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Ahmed Taleb Ibrahimi s’éteint à l’âge de 93 ans : Le Moudjahid, le politique, l’intellectuel

Le moudjahid, ancien ministre et intellectuel s’est éteint dimanche à l’âge de 93 ans, laissant derrière lui un héritage exceptionnel au service de la nation

L’Algérie est en deuil. Ahmed Taleb Ibrahimi, figure importante de la Guerre de libération nationale et l’un des acteurs de l’édification de l’Algérie indépendante et de la période post-Boumédiène, s’est éteint ce dimanche 5 octobre à l’âge de 93 ans, ont annoncé ses proches. Fils du prestigieux cheikh Mohamed Bachir El Ibrahimi, cofondateur de l’Association des Oulémas Musulmans Algériens (AOMA), le défunt a su perpétuer l’héritage de son illustre père en combinant engagement politique, action révolutionnaire et pensée intellectuelle au service de la patrie. Né en 1932 à Sétif, Ahmed Taleb Ibrahimi a très tôt embrassé la cause nationale. Étudiant en médecine à l’Université d’Alger dès 1949, il milite activement pour la création de l’Union Générale des Étudiants Musulmans Algériens (UGEMA), dont il deviendra président. Son engagement le mène ensuite à l’Association des Étudiants Musulmans Nord-Africains (AEMNA) et, durant la glorieuse guerre de libération, il rejoint les rangs de la Fédération de France du FLN, où il occupe des responsabilités dirigeantes.

Au lendemain de l’Indépendance, Ahmed Taleb Ibrahimi s’impose comme l’un des architectes de l’État algérien post-indépendabce. Son parcours ministériel témoigne de la confiance que lui ont accordée les présidents Houari Boumédiène et Chadli Bendjedid, auprès desquels il a également exercé comme conseiller. Il est aussi connu pour son combat pour l’arabisation et l’affirmation de cette constante de l’identité nationale. Ministre de l’Éducation nationale de 1965 à 1970, il a posé les fondements d’un système éducatif algérien authentique, œuvrant pour l’arabisation et la démocratisation de l’enseignement. De 1970 à 1977, à la tête des ministères de l’Information et de la Culture, il a contribué à l’affirmation de l’identité culturelle nationale. Enfin, comme ministre des Affaires étrangères entre 1982 et 1988, il a porté la voix de l’Algérie sur la scène internationale.

Un intellectuel engagé

Au-delà de l’homme politique, Ahmed Taleb Ibrahimi était un penseur prolifique. Auteur de nombreux ouvrages et contributeur régulier aux débats intellectuels, il n’a cessé d’enrichir la réflexion sur l’histoire de l’Algérie, la Révolution de libération et les défis de la nation. Ses interviews dans les médias nationaux et étrangers resteront des références pour les chercheurs et historiens. En 1999, Ahmed Taleb Ibrahimi s’était présenté à l’élection présidentielle face à Abdelaziz Bouteflika, Hocine Aït Ahmed et Mouloud Hamrouche. Dénonçant un scrutin joué d’avance, il s’était retiré avec les autres candidats avant le vote.

Sa tentative de créer le parti « El Wafa » en 2000 s’était heurtée au refus d’agrément du ministère de l’Intérieur sous le régime Bouteflika. Par la suite, le défunt s’était progressivement retiré de la vie politique active, observant une longue période de réserve, tout en conservant des positions affirmées et en demeurant une référence morale pour de nombreux Algériens. Avec la disparition d’Ahmed Taleb Ibrahimi, l’Algérie perd un témoin privilégié de son histoire contemporaine, un moudjahid intègre et un esprit brillant qui aura consacré sa vie entière à la construction et au rayonnement de sa patrie. Son parcours exceptionnel, alliant combat pour la liberté, service de l’État et production intellectuelle, demeurera une source d’inspiration.

À Dieu nous appartenons et à Lui nous retournons.

Hocine Fadheli

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