Culture

18e FNTP : « Para-dox » a explore la quête existentielle du sens de la vie

La pièce « Para-dox » du Théâtre régional d’El Eulma, présentée dimanche au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi dans le cadre du 18e Festival national du théâtre professionnel, a captivé le public algérois par sa réflexion profonde sur la nécessité de donner un sens à l’existence, à travers un spectacle surréaliste mêlant théâtre de l’absurde et quête d’idéal. Le metteur en scène Halim Zeddam signe une adaptation subtile de l’œuvre « Fando et Lis » du dramaturge espagnol Fernando Arrabal, transformant le texte original en une méditation contemporaine sur l’angoisse de l’errance et l’importance d’une ambition claire dans la construction d’un projet de vie. Durant 70 minutes, le spectacle plonge les spectateurs dans un univers onirique où se mêlent espoir et désillusion. L’intrigue suit le périple d’un couple en quête d’une cité mythique et idéale, terre de paix où cesseraient toutes les souffrances. La femme, paraplégique, se déplace en chaise roulante tandis que son compagnon la guide sur ce chemin semé d’embûches. Cette ville tant rêvée symbolise l’utopie universelle, cet horizon vers lequel tendent tous ceux qui cherchent à échapper aux tourments physiques et moraux de l’existence. Sur leur route, le couple rencontre quatre personnages burlesques incarnant la confusion et l’adversité. Ces figures grotesques forment un microcosme social, partageant paradoxalement le même idéal malgré leurs échanges vains et contradictoires. Leurs antagonismes grossiers révèlent les paradoxes de la condition humaine, cette oscillation permanente entre aspirations nobles et comportements absurdes. La distribution réunit Hichem Guergah, Faten Kessar, Maïssa Benaïssa, Abdelhamid Bouharroud, Abdelbasset Fettous et Abid Mehemli, qui portent avec justesse cette œuvre exigeante. Au-delà de son ancrage dans le théâtre de l’absurde, le spectacle s’enrichit d’influences multiples, puisant dans différents registres dramaturgiques. Ainsi, les tableaux successifs empruntent au psychodrame, au burlesque, au théâtre de la cruauté, à la tragédie et au théâtre poétique, créant une mosaïque esthétique qui reflète la complexité de la quête existentielle. La scénographie de Souhil Boukhedra se révèle particulièrement judicieuse et porteuse de sens. Une grande scène ronde et tournante contraint les personnages à revenir perpétuellement au point de départ, métaphore visuelle du cycle infernal de l’existence sans direction. À l’arrière-plan, un immense drap en demi-cercle doté d’une entrée centrale profonde arbore le symbole mathématique de l’infini, rappelant que la quête de sens peut se révéler sans fin si elle n’est pas guidée par une réflexion authentique.

L’éclairage contribue puissamment à l’atmosphère du spectacle, alternant ambiances feutrées et lumières vives selon les situations dramatiques. Les comédiens occupent l’intégralité de l’espace scénique, magnifiés par ce travail lumineux qui souligne chaque instant de leur jeu. Le travail sonore d’Abdelkader Soufi, qui a assuré la sélection et le montage de la bande musicale, renforce la dimension poétique et émotionnelle de la proposition, conférant au spectacle une profondeur supplémentaire.

En présence de la directrice du Théâtre régional d’El Eulma, Simla Inès Mesbah, le public du Théâtre national s’est montré recueilli et attentif tout au long de la représentation. Les spectateurs ont saisi la pertinence du message délivré par Halim Zeddam et son équipe, cette invitation à réfléchir sur l’importance de construire un projet de vie cohérent plutôt que de s’abandonner à une errance stérile. À l’issue du spectacle, l’assistance a longuement applaudi les interprètes et l’équipe technique, reconnaissant la qualité et l’utilité de cette proposition théâtrale.

Mohand S.

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