Soudan : Des millions de personnes menacées par une famine catastrophique
Le Programme alimentaire mondial tire la sonnette d’alarme sur la situation dramatique au Soudan, où des millions de personnes se retrouvent isolées et confrontées à une famine de proportions catastrophiques. Cette crise humanitaire sans précédent résulte directement du conflit armé qui déchire le pays depuis plus de deux ans et demi, plongeant des régions entières dans une détresse alimentaire aiguë.
Dans un message diffusé sur les réseaux sociaux, l’agence onusienne dresse un constat alarmant tout en nuançant la situation selon les zones géographiques. Si la famine continue de s’aggraver dans certaines régions du territoire soudanais, des signes d’amélioration apparaissent timidement dans les zones où les équipes humanitaires bénéficient d’un accès continu et sécurisé. Toutefois, le PAM insiste sur la fragilité extrême de ces progrès, soulignant que des millions de Soudanais demeurent coupés du monde extérieur à cause des combats incessants, les exposant à une famine aux conséquences dévastatrices. L’ampleur de la catastrophe humanitaire a été confirmée mercredi dernier par les Nations unies, qui estiment que 21 millions de personnes sont actuellement en danger de famine grave au Soudan. Ce chiffre vertigineux illustre l’étendue d’une crise qui ne cesse de s’amplifier depuis le déclenchement des hostilités à la mi-avril 2023 entre l’armée régulière soudanaise et les Forces de soutien rapide. Le conflit a déjà provoqué la mort de dizaines de milliers de personnes et contraint environ 13 millions d’individus à fuir leurs foyers, selon les données compilées par les organisations internationales. La situation sécuritaire demeure particulièrement préoccupante dans plusieurs régions stratégiques du pays. Le 26 octobre dernier, les Forces de soutien rapide ont réussi à prendre le contrôle d’El Fasher, une ville qu’elles assiégeaient depuis mai 2024. Cette prise de contrôle a entraîné une détérioration brutale des conditions de vie dans la cité, avec une dégradation sécuritaire inquiétante et le déplacement massif de dizaines de milliers d’habitants fuyant les graves violations contre les populations civiles perpétrées par ces forces paramilitaires.
Au cours des dernières semaines, les trois États composant la région du Kordofan – Nord, Ouest et Sud – sont devenus le théâtre d’affrontements d’une violence inouïe entre l’armée soudanaise et les FSR. Ces combats acharnés ont provoqué l’exode de dizaines de milliers de civils supplémentaires, aggravant encore davantage la crise humanitaire et compliquant l’acheminement de l’aide alimentaire dans ces zones de guerre.
Sur le plan territorial, le rapport de force entre les belligérants dessine une carte fragmentée du Soudan. Sur les 18 États que compte le pays, les Forces de soutien rapide exercent leur contrôle sur les cinq États de la région du Darfour, située à l’ouest du territoire, à l’exception notable de certaines portions septentrionales de l’État du Darfour Nord qui restent aux mains de l’armée régulière. Cette dernière maintient quant à elle son contrôle sur la majorité des 13 États restants, incluant Khartoum, la capitale nationale, transformée elle aussi en champ de bataille depuis le début du conflit.
Lyes Saïdi

