Nucléaire iranien : L’Iran se dit prêt à négocier un accord « juste et équilibré »
Le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi a réaffirmé vendredi la disposition de Téhéran à négocier avec les États-Unis sur le dossier nucléaire, tout en excluant catégoriquement toute forme de diktat, dans un contexte de tensions régionales persistantes.
Dans un entretien accordé à la chaîne russe RT, le chef de la diplomatie iranienne a tracé les contours de la position de son pays face aux sollicitations américaines de reprise du dialogue. Abbas Araghchi a indiqué que l’avenir des négociations dépendait de la capacité de Washington à distinguer dialogue et imposition unilatérale. « Nous sommes prêts à un accord juste et équilibré conclu par la voie du dialogue, mais nous ne sommes pas disposés à accepter des diktats », a-t-il déclaré, posant ainsi les conditions préalables à toute reprise des pourparlers sur le programme nucléaire iranien. Le ministre a révélé avoir maintenu des contacts avec Steve Witkoff, émissaire américain, y compris après ce qu’il a qualifié de « guerre qui a duré douze jours », sans préciser davantage la nature de ce conflit. « Ils insistaient pour reprendre les négociations, mais j’estime que cette insistance s’inscrivait dans une approche totalement erronée », a-t-il affirmé, suggérant un désaccord profond sur la méthode de négociation proposée par la partie américaine. Araghchi a néanmoins laissé une porte ouverte au dialogue en précisant que Téhéran examinerait toute « proposition juste et équilibrée en vue d’une solution négociée fondée sur les intérêts mutuels des deux parties ». Sur le plan technique, le responsable iranien a abordé la question des installations nucléaires du pays, reconnaissant que les sites avaient subi des dommages « importants », sans toutefois en identifier l’origine. Il a cependant insisté sur la résilience du programme iranien, estimant que les capacités technologiques demeuraient intactes. « La technologie ne peut pas être bombardée », a-t-il affirmé, réitérant le droit inaliénable de l’Iran à l’enrichissement de l’uranium, une position constante de Téhéran depuis le retrait américain de l’accord de Vienne en 2018.
Abbas Araghchi a par ailleurs cherché à rassurer la communauté internationale sur les intentions de son pays, assurant que Téhéran était disposé à fournir « toutes les garanties nécessaires attestant du caractère pacifique » de son programme nucléaire, qu’il a qualifié de « pacifique pour toujours ». Cette déclaration intervient alors que les inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique demeurent au cœur des préoccupations occidentales concernant les activités nucléaires iraniennes. Le ministre a également appelé à définir un nouveau cadre de coopération avec l’AIEA, insistant sur la nécessité « d’engager des négociations » pour établir « un mécanisme et un cadre précis pour les opérations d’inspection ». Dans le même temps, il a exhorté l’Agence onusienne à faire preuve de « professionnalisme » et à se tenir à l’écart de toute « politisation » dans ses décisions, une critique récurrente de Téhéran qui accuse régulièrement l’organisation internationale de subir l’influence des puissances occidentales.
Lyes Saïdi
