aide humanitaire et l’a fermé dans les deux sens. La veille l’occupation a totalement fermé le poste de Karam Abi Salem. L’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a averti hier qu’aucune aide humanitaire n’entre à Ghaza. « Nous ne recevons aucune aide dans la bande de Ghaza », a déclaré Scott Anderson, Directeur des affaires de l’UNRWA à Gaza, dans un m essage sur X, évoquant une situation qui s’avère « désastreuse pour la réponse humanitaire ». La zone autour du poste frontalier de Rafah a fait l’objet « d’opérations militaires continues ». « Il y a eu des bombardements continus dans cette zone tout au long de la journée », a ajouté M. Anderson.

Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres a averti contre une invasion de Rafah estimant que ce serait « une erreur stratégique, une calamité politique et un cauchemar humanitaire ». Le chef de l’humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths, a également estimé que cela « entraînera davantage de morts et de déplacements ».

Lyes Saïdi

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