Un million de conteneurs en neuf mois : Le port d’Alger pulvérise des records !

Les chiffres annoncés dimanche par le ministre des Transports Saïd Saïoud lors de l’inauguration du quai 18 du port d’Alger témoignent d’un redressement spectaculaire de la première infrastructure portuaire du pays.

Deux heures chrono pour décharger un ferry et ses centaines de véhicules, contre plusieurs jours il y a encore un an. Un million de conteneurs traités depuis janvier, 2000 navires accueillis, et un taux d’occupation des quais ramené de 98% à 80%. Les chiffres annoncés dimanche par le ministre des Transports Saïd Saïoud lors de l’inauguration du quai 18 du port d’Alger témoignent d’un redressement spectaculaire de la première infrastructure portuaire du pays, trois ans après l’effondrement partiel qui avait paralysé son activité en septembre 2022. Le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Saïoud, qui a présidé la cérémonie d’inauguration, a souligné l’ampleur de cette transformation. « Le port d’Alger a réussi à traiter un million de conteneurs et 2000 navires depuis le début de l’année, et il n’aurait pas pu atteindre ce chiffre sans l’achèvement des travaux sur les quais 19, 20 et 21 », a-t-il déclaré, faisant référence aux infrastructures réceptionnées en juillet dernier. Cette performance témoigne d’un redressement spectaculaire. La réhabilitation de ces infrastructures portuaires s’inscrit dans le cadre des directives présidentielles visant à moderniser les ports nationaux et à améliorer leur compétitivité sur l’échiquier méditerranéen et africain. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait placé la modernisation portuaire au cœur de sa stratégie de diversification économique, conscient que la fluidité des échanges commerciaux passe nécessairement par des infrastructures performantes. Les quatre quais réhabilités, fruit du travail de deux entreprises nationales, Meditram pour les travaux maritimes et Cosider pour les travaux publics, représentent un kilomètre linéaire d’infrastructures entièrement rénovées et plus de 5,5 hectares de surfaces dallées. Ces investissements lourds ont permis de ramener le taux d’occupation des quais à 80% contre plus de 98% auparavant, offrant enfin des marges de manœuvre opérationnelles indispensables à la fluidité du trafic.

Le ministre s’est félicité de « l’amélioration qualitative des services au port d’Alger, grâce au professionnalisme de la performance et à la coordination étroite entre les différents services, ce qui s’est répercuté positivement sur l’expérience des passagers et la qualité des opérations portuaires ». Cette amélioration se mesure concrètement dans les délais de traitement. « Le déchargement des navires de passagers chargés de véhicules et leur préparation ne dépassent actuellement pas deux heures », a précisé Saïd Saïoud, soulignant la satisfaction des usagers par rapport aux années précédentes où les temps d’attente pouvaient s’étirer sur plusieurs jours. L’introduction prochaine de nouveaux équipements et engins devrait encore renforcer « l’efficacité des opérations et la rapidité du traitement des navires », selon le ministre. Parallèlement, les travaux de réhabilitation et de renforcement du quai 17 démarreront « dans le courant de cette semaine ou dans les prochaines semaines », avec une réception prévue « dans les meilleurs délais ». Le programme de l’établissement portuaire d’Alger prévoit la réhabilitation de quatre autres quais, dont trois sont actuellement en phase d’étude.

Le nouveau quai 18, qui s’étend sur 225 mètres de long avec un tirant d’eau de 9,5 mètres, peut accueillir des navires de plus de 220 mètres de longueur. Équipé de tours d’éclairage reliées au réseau de fibre optique, à l’instar des autres quais rénovés, il présente une capacité de charge de 26 tonnes par mètre carré. Ces spécifications techniques placent le port d’Alger aux standards internationaux et lui permettent de rivaliser avec les grandes plateformes méditerranéennes.

Des délais réduits

Au-delà des infrastructures physiques, c’est toute l’organisation portuaire qui a été repensée. La généralisation du système de roulement continu 24 heures sur 24 dans six grands ports du pays, décidée par le président de la République, a produit des résultats tangibles. « Ce système a permis une réduction notable des délais de traitement », a confirmé le ministre. Concrètement, le temps d’attente des navires est passé à moins de quatre jours, tandis que la durée des opérations de chargement et de déchargement a été ramenée à moins de trois jours, exception faite des porte-conteneurs géants, principalement présents au port de Jijel. D’ailleurs, « la situation au port de Jijel s’est elle aussi nettement améliorée, où le délai d’attente est passé de plus de 60 jours à moins de 15 jours, avec des efforts en cours pour le réduire davantage », a souligné Saïd Saïoud. Le directeur général de l’établissement portuaire d’Alger, Abdelhamid Boualem, a pour sa part indiqué que les quatre quais inaugurés successivement « dans un délai record » ont permis d’enregistrer une croissance dépassant 30% dans le rythme de traitement des navires au cours du dernier trimestre, avec une augmentation de 42% du mouvement de traitement des conteneurs. Ces chiffres traduisent l’impact direct des investissements consentis et de la réorganisation des opérations portuaires.

Cette modernisation s’inscrit dans une vision stratégique globale visant à faire du port d’Alger un hub logistique intelligent aux standards internationaux, capable de renforcer la compétitivité de l’économie nationale et de consolider la position de l’Algérie comme destination logistique de référence en Méditerranée et en Afrique. Les autorités portuaires tablent désormais sur une capacité annuelle dépassant 2000 navires et 900.000 conteneurs, avec des perspectives d’expansion continues à mesure que les projets de réhabilitation se concrétisent. Le secteur portuaire algérien, longtemps critiqué pour ses lenteurs et ses goulets d’étranglement, semble enfin entamer sa mutation vers les standards internationaux de performance et de fluidité.

Samir Benisid