Criminalité, narcotrafic, corruption, blanchiment d’argent, spéculation, délinquance routière : Tolérance zéro !
Le ministre de la Justice hausse le ton face à la montée de la criminalité organisée et des infractions graves qui menacent la sécurité des citoyens et les ressources de l’État. Réuni samedi avec les plus hauts responsables du parquet à travers le pays, Lotfi Boudjemaa a donné des instructions fermes pour intensifier la lutte contre toutes les formes de criminalité, tout en maintenant le cap sur le respect des droits de l’homme et des garanties d’un procès équitable.
Lors de l’ouverture de la réunion périodique avec les présidents et procureurs généraux près les conseils judiciaires, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Lotfi Boudjemaa, a souligné samedi à Alger la nécessité d’intensifier les efforts pour faire face aux différentes formes de criminalité grave, tout en insistant sur le respect des droits de l’homme et la garantie des conditions d’un procès équitable. Le ministre a insisté sur la nécessité de « poursuivre les efforts concrets pour limiter la criminalité grave, notamment le crime organisé, tout en veillant au bon traitement des affaires graves avec l’efficacité et la disponibilité requises », dans le cadre du « respect strict des droits de l’homme et des exigences du procès équitable ». M. Boudjemaa a notamment évoqué les dossiers relatifs aux « bandes de quartiers, au trafic de drogue, à la corruption, aux avantages indus, au blanchiment d’argent, aux crimes de change, à la spéculation illicite, aux atteintes aux terres et propriétés de l’État, ainsi qu’aux agressions visant les citoyens et aux infractions au code de la route, sans oublier les autres crimes portant atteinte à la sécurité des personnes et de leurs biens ou aux capacités et ressources de la nation ». Cet inventaire exhaustif dessine les contours d’une stratégie répressive globale visant à frapper simultanément sur tous les fronts de la criminalité.
Une approche préventive et coordonnée
Le ministre a rappelé dans ce contexte que le ministère de la Justice participe à de nombreuses commissions et cellules nationales qui œuvrent à l’élaboration de stratégies préventives contre différentes formes de criminalité, à l’image de la commission nationale de prévention des bandes de quartiers, de la commission nationale de prévention et de lutte contre la traite des personnes, ainsi que de la commission d’évaluation et de suivi relevant de l’Office national de prévention de la drogue et de la toxicomanie.
S’agissant du processus de numérisation, le ministre a souligné l’importance stratégique de la transformation numérique dans le domaine judiciaire, la considérant comme un axe fondamental du programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a fait de la numérisation « la voie optimale pour se libérer de la bureaucratie et renforcer la transparence ». Dans ce cadre, le ministre a appelé à « l’exploitation complète, globale et optimale des systèmes automatisés et des applications mis à disposition dans le domaine judiciaire, à la promotion des services à distance et à l’accélération du rythme de transition vers le contentieux électronique ». Ce processus représente, comme il l’a souligné, « un objectif stratégique qui nécessite un engagement effectif de toutes les composantes du secteur judiciaire ». Après s’être arrêté sur l’importance de créer « la complémentarité entre l’élément humain et la transformation numérique », M. Boudjemaa a indiqué que « la ressource humaine qualifiée demeure la pierre angulaire de la réussite de toute réforme ou modernisation au sein du secteur ». À ce propos, le ministre a appelé les présidents des juridictions à « l’accompagnement positif, au dialogue constructif et à l’orientation bâtisseuse, de manière à garantir la valorisation des compétences humaines et l’encouragement des capacités professionnelles au sein des différentes institutions de la justice ».
Un nouveau code de procédure pénale à mettre en œuvre
Par ailleurs, M. Boudjemaa a abordé le volet relatif au travail judiciaire et à la disponibilité requise pour activer les dispositions du nouveau code de procédure pénale, soulignant que « l’attention sera concentrée sur l’évaluation des résultats obtenus dans les domaines de la gestion des objets saisis, de l’amélioration du niveau de recouvrement des amendes et des frais judiciaires, de la rationalisation du recours à la détention provisoire, ainsi que du suivi du traitement des affaires des détenus ». Il a également mis en lumière l’importance de la disponibilité dans l’application de la nouvelle loi, notamment concernant les cadres nouvellement créés visant à « améliorer la gestion des affaires pénales, numériser et simplifier les procédures, renforcer les principes du procès équitable, outre la protection du responsable local et l’instauration du mécanisme d’ajournement des poursuites pénales pour la personne morale », ainsi que d’autres dispositions contenues dans le nouveau texte. Le ministre a souligné que la modernisation du travail judiciaire représente « un défi continu qui exige de tous de redoubler d’efforts », à travers « la veille à la qualité du traitement judiciaire et l’amélioration de la qualité des services publics judiciaires fournis au citoyen ». Concernant le dossier de la réinsertion sociale des détenus, M. Boudjemaa a présenté le dossier d’adaptation des peines et des peines alternatives, ainsi que les nouveaux cadres relatifs aux visites à distance des familles des détenus, qui ont été activés dans le Grand Sud avant d’être généralisés au niveau national ultérieurement. Cette approche s’inscrit dans une vision moderne de l’exécution des peines, privilégiant la réinsertion à la simple répression.
Chokri Hafed