L’e-commerce : Une croissance de 120% depuis 2022
Près de 2.000 jeunes entrepreneurs et commerçants se sont réunis dimanche à Alger pour trois jours d’échanges sur l’e-commerce et le marketing digital, un secteur en pleine expansion qui a enregistré une hausse de 120% depuis 2022 et représentait déjà 1,9 milliard de dollars en 2023, s’imposant comme un enjeu économique majeur pour l’Algérie.
La croissance fulgurante du commerce électronique algérien témoigne d’une mutation profonde de l’économie nationale. Organisée sous le patronage du ministère de la Jeunesse, cette rencontre baptisée « Smart Sellers Summit » révèle l’ambition des autorités de transformer un secteur largement informel en véritable moteur de développement économique. Avec plus de 42 millions de colis enregistrés annuellement selon les statistiques de la CNUCED, ce marché virtuel connaît une dynamique sans précédent qui nécessite désormais une structuration urgente. Nazim Nouail, organisateur de l’événement et directeur de la société de livraison rapide « Rj360 Express », attribue cette progression spectaculaire à deux facteurs déterminants. D’une part, « l’amélioration du climat des affaires et du système numérique » a créé un environnement favorable au développement des activités en ligne. D’autre part, « la prise de conscience des clients et des différentes catégories de la société quant à l’importance de ces services » a considérablement élargi la base de consommateurs potentiels.
Cette expansion rapide s’inscrit dans une dynamique régionale et mondiale où le commerce électronique s’affirme comme un secteur stratégique. Les perspectives de croissance demeurent considérables dans un pays où la digitalisation de l’économie reste encore largement sous-exploitée. Le potentiel du marché algérien, fort de sa population jeune et de plus en plus connectée, attire désormais l’attention des spécialistes nationaux et internationaux présents lors de cette rencontre. L’événement vise à doter les participants des compétences nécessaires pour saisir ces opportunités. Selon Nouail, il s’agit de permettre aux jeunes « d’acquérir les informations techniques, scientifiques et juridiques de base en vue d’intégrer le domaine de l’e-commerce ». La formation porte notamment sur les dernières technologies adoptées à l’échelle mondiale et sur les évolutions des algorithmes du commerce électronique et du marketing digital. Au-delà de la dimension technique, les organisateurs insistent sur la nécessité d’une professionnalisation du secteur. La rencontre tend à informer les jeunes entrepreneurs de l’obligation d’exercer dans un cadre juridique organisé, notamment concernant l’obtention du code de commerçant électronique auprès du Centre national du registre du commerce. Cette sensibilisation à la régularisation des aspects réglementaires et administratifs répond à un impératif de structuration d’un marché encore trop informel.
Cette volonté de normalisation fait écho aux récentes déclarations de la ministre du Commerce intérieur et de la Régulation du marché, Amel Abdlatif, qui a qualifié ce secteur de domaine « créant le plus d’opportunités » et annoncé la semaine dernière la préparation d’une nouvelle législation spécifique. L’objectif affiché est clair : transformer ce marché virtuel anarchique en levier économique organisé et sécurisé, capable de générer emplois et richesses dans un cadre légal stable.
Le programme de ces trois jours prévoit des communications présentées par des spécialistes dans les domaines de l’économie numérique, l’entrepreneuriat et les technologies digitales, couvrant notamment les secteurs de la santé, de la gestion des services, de l’investissement et de la formation.
Sabrina Aziouez
