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Ahmed Attaf à New York: L’Afrique renforce sa position pour une réforme du Conseil de sécurité

Vingt ans après l’adoption du Consensus d’Ezulwini, l’Afrique a considérablement élargi le soutien international à ses revendications pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies et la réparation de « l’injustice historique » dont elle fait l’objet a souligné dimanche ministre d’État, ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, lors du sommet du Comité des dix (C-10) de l’Union africaine à New York. S’exprimant devant ses homologues africains à l’occasion du 20e anniversaire du Consensus d’Ezulwini, M. Attaf a dressé un bilan optimiste de deux décennies d’efforts diplomatiques continus. « L’Afrique voit l’avenir avec une détermination renouvelée et une vision plus claire, après deux décennies d’efforts inlassables pour réparer l’injustice historique qui a trop duré », a-t-il déclaré, soulignant que le continent dispose désormais d’une base de soutien considérablement élargie pour porter ses revendications légitimes. Le chef de la diplomatie algérienne a identifié trois succès majeurs dans l’action collective africaine. Premièrement, l’élargissement significatif de la base de soutien à la position commune africaine, qui bénéficie aujourd’hui d’un appui croissant des États membres des Nations Unies et des différents groupes d’intérêt. « Ce soutien international croissant constitue une reconnaissance de la légalité et de la légitimité des revendications africaines telles qu’énoncées dans le Consensus d’Ezulwini », a-t-il souligné, mettant en avant la dimension universelle que prend désormais la cause africaine.

Le deuxième succès réside selon M. Attaf dans la consécration d’une compréhension mondiale du caractère unique de la cause africaine. Cette singularité s’explique par le fait que la position africaine incarne la volonté collective des 55 États membres de l’Union africaine et vise essentiellement à réparer l’injustice historique infligée au continent. Cette dimension collective et réparatrice confère à la démarche africaine une légitimité particulière dans le concert des nations.

Le troisième succès, qualifié par le ministre de « plus important et le plus décisif », concerne la démonstration par l’Afrique de sa disposition à assumer pleinement sa part de responsabilité dans le système de sécurité collective mondial. « À travers le mécanisme des trois membres africains du Conseil de sécurité, l’Afrique a prouvé qu’elle ne nourrit aucune autre ambition que de contribuer sincèrement à permettre au Conseil de sécurité d’assumer pleinement ses responsabilités dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales », a précisé M. Attaf, mettant l’accent sur l’approche constructive et responsable du continent.

Cependant, le MAE n’a pas éludé les défis persistants. « Malgré l’importance de ces succès, notre marche pour honorer le mandat qui nous est assigné dans le cadre du C-10 reste longue et semée d’embûches », a-t-il reconnu, pointant la crise que traverse le système de sécurité collective et l’état de « quasi-paralysie » du Conseil de sécurité. Cette situation suscite selon lui « de plus en plus d’inquiétudes » et multiplie les appels pour dépasser l’impasse actuelle. Face à ces défis, M. Attaf a tracé une feuille de route en deux volets. Sur le plan interne, il a insisté sur la nécessité de préserver l’unité africaine, « notre plus grande force et notre acquis le plus précieux ». Cette unité a d’ailleurs porté ses fruits avec l’adhésion de l’Union africaine en tant que membre à part entière du G20. Le ministre a appelé à « mettre de l’ordre dans nos affaires intérieures » et à renouveler l’engagement de tous les pays africains sous l’égide de la position commune. Sur le plan externe, le C-10 doit selon lui demeurer pleinement impliqué dans le processus des négociations intergouvernementales tout en maintenant un contact permanent avec l’ensemble des partenaires internationaux. L’objectif consiste à « mobiliser la compréhension la plus large et le soutien le plus étendu aux aspirations légitimes de l’Afrique ». M. Attaf a conclu son intervention en réaffirmant la fidélité à la position commune africaine, qu’il considère comme « juste et équitable » et répondant parfaitement aux préoccupations et intérêts collectifs du continent. Cette position représente selon lui « la seule et unique voie à même de garantir à notre voix collective un poids influent » pour renforcer un système multilatéral plus solide, plus efficace et fondé sur les principes de la Charte des Nations Unies.

Parallèlement à cette intervention majeure sur la réforme du Conseil de sécurité, Ahmed Attaf a multiplié les activités diplomatiques dans le cadre de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies. Il a notamment participé lundi à la séance plénière de haut niveau consacrée à la célébration du 80e anniversaire de la création de l’ONU, occasion de passer en revue les acquis obtenus durant huit décennies dans les domaines de la paix, de la sécurité, du développement et des droits de l’homme, tout en mettant en lumière les défis croissants auxquels le monde fait face. M. Attaf a également pris part à la cérémonie de lancement officiel de la Déclaration mondiale sur la protection du personnel humanitaire, qu’il a signée au nom de l’Algérie. Cette déclaration vise à renforcer l’arsenal juridique pour protéger les travailleurs humanitaires conformément au droit international humanitaire et garantir l’acheminement sûr et sans entraves des aides humanitaires. Le lancement intervient dans un contexte marqué par l’intensification des attaques contre les travailleurs humanitaires, notamment dans la bande de Ghaza, transformée par l’occupation israélienne en « l’un des environnements les plus dangereux pour l’action humanitaire ».

Salim Amokrane

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