11 personnes périssent dans les intempéries : Le calvaire humanitaire s’aggrave à Ghaza
L’hiver meurtrier s’ajoute aux bombardements sionistes alors que l’ONU dénonce la poursuite du génocide malgré le cessez-le-feu.
La combinaison des intempéries et du blocus sioniste a fait au moins 11 morts dans la bande de Ghaza en 24 heures. La tempête Byron, qui frappe violemment la bande de Ghaza depuis mercredi, a transformé les camps de déplacés en véritables pièges mortels. Selon l’agence de presse palestinienne Wafa, cinq personnes ont péri dans l’effondrement d’une maison abritant des déplacés à Beit Lahia, au nord de Ghaza, tandis que deux autres sont mortes à l’aube après l’effondrement d’un large mur sur des tentes de déplacés dans le quartier d’al-Rimal. Le bilan s’est encore alourdi avec la mort de trois nourrissons victimes du froid glacial dans le camp d’al-Shati, et d’une autre personne écrasée par un mur dans le même camp. Les équipes de la Défense civile ont signalé l’effondrement d’au moins dix habitations au cours des dernières heures, dont deux maisons dans les quartiers d’al-Karama et de Sheikh Radwan, procédant à l’évacuation d’urgence de plusieurs familles dont les logements menaçaient de s’écrouler. Le système dépressionnaire a provoqué l’inondation complète de camps de déplacés dans la zone d’al-Mawasi à Khan Younès, causant d’importants dégâts dans de larges secteurs d’al-Bassa et al-Birka à Deir al-Balah, du marché central de Nuseirat, ainsi que dans les quartiers d’al-Yarmouk et du port de la ville de Ghaza. Philippe Lazzarini, Commissaire général de l’UNRWA, a averti que la tempête qui s’est intensifiée depuis mercredi accentue la détresse des populations déplacées, vivant pour la plupart sous des tentes de fortune qui offrent une protection dérisoire face aux éléments.
80% des bâtiments détruits
Cette catastrophe naturelle survient dans un contexte humanitaire déjà désastreux. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a averti que la situation humanitaire dans la bande de Ghaza demeure catastrophique, soulignant que plus de 80% des bâtiments résidentiels et publics ont été détruits ou gravement endommagés par les bombardements des forces d’occupation sionistes qui se poursuivent dans l’enclave malgré le cessez-le-feu. Avec l’arrivée de l’hiver, des centaines de milliers de Palestiniens déplacés vivent dans des conditions précaires, privés de produits de première nécessité dans leurs tentes, l’armée sioniste continuant d’empêcher l’entrée de maisons mobiles et de fournitures essentielles nécessaires à l’aménagement d’abris. L’accord de cessez-le-feu, en vigueur depuis le 10 octobre, prévoit l’acheminement quotidien de 600 camions d’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. Cependant, l’occupation ne respecte pas cet engagement, n’autorisant l’entrée que de 200 camions par jour, a déploré le chef de l’ONU. Cette obstruction délibérée a des conséquences mortelles. Rik Peeperkorn, représentant de l’Organisation mondiale de la santé dans les territoires palestiniens occupés, a révélé que 1.092 patients sont morts entre juillet 2024 et le 28 novembre dernier alors qu’ils attendaient une évacuation médicale, un chiffre probablement sous-estimé selon les autorités sanitaires de Ghaza.
Le responsable de l’OMS a souligné que seuls 18 des 36 hôpitaux de Ghaza et 43% des centres de premiers soins fonctionnent partiellement, tandis qu’une grave pénurie de médicaments essentiels et de fournitures médicales persiste, notamment pour le traitement des maladies cardiaques. Le processus d’entrée des médicaments et du matériel médical à Ghaza demeure « inutilement lent et compliqué », malgré une augmentation du taux d’approbation des fournitures. Peeperkorn a appelé l’occupation sioniste à autoriser l’entrée de fournitures médicales pour répondre aux besoins urgents, avertissant que les conditions hivernales, combinées à un approvisionnement en eau et des conditions sanitaires insuffisantes, entraîneraient une augmentation des infections respiratoires aiguës, des hépatites et des maladies diarrhéiques.
L’UNICEF a mis en garde contre les risques croissants d’épidémies chez les enfants, appelant à intensifier l’entrée de l’aide humanitaire, notamment des vêtements et des tentes. Les contrôles nutritionnels effectués par l’organisation en novembre ont montré que 9.300 enfants de moins de cinq ans dans la bande souffraient de malnutrition aiguë. Le porte-parole de l’UNICEF, Ricardo Pires, a révélé qu’au moins 82 enfants palestiniens sont tombés en martyrs à Ghaza depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en octobre, qualifiant cette situation de « tendance alarmante » qui doit cesser. Au total, au moins 386 personnes sont tombées en martyres et 980 autres ont été blessées par les tirs de l’armée d’occupation sioniste depuis la trêve.
Le bilan global de l’agression génocidaire sioniste contre la bande de Ghaza s’est alourdi à 70.654 martyrs et 171.095 blessés, en majorité des femmes et des enfants, depuis le 7 octobre 2023, selon les autorités sanitaires palestiniennes. Les corps de nombreuses victimes se trouvent encore sous les décombres. Face à cette situation catastrophique, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté vendredi, par 139 voix pour, 12 contre et 19 abstentions, une résolution appelant l’entité sioniste à garantir dans l’immédiat un accès humanitaire complet à Ghaza, à respecter l’inviolabilité des locaux de l’ONU en Palestine et à se conformer à ses obligations en vertu du droit international. Cette résolution fait suite à l’avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice le 22 octobre, qui précise les obligations de l’entité sioniste en tant que puissance occupante.
Riyad Mansour, représentant permanent de l’État de Palestine auprès des Nations unies, a salué cette adoption à une écrasante majorité, y voyant la preuve du soutien continu de la communauté internationale au peuple palestinien. La résolution constate que l’entité sioniste a entravé l’acheminement de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza, provoquant une détérioration catastrophique de la situation humanitaire, voire une famine, et affirme que la puissance occupante est tenue de respecter les institutions des Nations unies et de protéger les travailleurs humanitaires.
La colonisation s’accélère en Cisjordanie
En Cisjordanie occupée, la situation n’est guère meilleure. Selon un rapport d’Antonio Guterres, la croissance des colonies sionistes a atteint en 2025 un niveau record depuis le début du suivi de l’ONU en 2017, avec près de 47.390 unités de logements avancées, approuvées ou présentées, contre 26.170 en 2024. Le secrétaire général a condamné « l’expansion implacable de la colonisation sioniste » qui continue à alimenter les tensions, empêcher l’accès des Palestiniens à leur terre et menacer la viabilité d’un État palestinien totalement indépendant. Cette avancée coloniale s’accompagne d’une augmentation « alarmante » des violences des colons sionistes, « en présence ou avec le soutien des forces de sécurité sionistes ».
Lyes Saïdi

