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Le ministère de l’Agriculture annonce des importations massives : 1,15 million de tonnes de maïs pour sécuriser sa filière avicole

Face à une demande croissante et à un déficit d’approvisionnement critique, le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche annonce l’importation massive de plus d’un million de tonnes de maïs d’ici février 2026. Une opération d’urgence destinée à stabiliser le marché national et à garantir la continuité d’une filière avicole stratégique pour la sécurité alimentaire du pays.

La décision intervient dans un contexte de tension sur le marché algérien du maïs, matière première essentielle qui représente 80% de l’alimentation destinée à la production avicole nationale. L’Office national des aliments du bétail a donc programmé « l’importation de 1.150.000 tonnes de maïs durant la période allant du 28 décembre courant à février 2026 », selon le communiqué publié lundi par le ministère. Cette initiative fait suite à une rencontre entre le ministre du secteur et les représentants de la filière avicole, au cours de laquelle « toutes les mesures nécessaires ont été prises pour l’importation, le stockage et la distribution du maïs entrant dans la production des aliments de bétail ». L’opération d’importation s’inscrit dans un calendrier précis et échelonné pour répondre rapidement aux besoins du marché. Dans l’immédiat, 250.000 tonnes de maïs seront réceptionnées entre le 28 décembre et le 1er janvier 2026 dans les principaux ports du pays, à Oran, Alger, Skikda et Bejaïa. Cette première vague sera suivie d’un approvisionnement massif de 500.000 tonnes en janvier, puis d’une quantité supplémentaire de 400.000 tonnes prévue en février. Cette logistique ambitieuse vise à assurer un flux continu de matière première vers les producteurs d’aliments pour bétail et, par extension, vers l’ensemble de la chaîne avicole nationale. Le ministère de l’Agriculture a tenu à rassurer les professionnels du secteur quant à la disponibilité future du maïs. Compte tenu « des quantités déjà importées, en cours d’acheminement et programmées », les autorités garantissent un approvisionnement suffisant du marché national. Toutefois, cette assurance s’accompagne d’un appel à la responsabilité collective des acteurs économiques, invités à « adopter des pratiques d’approvisionnement régulières » pour préserver l’équilibre du marché et éviter toute spéculation susceptible d’aggraver les tensions. Des professionnels avaient récemment manifesté leur inquiétude face au risque de pénurie, tandis que des files interminables de camions attendaient leur chargement à proximité du port. Mais la tension sur le marché du maïs ne concerne pas uniquement la filière avicole. Les éleveurs algériens ont découvert qu’il était également pratique pour l’engraissement des moutons de l’Aïd et des bœufs. L’ONAB et de nombreux fabricants privés d’aliments du bétail commercialisent désormais des aliments concentrés à destination des ovins et bovins comportant du maïs, là où l’orge pourrait être largement utilisée puisque ces animaux polygastriques peuvent valoriser toutes sortes de grains. Cette diversification des usages accentue la pression sur une ressource déjà tendue. Face à cette dépendance structurelle aux importations, le ministère a décidé de constituer un stock de réserve stratégique

Stock stratégique

Le ministère annonce ainsi la constitution d’un stock de réserve stratégique de maïs, une décision qui reconnaît implicitement « la récurrence de cette situation chaque année ». Cette réserve tampon devrait permettre d’amortir les chocs d’approvisionnement et de garantir une plus grande stabilité des prix sur le marché national. La mobilisation de moyens considérables pour assurer « le suivi régulier de l’approvisionnement du marché en maïs » témoigne de la volonté des pouvoirs publics de sécuriser cette chaîne de valeur essentielle et de maintenir la stabilité des prix à la consommation dans un secteur sensible de l’alimentation nationale. La production locale de maïs, bien qu’en progression, reste marginale face aux besoins. La wilaya d’Adrar compte récolter cette année 380.000 quintaux, auxquels s’ajoute la production des autres wilayas pratiquant l’agriculture saharienne. Mais c’est loin des besoins annuels estimés à quatre millions de tonnes, un chiffre que le département américain de l’agriculture prévoit même de voir grimper à cinq millions de tonnes dans les années à venir. Le maïs grain figure pourtant parmi les cultures stratégiques établies par l’Algérie, au même titre que le blé, les oléagineux et les légumes secs. Si la production sous pivots d’irrigation se développe, elle reste concurrencée par le maïs ensilage conditionné sous forme de balles enrubannées, plus rentable pour les investisseurs car à prix libre et à cycle de culture plus court.

Sabrina Aziouez

admin

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