Culture

Sites millénaires d’Imedghassen et Zana : Vaste opération d’inventaire pour sauvegarder le patrimoine 

Une équipe de l’OGEBC entame le recensement des dans le cadre des efforts nationaux de préservation du patrimoine culturel.

Une équipe d’archéologues de l’Office national de gestion et d’exploitation des biens culturels protégés (OGEBC) a entamé samedi une opération d’inventaire de terrain sur les sites archéologiques d’Imedghassen et de Zana, deux joyaux du patrimoine national qui témoignent de la richesse historique de la wilaya de Batna. Cette initiative s’inscrit dans le cadre d’un programme ambitieux de protection et de valorisation du patrimoine culturel algérien, porté par le ministère de la Culture et des Arts. Chafik Boughrara, directeur du musée et des sites de Timgad, de Zana, d’Imedghassen et de Tobna, a confirmé à l’APS que cette opération, qui s’étalera sur plusieurs jours, relève d’un programme arrêté par la direction de l’inventaire, de la conservation et de l’entretien de l’OGEBC, dont le siège est à Alger. Selon lui, cette démarche illustre « l’engagement permanent » de l’Office « à protéger et préserver le patrimoine culturel national », dans un contexte où la sauvegarde des sites archéologiques constitue une priorité nationale. L’opération intervient après un important travail préparatoire qui témoigne du sérieux de la démarche scientifique adoptée. Le même responsable, lui-même spécialiste en archéologie, a précisé que l’initiative « est l’aboutissement de la recherche documentaire et de la collecte de matière scientifique sur les sites archéologiques de la wilaya de Batna, ainsi que de l’exploitation des rapports de fouilles qui y ont été menées ». Cette phase préliminaire a permis de rassembler une documentation exhaustive avant d’entamer le travail de terrain, garantissant ainsi la qualité et la pertinence des opérations d’inventaire.

Le recensement se concentre sur deux sites d’importance majeure. D’une part, le mausolée royal numide d’Imedghassen, situé dans la commune de Boumia, monument emblématique remontant à la fin du IVe siècle et au début du IIIe siècle avant J.-C. D’autre part, le site de Zana, ancienne Diana Veteranorum, établi dans la commune de Zana El-Baida, ville romaine construite au IIe siècle de notre ère. Ces deux sites représentent des témoignages exceptionnels de civilisations qui ont marqué l’histoire de la région et de l’Afrique du Nord.L’objectif principal de cette mission consiste à documenter avec précision l’état actuel des sites concernés et l’ensemble des découvertes archéologiques qui y ont été effectuées au fil des décennies. Cette documentation détaillée permettra non seulement d’établir un état des lieux précis, mais aussi de planifier les futures interventions de conservation et de restauration. Le directeur Boughrara a souligné que l’opération se déroule « en coordination avec des spécialistes en archéologie œuvrant dans les différents sites de la wilaya », une collaboration qui garantit une connaissance approfondie du terrain et des spécificités locales.

Cette initiative s’inscrit dans la continuité d’efforts déployés antérieurement. Le responsable a indiqué que « cette opération a été précédée par d’autres opérations similaires menées en 2024 par des spécialistes des sites archéologiques de la wilaya de Batna », et que les résultats de ces travaux « seront vérifiés sur le terrain par une équipe d’archéologues de la direction générale de l’OGEBC ». 

Les perspectives d’extension de ce programme sont prometteuses. Selon Chafik Boughrara, un grand inventaire concernant le site archéologique de Timgad, joyau de l’architecture romaine en Algérie et site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1982, devrait « bientôt » commencer, « en collaboration avec la direction de la culture et des arts de la wilaya de Batna et l’OGEBC ». Cette annonce témoigne de la volonté des autorités de systématiser l’inventaire de l’ensemble des sites archéologiques de la région. Le mausolée royal numide d’Imedghassen occupe une place particulière dans cette dynamique de valorisation patrimoniale. Ce monument funéraire monumental, considéré comme l’un des plus anciens et des plus impressionnants d’Afrique du Nord, a été classé patrimoine national protégé dès 1967. Aujourd’hui, des efforts soutenus sont déployés par le ministère de la Culture et des Arts pour obtenir son inscription au patrimoine mondial de l’UNESCO, une reconnaissance internationale qui renforcerait sa protection et sa notoriété.

Quant au site de l’ancienne ville romaine Diana Veteranorum, il présente des vestiges visibles remarquables, notamment trois arcs de triomphe témoignant de la grandeur de l’Empire romain, le forum qui servait de place publique et de centre névralgique de la vie civique, la forteresse byzantine illustrant les périodes ultérieures d’occupation, ainsi que les thermes qui révèlent le raffinement de la civilisation romaine. Cependant, selon les spécialistes, la partie la plus importante de cette cité antique demeure toujours enfouie sous terre, promettant de futures découvertes qui pourraient enrichir davantage notre connaissance de cette période historique. Ces opérations d’inventaire s’inscrivent dans une politique nationale globale de préservation du patrimoine culturel et historique. Elles permettent non seulement de dresser un état des lieux précis des sites archéologiques, mais aussi d’identifier les besoins en matière de conservation, de restauration et de mise en valeur. La documentation systématique des découvertes contribue également à l’enrichissement des connaissances scientifiques et facilite la transmission de ce patrimoine aux générations futures.

La wilaya de Batna, véritable musée à ciel ouvert, concentre une densité exceptionnelle de sites archéologiques témoignant de plusieurs millénaires d’histoire. De la période numide à l’époque byzantine, en passant par la domination romaine, chaque strate historique a laissé des traces tangibles qui font aujourd’hui l’objet d’une attention particulière de la part des autorités culturelles. Cette richesse patrimoniale représente un potentiel considérable, tant du point de vue scientifique que touristique, pour peu qu’elle soit correctement préservée et valorisée.

Mohand Seghir

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