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Grèves et manifestations annoncées pour le 2 octobre : La France s’enfonce dans la crise politique et sociale

La France traverse une période d’instabilité politique majeure qui s’aggrave de jour en jour, plongeant le pays dans une crise institutionnelle et sociale profonde qui menace la stabilité de la cinquième République. L’échec cuisant de la rencontre entre le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu et l’intersyndicale mercredi  illustre parfaitement l’impasse dans laquelle se trouve désormais l’exécutif français, pris en étau entre une rue mobilisée et une Assemblée nationale fragmentée prête à censurer tout gouvernement. Cette rencontre à Matignon, censée apaiser les tensions sociales après la massive manifestation du 18 septembre qui avait rassemblé entre 500 000 personnes selon les autorités et un million selon la CGT, s’est soldée par un échec retentissant. L’intersyndicale, qui avait fixé un ultimatum au gouvernement suite aux mobilisations précédentes, dénonce l’absence totale de réponses concrètes de la part du chef du gouvernement. « Le Premier ministre n’a apporté aucune réponse claire aux attentes des travailleurs et des travailleuses », ont déclaré les organisations syndicales au terme de l’échange, annonçant immédiatement une nouvelle journée de grève et de mobilisation pour le mercredi 2 octobre. Marylise Léon de la CFDT estime que « l’exécutif ne donne que des signaux, mais aucun élément précis », tandis que Sophie Binet de la CGT évoque une « occasion manquée », jugeant que le gouvernement refuse toujours d’aborder le fond des revendications sociales.

Cette escalade sociale s’inscrit dans un contexte politique déjà explosif qui révèle la fragilité extrême du système institutionnel français. Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre le 9 septembre par Emmanuel Macron après la chute spectaculaire du gouvernement de François Bayrou renversé le 8 septembre par un vote de défiance de l’Assemblée nationale, peine désespérément à rassembler et à stabiliser la situation politique. Depuis sa prise de fonction, le nouveau chef du gouvernement fait face à une contestation multiforme qui ne cesse de s’amplifier. La mobilisation du 10 septembre, organisée sous le mot d’ordre radical « Bloquons tout », avait déjà donné le ton d’une opposition déterminée à paralyser l’action gouvernementale. Celle du 18 septembre a considérablement élargi la contestation, mobilisant des centaines de milliers de manifestants dans toute la France pour dénoncer les orientations budgétaires du gouvernement et exiger des mesures « de rupture », notamment sur la fiscalité, les services publics et le pouvoir d’achat.

L’opposition politique ne reste pas en reste dans cette guerre d’usure contre l’exécutif. La France insoumise, par voie de communiqué, accuse le Premier ministre de « mépris des revendications sociales » et dénonce « la volonté du macronisme de poursuivre coûte que coûte sa politique au service des ultra-riches et des grandes entreprises ». Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon reproche également à Sébastien Lecornu de ne pas avoir sollicité de vote de confiance devant l’Assemblée nationale, contrairement à ce qu’avait fait François Bayrou à son arrivée à Matignon, interprétant cette absence d’initiative comme une tentative d’échapper à la légitimité parlementaire. Dans ces conditions, La France insoumise propose aux « groupes à la gauche de l’hémicycle de signer une motion de censure commune » qui serait déposée dès l’ouverture de la session parlementaire, confirmant l’instabilité politique persistante qui paralyse le pays depuis les élections législatives anticipées de l’été 2024.

Cette convergence explosive entre crise sociale et crise politique place la France dans une situation inédite depuis des décennies. D’un côté, la rue se mobilise massivement contre les orientations gouvernementales, les syndicats multipliant les appels à la grève et à la mobilisation avec des mots d’ordre de plus en plus radicaux. De l’autre, l’Assemblée nationale fragmentée menace en permanence de renverser tout gouvernement, créant une paralysie institutionnelle qui empêche toute réforme d’envergure. Pour Lecornu, dont la majorité est relative et fragile, une motion commune des oppositions de gauche, potentiellement soutenue par le Rassemblement national, pourrait suffire à faire vaciller son gouvernement et plonger encore davantage le pays dans l’instabilité. Cette situation de blocage généralisé, où l’exécutif ne parvient ni à convaincre la rue ni à rassembler le Parlement, illustre l’ampleur de la crise de gouvernabilité que traverse la France, dans un contexte économique et social déjà tendu.

Lyes S.

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