Conseil de sécurité : Bendjama appelle à la libération des actifs libyens gelés
Le groupe des A3+ au Conseil de sécurité (Algérie, Somalie, Sierra Leone et Guyana) a appelé mardi à New York à permettre à l’Autorité libyenne d’investissement de disposer des réserves de trésorerie gelées appartenant à la Libye, tout en exigeant l’arrêt des ingérences étrangères qui paralysent toute solution politique dans ce pays plongé dans un cycle de transitions interminables depuis plus d’une décennie.
Intervenant au nom des A3+ lors d’une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la situation en Libye, le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations unies, Amar Bendjama, a exprimé sa profonde préoccupation face à l’érosion continue des actifs libyens gelés en raison de la mauvaise gestion de certaines institutions financières. Le diplomate a déploré la non-application du paragraphe 14 de la résolution 2769 du Conseil de sécurité qui permet à l’Autorité libyenne d’investissement de réinvestir ses réserves de trésorerie gelées, privant ainsi le pays de ressources essentielles à sa reconstruction. Bendjama a insisté sur l’urgence de l’émission d’une notice d’application de cette résolution qui devrait être envoyée à toutes les institutions financières compétentes sans délai, marquant ainsi une exigence claire du groupe africain face à ce qu’il considère comme une spoliation des richesses libyennes. Les A3+ ont constaté avec préoccupation les difficultés économiques majeures auxquelles la Libye est confrontée, notamment l’absence totale d’un budget unifié et d’un mécanisme de contrôle efficace sur les finances publiques. Le groupe a néanmoins salué les décisions récentes du Conseil présidentiel libyen concernant le lancement d’un audit financier complet sur les comptes publics libyens et la mise en place d’un organisme technique pour contrôler les contrats en rapport avec les secteurs pétrolier et de l’électricité, deux piliers de l’économie du pays qui ont souvent été sources de tensions entre les différentes factions. Au-delà des défis économiques, les A3+ considèrent qu’une solution politique en Libye sera difficile à réaliser devant l’ampleur de l’ingérence étrangère qui gangrène le processus de paix. Cette situation est davantage aggravée par le flux significatif d’armes entrant dans le pays et la contrebande de carburant, ce qui constitue une violation flagrante des résolutions du Conseil de sécurité. Face à cette réalité, le groupe a demandé le retrait immédiat de toutes les forces étrangères, des combattants étrangers et des mercenaires présents sur le sol libyen, affirmant que la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Libye doivent être respectées sans conditions. Cette exigence constitue le message central de l’intervention des A3+, reflétant la conviction que seul le départ des acteurs étrangers permettra aux Libyens de tracer leur propre voie vers la stabilité.
Le groupe a souligné la nécessité impérieuse de placer au cœur de n’importe quelle feuille de route concernant la Libye l’idée qu’une solution à la crise doit être menée par et pour les Libyens afin de faire progresser l’unification de toutes les institutions et pour paver la voie à des élections libres, honnêtes et transparentes. Les A3+ ont également joint leur voix à celles qui appellent au recalibrage de l’UNSMIL, la Mission d’appui des Nations unies en Libye, afin qu’elle puisse accomplir son mandat convenablement et soutenir efficacement le processus politique sans se substituer aux acteurs libyens.
Dans une formule saisissante, Amar Bendjama a résumé la tragédie libyenne en déclarant qu’« alors que les jours deviennent des mois et les mois s’étirent pour devenir des années, la Libye reste piégée dans un cycle de transitions interminables ». Le diplomate algérien a affirmé avec force que si les Libyens avaient pu façonner leur propre destin sans ingérences extérieures, ils auraient depuis longtemps établi la paix et la stabilité. Il a appelé le Conseil de sécurité à passer de la simple gestion de la crise à un engagement réel en affrontant ceux qui entravent la progression de la Libye vers la paix et la stabilité, exigeant que l’instance onusienne reconnaisse les erreurs du passé qui ont contribué à perpétuer le chaos libyen.
Salim Amokrane