Yazid Benmouhoub, Directeur général de la SGVBA : «La bourse peut être un canal important du financement des entreprises»
Le Directeur général de la Société de gestion de valeurs de la Bourse d’Alger (SGVBA), Yazid Benmouhoub a mis en avant hier le rôle que peut jouer le marché financier dans le financement de l’économie. Invité à commenter les dispositions de l’avant-projet de loi de finances pour 2022, examiné dimanche en Conseil des ministres, M. Benmouhoub a indiqué sur les ondes de la deuxième chaîne de la radio algérienne que ce texte devra traduire« sur le terrain le nouveau plan d’action du gouvernement qui a été récemment approuvé par le Parlement». La réforme du système financier et bancaire algérien évoqué dans ce plan du gouvernement, ajoute M. Benmouhoub, permettra de booster l’activité économique via l’utilisation des moyens modernes comme le paiement électronique.
Évoquant la réforme du système financier, le Directeur général de la SGVBA a exprimé son souhait que les changements puissent apporter du nouveau et puissent répondre aux attentes des opérateurs économiques mais surtout permettre la récupération des sommes colossales qui circulent dans le secteur informel. Faisant remarquer que « le secteur économique national ont des besoins financiers qui sont alimentés à 80% par les banques », Yazid Benmouhoub plaidera pour « l’émergence de nouveaux mécanismes financiers pour dépasser le manque de liquidités induit par la baisse des prix du pétrole depuis 2014 ».
La bourse, explique-t-il, peut s’avérer un moyen efficace de financement des entreprisesafin de baisser la pression surles banques. La bourse, souligne-t-il, peut financer les grands projets prévus par les entreprises privées ou publiques. Il mise également sur l’innovation portée par la Fintech. C’est dans ce sens qu’il rappelle la mise en place d’un premier FinLab dans le but de développer la Fintech et les startups qui se spécialisent dans le développement des nouvelles technologies financières.
En ce qui concerne les fonds circulant dans le secteur informel, le DG de la Bourse d’Alger a préconisé de « renforcer et de généraliser les moyens de paiement électronique afin de canaliser ces sommes qui nuisent actuellement au Trésor public ». Mais contrairement à d’autres approches, celle de M. Benmouhoub repose sur les ressorts locaux. Toute action, affirme-t-il, « doit commencer au niveau local car c’est en réglant les problèmes à ce niveau que les solutions deviennent plus efficaces au niveau national ». L’autre solution, recommande-t-il, « passe l’inclusion financière par la généralisation de la détention des comptes bancaires » car, fait-il remarquer, « beaucoup d’Algériens ne disposent aujourd’huipas de comptes bancaires ».
M. Benmouhoub fera remarquer aussi qu’ « aujourd’hui, beaucoup d’entreprises algériennes ne peuvent pas accéder aux services de la bourse à cause de leur forme juridique. « Les Eurl et les personnes physiques qui dominent le paysage juridique des petites et moyennes entreprises doivent s’adapter en changeant leur mode en se transformant en Sarl (Société par Action à Responsabilité Limitée) », explique-t-il. D’autant, ajoute-t-il, que « le marché des actions de la Bourse d’Alger compte cinq sociétés cotées dont deux relèvent du secteur public, Saïdal, spécialisée dans l’industrie pharmaceutique et l’Hôtel Aurassi et trois entreprises privées, Alliance Assurance,Biopharm et AOMInvest ».
« Le manque de connaissance ainsi que lefinancement de l’économie qui repose sur le système bancaire ont empêché l’activité boursière de se développer », a affirmé M. Benmouhoub qui a également incombé cette situation à la domination du secteur informel sur beaucoup de transactions. « Les avantages de la bourse dépassent de loin ceux des banques », a-t-il assuré en direction des opérateurs économiques.
Kamel Nait Ameur