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Tamanrasset, future vitrine industrielle 

Le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a dévoilé vendredi à Tamanrasset une vision s ambitieuse pour cette wilaya du Grand Sud algérien, appelée à devenir bien plus qu’une simple porte d’exportation vers le continent africain. 

Dans un contexte où l’Algérie réoriente résolument son économie vers sa profondeur africaine, Tamanrasset s’impose comme un maillon essentiel de la nouvelle dynamique commerciale et industrielle. À l’occasion du lancement de la première édition du Salon des produits algériens destinés à l’exportation, placé sous le slogan évocateur « Tamanrasset, porte d’exportation vers les pays d’Afrique centrale », le ministre a affirmé que cette wilaya, « au-delà de son rôle dans l’exportation vers l’Afrique, est destinée à devenir un pôle industriel par excellence ». Située à la frontière avec le Niger et le Mali, cette wilaya représente la porte méridionale naturelle de l’Algérie vers l’Afrique subsaharienne. Kamel Rezig a d’ailleurs souligné que « Tamanrasset, porte méridionale de l’Algérie, est un point de départ pour l’exportation des marchandises vers l’Afrique centrale, qui compte une forte densité de population ». Cette position géographique privilégiée confère à la région un avantage comparatif indéniable pour accéder aux marchés d’Afrique centrale et de l’Ouest, des zones économiques en pleine croissance démographique et économique. Le potentiel de ces marchés est considérable, avec des populations jeunes et des besoins croissants en produits manufacturés, secteurs dans lesquels l’industrie algérienne entend se positionner durablement. La transformation de Tamanrasset en pôle industriel s’inscrit ainsi dans une stratégie globale de diversification économique et de réduction de la dépendance aux hydrocarbures, objectif central de la politique économique menée depuis 2020.

Le Salon des produits algériens destinés à l’exportation, qui a réuni plus de 100 exposants, témoigne de la vitalité du tissu productif national et de sa capacité à répondre aux standards internationaux. Après avoir effectué une tournée à travers les stands, le ministre a souligné « la nécessité d’attirer les opérateurs économiques à cet événement », insistant sur le fait que ce salon « revêt une grande importance en ce qu’il contribue à mettre en valeur les différents produits nationaux, désormais réputés pour leur excellente qualité, ce qui leur a permis d’investir les marchés internationaux et de contribuer à l’augmentation du volume des exportations hors hydrocarbures ». Kamel Rezig s’est particulièrement réjoui de constater l’exposition de produits fabriqués localement à Tamanrasset, signe que la dynamique industrielle commence déjà à s’installer dans la région. Cette montée en qualité des productions algériennes constitue, selon le ministre, « le fruit de la politique mise en œuvre par l’État depuis 2020, sous la conduite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune », politique qui a placé la promotion des exportations hors hydrocarbures au cœur des priorités nationales.

L’organisation de cet événement à Tamanrasset, quelques mois seulement après la tenue de la Foire commerciale intra-africaine à Alger, n’est pas anodine. Le président de l’Association nationale des commerçants et artisans, El Hadj Tahar Boulenouar, a estimé que cette initiative « reflète la volonté réelle des hautes autorités du pays de poursuivre les efforts visant à consolider l’économie nationale, notamment en orientant les produits nationaux vers les marchés africains ». Cette volonté politique s’accompagne de recommandations concrètes pour transformer l’essai. Boulenouar a notamment relevé « l’importance de créer des espaces de stockage des marchandises à Tamanrasset afin d’assurer leur acheminement vers les autres pays africains », mettant le doigt sur une nécessité infrastructurelle cruciale pour faire de cette wilaya une véritable plateforme logistique régionale. Sans capacités d’entreposage suffisantes, les ambitions exportatrices risqueraient en effet de se heurter à des goulots d’étranglement qui compromettraient la fluidité des flux commerciaux vers l’Afrique subsaharienne.

Le représentant du Conseil du renouveau économique algérien, Raouf Bouhabila, a pour sa part insisté sur la dimension humaine de cette transformation économique. Il a estimé que ce salon, prévu jusqu’au 30 décembre, « constitue une opportunité pour les opérateurs nationaux de faire connaître leurs différents produits », tout en soulignant « l’importance de la formation des jeunes de la région pour leur permettre de s’engager dans les opérations d’exportation des produits nationaux vers l’Afrique ». Cette préoccupation pour le développement des compétences locales s’inscrit dans une vision de développement durable et inclusif, qui permettrait aux populations du Sud de bénéficier directement des retombées de cette nouvelle dynamique économique. Bouhabila a également évoqué « l’achèvement du projet ferroviaire devant arriver jusqu’à Tamanrasset », infrastructure majeure qui révolutionnera les conditions de transport des marchandises et renforcera considérablement l’attractivité de la région comme hub logistique continental. Cette liaison ferroviaire, attendue de longue date, constituera l’épine dorsale du dispositif d’exportation vers l’Afrique, en permettant l’acheminement rapide et économique de volumes importants de marchandises depuis les centres de production du Nord vers la porte méridionale du pays.

La visite du ministre au Salon national de l’artisanat saharien, inauguré jeudi soir à la Maison de l’artisanat de Tamanrasset avec la participation de plus de 70 artisans représentant 25 wilayas, illustre la diversité des produits algériens susceptibles de conquérir les marchés africains. L’artisanat, secteur porteur d’identité culturelle et générateur d’emplois, s’ajoute ainsi aux productions industrielles dans la palette des exportations algériennes vers le continent. 

Sabrina Aziouez

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