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L’artiste Biyouna s’est éteinte : L’icône de la scène tire sa révérence

L’actrice et chanteuse Baya Bouzar, plus connue sous son nom de scène Biyouna, est décédée mardi  à l’Hôpital de Beni Messous (Alger), à l’âge de 73 ans. Figure emblématique du paysage artistique algérien, elle laisse derrière elle un héritage immense au cinéma, à la télévision et dans la chanson, tant en Algérie qu’à l’étranger.

Hospitalisée depuis plusieurs jours à Beni Messous en raison d’une dégradation brutale de son état de santé, l’artiste luttait courageusement contre de graves complications respiratoires aggravées par un cancer qu’elle combattait depuis 2016. Entourée par sa famille et prise en charge par une équipe médicale mobilisée, Biyouna avait exprimé le souhait profond de passer ses derniers jours dans son pays, fidèle à son attachement indéfectible à l’Algérie et à son public. Sa disparition laisse un immense vide dans le cœur des Algériens. Une icône s’éteint, mais son héritage, riche de talent et d’émotions, continuera de rayonner des deux côtés de la Méditerranée.

Née le 13 septembre 1952 à Alger, dans le quartier populaire de Belcourt, Baya Bouzar était habitée très tôt par la passion du chant. Elle fait ses premiers pas artistiques au sein de plusieurs troupes, d’abord celle de Fadhéla Dziria où elle assure les chœurs en jouant du tambourin, puis une autre qu’elle dirige avec sa complice Flifla, enfin la sienne où elle devient la chanteuse principale et une animatrice réputée des fêtes de mariages. À 17 ans, elle débute dans les plus grands cabarets de la ville. C’est en 1973 que le réalisateur Mustapha Badie la repère et lui confie son premier rôle à la télévision. Elle interprète Fatma dans le feuilleton La Grande Maison, adapté du roman de Mohammed Dib. Ce feuilleton la rendra célèbre et marquera le début d’une carrière prolifique qui s’étendra sur plus de cinq décennies. Pour le cinéma algérien, elle tourne deux films : Leila et les autres de Sid Ali Mazif en 1978 et La Voisine de Ghaouti Bendedouche en 2000, tout en se produisant dans des one-woman-show qui révèlent son talent d’humoriste.

Sa carrière prend une dimension internationale en 1999 lorsque Nadir Moknèche lui offre le rôle de Meriem dans Le Harem de Madame Osmane, qu’elle tourne en France. Cette collaboration se poursuivra avec Viva Laldjérie en 2003 et Délice Paloma en 2007. Entre 2002 et 2005, Biyouna obtient un grand succès populaire avec la trilogie ramadanesque Nass Mlah City. En 2010, elle devient l’une des vedettes de la sitcom Nsibti Laaziza, diffusée sur Nessma, où elle interprète Barisa, une actrice ayant tourné dans des films français. Elle reprendra ce rôle pour les saisons 5 et 6.

Parallèlement à sa carrière d’actrice, Biyouna cultive sa passion pour la chanson. En 2001, elle sort l’album Raid Zone avec le compositeur John Bagnolett. Elle participe ensuite au spectacle de Fellag Opéra d’Casbah, mis en scène par Jérôme Savary, avant de sortir un nouvel album intitulé Une Blonde dans la casbah. Ce projet, longuement mûri, propose un répertoire franco-algérien qui puise dans les deux cultures, avec des arrangements majestueux signés Joseph Racaille et un mixage confié à Christophe Dupouy, associé régulier de Jean-Louis Murat. En 2006, elle s’apprête à répéter le rôle du Coryphée dans Électre de Sophocle aux côtés de Jane Birkin, dans la mise en scène de Philippe Calvario. En 2009, elle joue La Célestine au Vingtième Théâtre à Paris, confirmant sa polyvalence artistique.

La spontanéité et le naturel de son jeu d’actrice, sa capacité à incarner avec authenticité les femmes algériennes dans toute leur diversité, ont fait de Biyouna une artiste unique et profondément aimée du public. Son talent a transcendé les frontières, touchant les cœurs des deux côtés de la Méditerranée et faisant d’elle l’une des plus importantes figures artistiques algériennes de sa génération.

Le président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présenté ses sincères condoléances à la famille de l’artiste. Dans son message, le chef de l’État a déclaré : « C’est avec une immense tristesse que j’ai appris le décès de la regrettée artiste Biyouna, puisse Allah Tout-Puissant lui accorder Sa sainte miséricorde. Avec sa disparition, nous perdons l’une des vedettes de la scène artistique ayant contribué, de longues années durant, par leur talent et leur créativité, à de nombreuses œuvres télévisuelles et cinématographiques. La spontanéité et le naturel de son jeu d’actrice lui ont valu une grande estime. »

Le président a ajouté : « En cette douloureuse épreuve, j’adresse à la famille de la défunte, ainsi qu’à la famille culturelle et artistique, mes sincères condoléances, les assurant de ma profonde compassion et priant Allah Tout-Puissant de lui accorder Sa sainte miséricorde, de l’accueillir en Son vaste paradis et de prêter à ses proches patience et réconfort. À Allah nous appartenons et à Lui nous retournons. »

Avec la disparition de Biyouna, l’Algérie perd une artiste complète qui aura marqué plusieurs générations. Son œuvre demeure un témoignage vivant de son immense talent et de sa contribution inestimable au patrimoine culturel algérien.

Mohand Seghir

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