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Tebboune fixe le cap pour 2026

Devant le Parlement réuni en congrès, le président réaffirme les acquis démocratiques et la dimension sociale de l’État.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a prononcé mardi son discours annuel devant les deux chambres du Parlement réunies au Palais des Nations, dressant un bilan détaillé des réalisations de 2025 et traçant les orientations pour 2026. Dans une allocution dense marquée par la volonté de transparence, le chef de l’État a réaffirmé son attachement au caractère social de l’État algérien, salué les performances économiques enregistrées et annoncé la poursuite du dialogue politique avec les partis. Cette tradition instaurée en 2024 s’inscrit dans une démarche de renforcement de la redevabilité démocratique directe devant la nation. « Nous nous sommes engagés à nous adresser, à travers vous, au vaillant peuple algérien, partant de la volonté politique de concrétiser rigoureusement les engagements pris depuis que le peuple m’a honoré de sa confiance », a déclaré le président en ouverture. Ce rendez-vous institutionnel majeur permet au chef de l’État de rendre compte aux représentants de la nation des avancées réalisées et des défis à relever.

Face aux tentatives de déstabilisation, le président a adopté un ton ferme. « Partant de mes engagements, j’ai œuvré et je continue à œuvrer avec la même détermination au service du noble peuple algérien et à la défense des intérêts de la patrie », a-t-il affirmé, ajoutant que « ni les difficultés, ni les tentatives de déstabilisation de l’intérieur ou de l’extérieur ne nous détourneront de nos objectifs ». Il a dénoncé les « méthodes de confusion, d’exagération, d’insultes et de démolition du moral » qui « n’atteindront pas leurs objectifs », soulignant qu’il existe « des villes créées à partir de rien et ils disent que rien n’a changé ».

Le président a indiqué la poursuite du processus de réformes dans tous les secteurs concernés par la concrétisation des programmes de développement social et la prise en charge des besoins essentiels du citoyen, précisant que ces réformes visent à « garantir l’efficacité et la transparence et consacrer les règles de la gouvernance, par le peuple et pour le peuple, avec la lutte contre la corruption ».

Un engagement renouvelé en faveur du dialogue politique

Sur le plan politique, le président de la République a salué la dynamique parlementaire qui a marqué 2025. « J’ai noté avec satisfaction la dynamique qui a caractérisé le Parlement et lui a permis de consacrer les prérogatives du pouvoir législatif, en usant de son droit d’initiative de proposition de lois, notamment les lois sur la nationalité et la criminalisation de la colonisation », a-t-il souligné. Le chef de l’État a réaffirmé son engagement en faveur du dialogue politique. « Depuis cette tribune, je me suis engagé à mener un dialogue politique avec les partis. Je demeure attaché à ce dialogue, comme je l’ai expliqué aux responsables de partis que j’ai reçus », a-t-il déclaré, précisant que celui-ci sera entamé « dès que le Parlement aura adopté la loi sur les partis ». Qualifiant ce dialogue de « constructif », il s’est engagé à « appliquer tout ce qui sera convenu avec les partis » et à « répondre dans le dialogue à tout ce que demandent les partis politiques ».

« Nous croyons que les réformes sont un processus continu pour consacrer la gouvernance pour le peuple et par le peuple », a insisté le président, soulignant la nécessité d’une évolution permanente des institutions pour répondre aux aspirations citoyennes. Il a réitéré que « la justice sera vigilante face à toutes les manifestations de corruption et à tous les types de manquement au devoir professionnel et à l’exercice des responsabilités, tout en assurant la protection des cadres de l’État et de ses agents intègres ». Dans ce contexte, il a rappelé la révision du statut de la magistrature, « en concrétisation de nos engagements envers les hommes et femmes du secteur ».

Une économie résiliente portée par la diversification

Sur le plan économique, le Président Tebboune a présenté un tableau détaillé des performances enregistrées, réfutant un pessimisme voulue par certaines parties et s’appuyant sur des indicateurs concrets. « Nous avons réussi l’intégration de notre pays dans une dynamique sans précédent d’investissement », a-t-il affirmé, précisant que « les étrangers participent avec 309 projets d’investissement, et ceci est une réponse à ceux qui prétendent que l’Algérie est isolée ». Il a mis en avant la maîtrise de l’inflation comme preuve de la pertinence des choix économiques : « Nous avons réalisé une baisse du taux d’inflation, et c’est un autre indicateur pour répondre à ceux qui prétendent que notre orientation est erronée ». Le président a insisté sur la solidité de l’économie nationale : « Notre économie est dans un état sain et solide, et ce n’est pas l’œuvre du président de la République seul, mais de tous les cadres et travailleurs de la nation ». Le chef de l’État n’a pas hésité à interpeller directement les détracteurs : « Celui qui ne reconnaît pas les réalisations de l’Algérie est un ingrat et un envieux ». Il a cité les réalisations ferroviaires comme exemple de la capacité nationale : « Ce que l’Algérie a réalisé dans le chemin de fer est la preuve que l’Algérien, quand il décide, fait des miracles ».

L’industrie retrouve sa place dans le PIB

La politique de réindustrialisation constitue l’un des axes majeurs du bilan présidentiel. « Nous affirmons avec fierté que la politique de production nationale a commencé à constituer une grande dynamique, après une désertification industrielle qui prévalait auparavant dans toutes les wilayas et à tous les niveaux, à cause de la folie de l’importation », a déclaré le président. Les chiffres témoignent de cette mutation : « Nous avons ramené la part de l’industrie dans le produit intérieur brut à environ 10% après qu’elle ait été délibérément réduite par le passé à 3% ». Dans le secteur pharmaceutique, le président a annoncé que le pays réalise « plus de 80% d’autosuffisance du marché local en produits pharmaceutiques ». L’écosystème des startups illustre le dynamisme de la jeunesse algérienne. Le président a salué l’émergence de « 13.000 startups en Algérie dont certaines ont une réputation internationale », rendant hommage « aux jeunes des startups qui ont cru en leurs capacités et en celles de leur pays, qu’ils ont honoré à l’étranger ».

Les grands projets miniers constituent des réalisations phares. « La mine de Gara Djebilet est devenue une réalité et c’est la troisième plus grande mine de fer au monde. Nous avons concrétisé ce qui semblait impossible », a affirmé le président. Concernant le phosphate, il a déclaré : « Tous les regards suivent notre orientation vers la production de phosphate à Bled El Hadba. Nous disons qu’il sera produit et transporté en toute sécurité, et nous multiplierons nos capacités de production par cinq ».

Le secteur agricole a également progressé significativement. « Les agriculteurs ont réussi à créer 15.000 entreprises agricoles, loin du contrôle du ministère de l’Agriculture, et ils influencent positivement l’économie nationale », a souligné le président, ajoutant que « la technologie est arrivée au secteur agricole en Algérie ». Néanmoins, le chef de l’État a reconnu avec franchise certains échecs : « Nous avons réalisé de grands succès, mais je vous avoue notre échec dans la production de viandes de toutes sortes, et cela pose de réelles interrogations ». Il a lancé « un appel aux acteurs du secteur pour qu’ils soient jaloux de leur pays, car l’argent de l’importation de viandes revient de droit aux enfants d’Algérie ».

Une dimension sociale irréversible

Le volet social du discours a été marqué par une affirmation sans équivoque du caractère social de l’État. « L’Algérie est un État social et nous n’abandonnerons pas cette approche », a déclaré fermement le président, rappelant que « le fondement de l’État algérien est la Déclaration du 1er Novembre 1954 que nous ne remplacerons pas et il n’y en aura pas d’autre ». Il a évoqué les sacrifices des martyrs qui ont pris les armes pour libérer la patrie et « construire un État social, démocratique avec nos principes islamiques ».

Le Président Tebboune a réaffirmé sans ambiguïté : « Nous n’arrêterons pas l’aide sociale destinée au citoyen simple, c’est son droit », évoquant les programmes réalisés dans les secteurs du logement, de l’éducation et de la santé, avant de conclure : « Il n’existe aucun État au monde qui possède une politique sociale comme l’Algérie ».

Sur la question du pouvoir d’achat, le président a apporté des précisions : « Le pouvoir d’achat chez nous est protégé d’une certaine manière, et nous le protégeons des parasites qui ciblent les avantages de l’État accordés aux citoyens ». Il a insisté sur une vision globale : « Le pouvoir d’achat doit être calculé également par le soutien des prix des denrées alimentaires, de l’eau, de l’électricité, du logement et la gratuité de l’enseignement ».

Concernant l’emploi, le président a rappelé le chemin parcouru. « En 2019, nous étions au bord du gouffre et le discours politique affirmait l’incapacité de payer les salaires ». Aujourd’hui, la situation a changé : « Nous nous sommes engagés à augmenter les salaires et nous les augmenterons, nous nous sommes engagés au recrutement de 82.000 postes et nous continuerons, inch’Allah ».

Le secteur du logement témoigne de l’ampleur de l’effort social. « Nous avons réalisé depuis le début du premier mandat 1,7 million de logements », a déclaré le président de la République, révélant un épisode méconnu : « Parmi les secrets de l’ère révolue, j’ai imposé au regretté Bouteflika l’annulation de toutes les attributions de terres de Sidi Abdallah à certains, pour qu’elles reviennent au peuple à travers des projets de logement ».

Dans le domaine de la santé, le Président Tebboune a souligné les progrès accomplis. « L’augmentation du taux d’espérance de vie en Algérie est due à notre éradication des maladies ». Il a précisé que « la vaccination contre les maladies est systématique et normale  chez les Algériens, mais beaucoup d’entre nous ne savent pas qu’elle est exceptionnelle dans de nombreux pays ».

Le président a conclu son discours par des annonces concrètes pour 2026. « J’ordonne maintenant au Premier ministre de commencer la construction de deux stations de dessalement d’eau à Tindouf et Tamanrasset », a-t-il déclaré, confirmant la poursuite des grands chantiers d’infrastructures. Il a également réaffirmé : « Nous continuerons à mettre en œuvre les programmes de développement durable ».

Cette prise de parole devant le Parlement confirme l’ancrage d’une tradition démocratique de transparence et de dialogue direct entre le chef de l’État et la représentation nationale, dans la perspective d’une année 2026 qui s’annonce riche en défis et en opportunités pour l’Algérie.

Amar Malki

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