FAO : Les prix alimentaires mondiaux poursuivent leur baisse
Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont reculé de 1,6% en octobre pour s’établir à 126,4 points, poursuivant leur tendance baissière à l’exception des huiles végétales, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. L’indice FAO des prix des produits alimentaires, qui mesure l’évolution mensuelle des prix internationaux des principales denrées, confirme en octobre la détente des marchés mondiaux amorcée depuis plusieurs mois. Cette baisse de 1,6% par rapport à septembre traduit une amélioration de l’offre mondiale sur la plupart des produits de base, à l’exception notable des huiles végétales qui progressent à contre-courant. Le recul le plus marqué concerne le sucre, qui a chuté de 5,3% par rapport à septembre, enregistrant ainsi sa deuxième baisse mensuelle consécutive et atteignant son plus bas niveau depuis décembre 2020. Sur un an, la dégringolade atteint 27,4%, conséquence directe de prévisions d’une offre mondiale abondante et d’une production plus importante que prévu dans les trois principaux pays producteurs que sont le Brésil, la Thaïlande et l’Inde. Les céréales ont vu leurs prix reculer de 1,3% par rapport au mois précédent et de 9,5% sur un an, soutenues par une offre mondiale abondante. Le blé a diminué de 1%, porté par des perspectives de production favorables dans l’hémisphère Sud et la progression des semis de blé d’hiver dans l’hémisphère Nord. Les céréales secondaires ont reculé de 1,1% sous l’effet du repli des cours de l’orge, du maïs et du sorgho. Le riz, tous types confondus, a chuté de 2,5% en raison d’une concurrence accrue et du démarrage des récoltes principales dans plusieurs pays exportateurs du Nord.
Cette dynamique baissière s’explique notamment par les perspectives exceptionnelles de production pour la campagne 2025-2026. Selon le dernier bulletin de la FAO sur l’offre et la demande de céréales, la production mondiale devrait atteindre un niveau record de 2,99 milliards de tonnes, soit une hausse de 4,47% par rapport à la campagne précédente. La production mondiale de blé est attendue à 819,2 millions de tonnes, en progression de 2,53% par rapport à 2024-2025, tandis que la consommation devrait atteindre 803,3 millions de tonnes contre 794,6 millions l’an dernier. Cette demande est principalement tirée par l’Asie, pour le blé fourrager utilisé dans l’aquaculture et l’élevage, alors que la consommation humaine reste stable à légèrement croissante. Les produits laitiers ont poursuivi leur tendance baissière, enregistrant une quatrième baisse mensuelle consécutive de 3,4% par rapport à septembre. Le beurre a chuté de 6,5%, le lait entier en poudre de 6%, le lait écrémé en poudre de 4% et le fromage de 1,5%. Cette baisse s’explique par une forte disponibilité à l’exportation depuis l’Union européenne et la Nouvelle-Zélande, favorisée par des conditions climatiques douces, alors que la demande en provenance d’Asie et du Moyen-Orient est restée modérée. Sur le marché de la viande, les évolutions sont contrastées. L’indice FAO des prix de la viande ovine a reculé, notamment en Australie, en raison d’une hausse de l’offre, tandis que celui de la viande bovine a poursuivi sa progression, soutenu par une demande mondiale soutenue et la hausse des prix australiens. L’indice des prix de la volaille a diminué de 2%. Seules les huiles végétales échappent à cette tendance générale, avec une progression de 0,9% qui leur permet d’atteindre leur plus haut niveau depuis juillet 2022. Cette hausse s’explique par la fermeté des cours des huiles de palme, de colza, de soja et de tournesol, due notamment à des retards de récolte dans la région de la mer Noire qui ont perturbé l’approvisionnement mondial. L’abondance de l’offre se reflète également dans l’évolution des stocks mondiaux. Selon la FAO, les stocks mondiaux de céréales devraient progresser de 5,7% pour atteindre un record de 916,3 millions de tonnes, avec une augmentation des réserves de blé à 328,8 millions de tonnes, contre 317,4 millions lors de la campagne précédente. Les stocks mondiaux de riz devraient également croître de 2,2%, atteignant un nouveau pic de 215,4 millions de tonnes. Le ratio stocks-utilisation devrait atteindre 31,1%, son niveau le plus élevé depuis 2017-2018, témoignant d’une sécurité alimentaire mondiale renforcée. Les échanges internationaux de céréales sont également attendus en hausse de 3,2% pour atteindre 499,5 millions de tonnes sur la saison 2025-2026, reflétant une dynamique commerciale soutenue malgré la détente des prix. Cette situation globalement favorable sur les marchés mondiaux pourrait contribuer à atténuer les pressions inflationnistes sur l’alimentation dans de nombreux pays importateurs.
Samir Benisid

