Documentaire consacré à la martyre Meriem Bouattoura : Le tournage touche à sa fin
L’histoire de la Révolution algérienne continue de s’écrire sur grand écran. Samedi soir, la ville de Batna a accueilli le tournage des dernières scènes d’un film historique documentaire retraçant la vie et le parcours exceptionnel de Meriem Bouattoura, figure emblématique de la lutte pour l’indépendance tombée au champ d’honneur à l’âge de 22 ans. La cité Sidi-Hani, située non loin du lycée des Frères Amrani dans le centre-ville, s’est transformée en plateau de cinéma pour immortaliser les ultimes séquences de cette œuvre qui rend hommage à une héroïne méconnue du grand public. L’événement a revêtu une dimension particulièrement émouvante avec la présence de Houria Toubal, connue sous le nom d’El Guelmia, ancienne compagne de lutte de Meriem Bouattoura, qui s’est déplacée depuis Alger pour assister aux prises de vue. Le wali de Batna, Riadh Benahmed, ainsi que de nombreuses personnalités culturelles et artistes ont également tenu à être présents lors de ce moment de mémoire vivante, témoignant de l’importance accordée à la préservation du récit national et à la transmission de l’héritage révolutionnaire aux nouvelles générations. Le réalisateur Larbi Lakehal a expliqué que ce documentaire retrace l’itinéraire de Meriem Bouattoura, née à N’gaous dans la wilaya de Batna en 1938. Selon lui, la réalisation de ce film historique, produit par le ministère des Moudjahidine et des Ayants droit, s’inscrit dans le cadre de la commémoration du soixante-dixième anniversaire du déclenchement de la glorieuse Révolution algérienne. « Le tournage a commencé depuis un certain temps dans les villes de Constantine et d’El Madher, près de Batna », a-t-il précisé, soulignant l’ampleur du travail de reconstitution historique entrepris pour rendre justice au parcours de cette martyre.
La présence de la moudjahida Houria Toubal, âgée de 86 ans mais dont la mémoire est restée remarquablement intacte, a donné au tournage une profondeur testimoniale inestimable. Profitant de cette occasion, elle a livré un témoignage poignant sur sa camarade qu’elle a rencontrée pour la première fois dans un hôpital de la région de Moudjo, dans les montagnes de Collo à Skikda, en 1958. « Meriem Bouattoura était une authentique héroïne et une grande patriote qui a choisi de rejoindre les rangs de la Révolution, n’hésitant pas à sacrifier la vie aisée et confortable qu’elle menait au sein de sa famille », a-t-elle déclaré avec émotion. Houria Toubal a raconté comment elle est restée aux côtés de la martyre, partageant avec elle la lourde tâche de soigner et de secourir les blessés dans les rangs des combattants algériens qui séjournaient dans cet hôpital de fortune pour panser leurs blessures, et ce jusqu’en 1960. À cette date, rappelle la moudjahida, « Meriem choisit de rejoindre la ville de Constantine et le Fida à la suite de la mort de la plupart des fedayines » de la cité du Rocher. Les mots qui suivent résonnent encore dans sa mémoire avec une intensité particulière : « Elle m’avait dit à l’époque : quand je mourrai au combat, tu resteras en vie pour te souvenir de moi et pouvoir affirmer que Meriem est morte pour l’Algérie », raconte-t-elle en contenant difficilement son émotion, honorant ainsi la promesse faite à son amie il y a plus de six décennies.
Mohand S.

