CAN-2025 : Les Verts réveillent l’ambition continentale
Victorieuse du Burkina Faso (1-0) dimanche soir à Rabat, l’équipe nationale s’est qualifiée avec brio pour les huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des nations, confirmant sa montée en puissance et franchissant un cap décisif avec un parcours sans faute qui ravive les espoirs d’un nouveau sacre continental.
Six ans après le triomphe égyptien de 2019, les Fennecs retrouvent le deuxième tour d’une CAN avec la manière. Cette qualification anticipée dès la deuxième journée de la phase de poules témoigne d’une sélection transformée, capable de gérer les moments chauds et d’afficher une solidité défensive impressionnante. Avec deux victoires en deux matchs, quatre buts inscrits et aucun encaissé, l’Algérie affiche des statistiques qui rappellent les grandes heures de son football. Face aux Étalons burkinabè, formation réputée pour sa combativité et son organisation défensive, les hommes de Vladimir Petkovic ont su faire preuve de patience et d’efficacité. Le sélectionneur national a procédé à trois changements dans son onze de départ par rapport à la large victoire face au Soudan (3-0), titularisant Samir Chergui, Jaouen Hadjam et Ibrahim Maza. Ce choix s’accompagnait d’un ajustement tactique subtil, avec Rayan Aït-Nouri repositionné plus haut que d’habitude en ailier gauche, une décision qui allait s’avérer déterminante. Décidés à l’emporter, les Verts ont abordé la rencontre avec détermination, accumulant les occasions durant les premières minutes. Leurs efforts ont été récompensés à la 23e minute lorsque Aït-Nouri, après une série de dribbles ravageurs dans la surface adverse, a été crocheté par un défenseur burkinabè. L’arbitre ghanéen Daniel Nii Ayi Laryea n’a pas hésité à désigner le point de penalty, que le capitaine Riyad Mahrez a transformé avec son sang-froid habituel, inscrivant au passage son 37e but en sélection et son neuvième en phases finales de CAN.
Les Étalons ont attendu la 43e minute pour réagir véritablement, manquant de peu l’égalisation sur une tête croisée de Pierre Kaboré qui a trouvé le montant gauche du gardien Luca Zidane. Cette frayeur de fin de première période annonçait une seconde mi-temps plus compliquée pour les Algériens.
Après la pause, Vladimir Petkovic a surpris en faisant sortir son capitaine Mahrez pour le remplacer par le défenseur central Zineddine Belaïd. Ce choix tactique fort traduisait la volonté du technicien suisse de sécuriser l’avantage algérien. Les Verts ont néanmoins continué à se procurer de belles occasions, notamment par Ibrahim Maza aux 66e et 68e minutes, puis par Aït-Nouri à la 77e, dont la frappe a été détournée difficilement en corner par le gardien Kouakou Koffi.
Bousculée en seconde période face à la domination burkinabè, la défense algérienne a fait preuve d’un caractère impressionnant. Emmenée par un Ramy Bensebaïni impérial dans les duels aériens et les interventions défensives, elle a su contenir les assauts adverses, démontrant que cette équipe sait aussi souffrir et défendre sous pression. L’action la plus dangereuse des Étalons est venue d’un tir puissant de Minoungou, sorti légèrement au-dessus de la transversale de Zidane.
Au-delà du résultat comptable, ce succès revêt une portée symbolique considérable. L’équipe nationale a brisé le verrou mental burkinabè en signant son premier succès face aux Étalons en Coupe d’Afrique depuis 1996 et une victoire 2-1. Depuis cette date, l’Algérie restait sur une défaite en 1998 (1-2) et deux matchs nuls en 2000 (1-1) et lors de la dernière édition en 2024 (2-2). Cette victoire efface donc 29 ans de frustration face à cet adversaire en phase finale de CAN.
La soirée a toutefois été ternie par les blessures de Jaouen Hadjam, touché à la cheville, et de Samir Chergui, victime d’une lésion à la cuisse. Ce dernier, titularisé pour l’occasion, effectuait son retour après une longue absence, n’ayant plus disputé la moindre rencontre depuis le 23 novembre avec le Paris FC. Ces pépins physiques constituent les seules ombres au tableau d’une soirée par ailleurs réussie.
Petkovic remplit son contrat
Le technicien suisse a apposé sa patte sur cette rencontre avec une véritable master class tactique. Optant pour un dispositif en 5-3-2 après l’entrée de Zineddine Belaïd, il a parfaitement neutralisé la domination burkinabè en seconde période. Cette gestion fine du match et cette capacité à s’adapter aux circonstances démontrent que le sélectionneur national a su transmettre sa culture tactique à un groupe qui répond présent dans les moments décisifs. Avec cette qualification en huitièmes de finale, le technicien remplit parfaitement son contrat.
L’objectif est désormais de réaliser la passe de trois, mercredi à 17 heures face à la Guinée équatoriale, déjà éliminée, afin de conclure en beauté le premier tour et aborder les huitièmes de finale dans les meilleures conditions possibles. . À l’issue de cette deuxième journée, la sélection algérienne prend seule la tête du groupe avec six points, devant le Burkina Faso et le Soudan, ex-aequo avec trois points chacun, alors que la Guinée équatoriale, déjà éliminée, ferme la marche avec zéro point au compteur.
En signant deux victoires en autant de matchs dans cette 35e édition, l’Algérie a réalisé un départ parfait, une performance rare dans son histoire. Les Verts n’ont réussi un tel début qu’à deux reprises auparavant : en 1990 à domicile et en 2019 en Égypte. Deux précédents hautement symboliques, tous deux conclus par un sacre continental. Un clin d’œil de l’histoire qui ravive les espoirs et nourrit l’ambition d’un groupe déterminé à aller au bout de l’aventure marocaine.
Dans l’autre match du groupe disputé plus tôt dans l’après-midi, le Soudan avait battu la Guinée équatoriale (1-0) grâce à un but contre son camp de Saul Coco à la 74e minute
Moncef Dahleb

