Le ministre des Moudjahidine dévoile sa feuille de route : La mémoire nationale et le patrimoine historique au cœur des priorités
Soixante-et-onze ans après le déclenchement de la Révolution de libération, l’Algérie entend renforcer la transmission de son histoire aux nouvelles générations. Le gouvernement annonce un vaste programme associant recherche universitaire, restauration du patrimoine et modernisation des outils de diffusion de la mémoire nationale. Le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Abdelmalek Tacherift, a réaffirmé samedi à Alger que la préservation de la mémoire nationale et la protection du patrimoine historique et culturel constituaient des priorités absolues pour son secteur. S’exprimant lors d’une rencontre d’orientation destinée aux cadres et personnels de son ministère, il a dévoilé les grandes lignes d’une stratégie qui ambitionne de conjuguer tradition et modernité dans la transmission du legs révolutionnaire. Le ministre a ainsi annoncé « la mise en œuvre prochaine d’un programme ambitieux visant à soutenir la recherche académique, en coordination avec les établissements universitaires, dans le cadre de la préservation de la mémoire nationale et de la protection du patrimoine historique et culturel ». Cette collaboration institutionnelle devrait permettre d’approfondir les travaux scientifiques sur la guerre de libération et d’enrichir la documentation historique à destination du grand public et des chercheurs.
Impliquer la jeunesse dans la transmission mémorielle
Au-delà de la dimension académique, le ministère entend mobiliser directement la jeunesse algérienne. « Des activités associant les étudiants et les élites scientifiques à la transmission du flambeau de la mémoire et au renouvellement de la fidélité aux valeurs novembristes qui ont façonné la gloire de l’Algérie seront organisées dans ce cadre », a précisé M. Tacherift. Cette approche participative vise à faire des jeunes générations non pas de simples récepteurs, mais des acteurs engagés dans la préservation et la diffusion de l’histoire nationale. Le ministre a également souligné la volonté de son secteur d’exploiter pleinement les potentialités offertes par les technologies contemporaines afin d' »étendre la diffusion des valeurs de la mémoire nationale à travers les médias numériques et les réseaux sociaux ». Cette dimension numérique apparaît essentielle pour toucher un public jeune, massivement présent sur ces plateformes, et pour adapter les modes de transmission aux codes de communication actuels.
La préservation physique du patrimoine mémoriel demeure également une priorité. Insistant sur l’importance des sites mémoriels, notamment les cimetières de martyrs et les monuments historiques, M. Tacherift a souligné « la nécessité de les entretenir et de les restaurer régulièrement, eu égard à la symbolique nationale qu’ils incarnent et partant du devoir de fidélité au message des valeureux martyrs et moudjahidine ». Ces lieux, témoins silencieux des sacrifices consentis pour l’indépendance, nécessitent un entretien constant pour préserver leur dignité et leur fonction pédagogique. Dans ce contexte, le ministre a annoncé l’organisation, avant la fin de l’année en cours, d’une journée d’étude consacrée au thème « Appellation et baptisation : vers la consolidation de la mémoire nationale dans l’espace public ». Cette rencontre aura pour objectif de « renforcer la réflexion collective et la coordination institutionnelle autour de cette question » et de « mettre en avant l’importance de l’ancrage des symboles nationaux dans l’espace public ». Le choix des noms de rues, places et institutions publiques constitue en effet un enjeu mémoriel majeur, reflétant la manière dont une nation honore ses héros et structure son récit national.
Une prise en charge globale des moudjahidine
Au-delà de la dimension mémorielle, le ministère poursuit son action en faveur des anciens combattants et de leurs familles. M. Tacherift a indiqué que le secteur « poursuit la mise en œuvre d’un plan d’action méthodique » permettant de cerner les besoins des moudjahidine et des ayants-droit, afin d’y apporter des réponses adaptées sur le terrain, notamment en ce qui concerne la prise en charge sanitaire et psychosociale. Le ministre a par ailleurs souligné que cette rencontre « intervient à un moment hautement symbolique, à l’approche de la célébration du 64ème anniversaire de la Journée nationale de l’émigration, commémorant les massacres du 17 octobre 1961, et de la commémoration du 71ème anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution de libération ». Pour lui, cette réunion constitue « l’occasion d’unifier les visions et de coordonner les efforts » de l’ensemble des acteurs impliqués dans la préservation de la mémoire nationale.
Malik Meziane