Le torchon brûle entre Alger et Paris : Le jeu malsain de Macron
Le torchon brûle entre Alger et Paris. La présidence de la République a annoncé hier le rappel de l’ambassadeur d’Algérie en France pour consultations, suite aux propos tenus par le président français Emmanuel Macron, lors d’un déjeuner avec « les enfants de la guerre d’Algérie ». Des propos qui constituent le dernier épisode d’une série d’attaques savamment diligentées contre l’Algérie.
Celui qui chargeait son « sous-fifre » marocain de bastonner les Français qui avaient osé dire non à ses errements, se jette sans retenue dans la bataille aux présidentielles. Tel un Don Quichotte, Emmanuel Macron s’attaque à des moulins à vent et oublie les véritables préoccupations des Français que le chômage, la précarité, le manque de liberté et la pauvreté menacent. Et comme pris de panique à l’idée d’être sanctionné par les Français qui n’ont eu de cesse de battre le pavé malgré le covid-19 pour protester contre la politique Macronienne et ses déboires, le président français sortant joue la vieille carte de l’immigration et s’attaque de front à l’Algérie et à ses dirigeants. A court d’un programme susceptible de sortir la France de son marasme frôlant le déclin de la République, le locataire du Palais de l’Elysée opte pour une stratégie, celle de mettre dos à dos le peuple algériens et ses dirigeants. Histoire de faire oublier les couacs de sa politique étrangère, les échecs commerciaux et stratégiques qu’il cumule dont le dernier est le scandaleux échec de la vente de sous-marins français aux australiens dont le contrat s’élève à 56 milliards d’euros ainsi que l’éjection de la France de la nouvelle alliance indopacifique « AUKUS » sans compter l’échec de vente d’avions aux suisses. L’échec de l’opération Barkhane est une autre défaite sur le plan politique africain où la France de Macron perd pied, notamment au Mali. Affaibli par tant de défaites, le président français en fin de mandat préfère sauver la face en multipliant ses attaques contre l’Algérie dans l’espoir d’amadouer l’extrême droite et s’accorder la sympathie des aigris et des nostalgiques de l’Algérie-Française.
Après son ultime provocation en honorant les harkis de la guerre d’Algérie tout en refusant de reconnaitre les torts de la France coloniale, Macron décide de s’attaquer à la question mémorielle. L’invitation, jeudi passé, à l’Elysée « des descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie, de tous les bords » pour ne pas dire les enfants de harkis, afin « d’échanger librement » sur la question et « apaiser la blessure mémorielle », relève de l’affront et de la manipulation. Lors de cette rencontre destinée à surfer sur la « rente mémorielle », le chef de l’Etat français indique avoir eu « (…) un bon dialogue avec le président Tebboune, mais je vois qu’il est pris dans un système qui est très dur ». Une façon peu habile de tenter de faire le procès du « système » algérien oubliant qu’il s’ingère dans les affaires internes d’un pays souverain. Une rencontre qu’il a également mis à profit pour tenter de justifier la récente décision de réduire les visas accordés aux citoyens issus des pays du Maghreb, tout en distillant un peu plus son fiel contre l’Algérie. Une décision qu’il tente de justifier par une prétendue « haine anti-française », un argument déjà usité à foison pour contrer les velléités africaines de s’opposer aux politiques néocolonialistes françafricaines et qu’il tente aujourd’hui de recycler face à la volonté affichée par l’Algérie d’assumer des politiques souveraines qui ne prennent en compte que les intérêts nationaux.
Chantage pour l’expulsion des fichés « S »
Il glisse également une contre-vérité pour tenter de vilipender la classe dirigeante algérienne qu’il accuse « de vivre de la rente mémorielle ». Ainsi, et comme s’il prétendait que la réduction du nombre de visas attribués ne concernait que les Algériens, Macron précise d’un ton faussement rassurant, « il n’y aura pas d’impact sur ce qu’on évoque. On va s’attacher à ce que les étudiants et le monde économique puissent le garder. On va plutôt ennuyer les gens qui sont dans le milieu dirigeant, qui avaient l’habitude de demander des visas facilement ». Plus qu’une déclaration anodine, cela revêt la forme d’une sanction comme on le voit souvent sur la scène internationale contre des politiques qui ne vont pas dans le sens voulu. Elle tend aussi à faire oublier l’essence du problème : c’est bien que la question des visas répond non seulement à des calculs électoralistes étroits, mais sert un chantage odieux que l’Élysée veut imposer à l’ensemble des pays du Maghreb, celui du rapatriement non pas des Harraga, mais bien des fichés « S », dont des djihadistes Made in France et qui ont rejoint les groupes terroristes en Syrie avec la bénédiction de la DGSE, et qui, aujourd’hui, embarrassent la France. Une question qui a été confrontée à un refus catégorique notamment de la part de l’Algérie.
C’est une manière peu cavalière de vouloir mettre la main entre l’arbre et l’écorce et qui s’avère dangereuse. Comme pour plaire au lectorat français dépité par un mandat liberticide, Macron s’est montré menaçant en déclarant que l’« histoire officielle, totalement réécrite ne s’appuie pas sur des vérités mais sur un discours qui repose sur une haine de la France. Un égarement impardonnable qui ne restera pas sans conséquences ». En se départissant ainsi des us de la diplomatie, Emmanuel Macron fait découvrir son vrai visage et s’en va en guerre contre l’Algérie en tenant des propos indignes d’un chef d’Etat qui considère que « la nation algérienne post-1962 s’est construite sur une rente mémorielle entretenue par le système politico-militaire ». D’aucun en Algérie n’ignorait les coups fourrés répétés de la France pour déstabiliser l’Algérie, notamment durant le Hirak qui a été inféodé et manipuler à partir de la place de la République sous l’œil candide de l’Elysée qui admettait toute sorte d’attaques dirigées contre notre pays à partir de l’Hexagone et qui semble bénir ces actes hostiles.
Azzedine Belferag