Le 9e Festival international des Arts plastiques contemporains : Les talents de demain à l’honneur
Le 9e Festival culturel international des Arts plastiques contemporains (IFCA 2025) a dévoilé au public les résultats d’une résidence artistique inédite, rassemblant les travaux de douze jeunes talents plasticiens dont les œuvres dialoguent avec le thème central de cette édition. Visible jusqu’au 10 décembre à la villa Boulkine, cet emblématique lieu du XVIIIe siècle situé à Alger, l’exposition témoigne de la dynamique créative qui anime la scène artistique algérienne et africaine. Cette résidence de création, accueillie à la Villa Dar Abdelatif, siège de l’Agence algérienne pour le Rayonnement culturel (AARC), représente l’aboutissement d’un processus sélectif rigoureux. Meriem Ait El Hara, cheffe du département Arts Visuels et Patrimoine à l’AARC, a précisé que « douze jeunes artistes ont été retenus sur la centaine de candidatures postées sur la plateforme du commissariat de la 9e édition de ce festival ». Pour Hamza Bounoua, commissaire de cette 9e édition, il convient de parler d’« artistes émergeants » plutôt que de « jeunes artistes », soulignant par cette distinction la maturité artistique et le sérieux des démarches créatives engagées. « Tous les moyens ont été mis à la disposition de ces plasticiens en devenir » qui ont « travaillé intensément durant une semaine autour de la mise en valeur du thème de ce festival », explique-t-il. Ces artistes en résidence ont bénéficié d’un encadrement de qualité, avec le professeur algérien Réda Djemaï aux côtés de l’artiste égyptien Mohamed Al Masry et du plasticien libyen Mohamed Alamin. Le choix thématique « Au-delà des frontières » ne relève pas du hasard. Selon Hamza Bounoua, ce thème « invite les pays du monde à aller au-delà de leurs frontières et venir en Algérie découvrir la richesse et la diversité de son patrimoine culturel et inversement ». Les douze artistes dont les œuvres sont exposées incarnent cette volonté de dépassement. Originaires de différentes régions algériennes—Alger, Tizi Ouzou, In Salah, Sétif, Laghouat, Sidi Bel Abbès, Mostaganem, Constantine, Oum El Bouagui et Annaba—ils forment un collectif représentatif de la diversité territoriale et créative du pays. Leurs démarches artistiques sont variées, reflétant des préoccupations existentielles profondes. Les travaux de Melina Nour Benzerroug, Sonia Bouzidi, Maroua Alkhir, Billel Belatrous, Mohamed Azzelareb Benelmouaz, Meriem Adoune et Larbi Benhedjar « invitent à une introspection au regard attentif sur ses pensées, ses émotions et ses motivations, pour une meilleure connaissance de soi ». Ces créateurs explorent les territoires intimes de la conscience, proposant au spectateur un voyage intérieur. D’autres artistes de la résidence, dont Bouzeraa Amani, Khaled Lamis, Mahdi Milat, Nourhane Ghodbane et Abdelmohcene Hamel, puisent « inspirés par l’adversité, les aléas contraignants de la vie et les injustices dans le monde », une énergie créative qui alimente leurs pratiques. Leurs rendus évoquent « l’éternel tourment, provoqué par la coexistence d’éléments qui opposent le corps à l’esprit, la passion à la raison », exprimé « ouvertement sur l’arène de la dualité ». Ces plasticiens ne se détournent pas des tensions du réel ; ils les incorporent dans leur langage visuel, transformant les contradictions en matière artistique. Sur le plan technique, ces artistes déploient des démarches diversifiées et souvent hybrides. Au-delà des collages, de l’aquarelle, de l’acrylique ou des méthodes d’application par couches, ils développent un véritable dialogue avec la matière et la couleur. L’utilisation de la teinte devient elle-même un sujet de réflexion, combinant « la détermination des contrastes, la gestion des valeurs, et l’utilisation de mélanges de pigments ou de glacis pour obtenir des couleurs spécifiques ». Certaines toiles font de la couleur un sujet principal, l’« utilisant également pour représenter la réalité ou exprimer des émotions ». Les formats, souvent « raisin » ou grands, offrent une présence imposante aux créations, renforçant l’impact émotionnel des œuvres. Les titres des toiles exposées—« Beyond the Limits of the Body », « In Search of Freedom », « Collision avec le néant », « Les pêcheurs d’étoiles », « Clair de lune », « Portrait de l’âme », « To Be Realist », « Restriction », « Jeux sans frontières », « Derrière les apparences » et « Splited »—révèlent une dimension universelle et humaniste. Ces appellations « appellent à la nécessité de faire régner l’amour et la paix dans le monde », traduisant une préoccupation éthique et politique chez ces jeunes créateurs. Au-delà de cette résidence, le 9e Festival culturel international des Arts plastiques contemporains se poursuit jusqu’au 6 décembre avec l’participation de 120 artistes venus de 34 pays. Cette ampleur internationale—avec la présence d’artistes de la Palestine, du Sahara occidental, de Tunisie, de Libye, d’Égypte, du Qatar, d’Iran, du Royaume-Uni, du Cameroun, du Nigéria, de Lettonie, d’Italie et de Chine—positionne l’événement comme un véritable carrefour de la création contemporaine africaine, méditerranéenne et mondiale.
Le commissaire Hamza Bounoua envisage d’ailleurs une extension de cette dynamique. Il a émis l’hypothèse de « proposer l’idée de répercuter cette exposition au niveau des centres culturels algériens à l’étranger », ce qui permettrait selon lui « une plus grande ouverture de l’Algérie sur le monde par le biais de ces jeunes artistes émergeants ». Cette stratégie de diffusion internationale consoliderait la place de l’Algérie sur la scène artistique mondiale et offrirait à ces talents une reconnaissance au-delà de nos frontières. Pour leur part, les artistes en résidence ont exprimé leur satisfaction. « Unanimes à exprimer leur bonheur d’avoir pris part à cette belle expérience », ils ont « émis le souhait de voir cette résidence de création régulièrement reprogrammée ».
Mohand S.

