La musique pour raconter la « ratatouille » du monde
Nouveau double album de Takfarinas
« Algérie, ma mère » et « Mon coeur, c’est l’amour », deux cris du coeur par lesquels la star algérienne de la word musique, Takfarinas, de son vrai nom Hacène Zermani, signe son retour sur la scène musicale, après une décennie de silence, avec la sortie mondiale, le 18 juin dernier, de son double album.
Rentré au pays pour la promotion de ces albums, Takfa, exprime déjà sa « satisfaction de l’écho reçu à travers le monde » et de ce « retour sur scène après un silence fructif et marqué par un long et dur travail pour concevoir ces deux albums », lors d’une rencontre conviviale, mardi dans la soirée, avec la presse locale à Tizi-Ouzou. Son dernier album, « Lwaldine » (Hymne aux parents) est sorti en 2011, depuis, « Takfa », a travaillé « sans discontinuité », dit-il sur ce 19ème album de sa carrière entamée en 1979, réalisé avec la complicité étroite de l’ingénieur du son algérien installé à Paris, Abdelghani Torqui, et du Cubain Luis Orlando. Pour cet opus de 21 chansons, déjà prêt en 2019 mais dont la sortie à été reportée pour « cause de la situation politique au pays et ensuite de la pandémie de Coronavirus », l’artiste se fait accompagner de plusieurs étoiles montantes de la musique d’aujourd’hui, pour dire « le groove, le sentiment, le plaisir, la morale, la dent dure et le cœur tendre ».
Exprimant la ratatouille « Tchektchouka » du monde d’aujourd’hui, les rappeurs Rohff, franco-comorien de Vitry-sur-Seine et l’Américain d’origine dominicaine, Mangu, lui donnent la réplique en s’interrogeant sur l’avenir du monde et de la jeunesse.
Célia Ould Mohand, lauréate de l’émission « Alhan oua chabab » (musique et jeunesse) et Rebecca phirmis (chanteuse française), devisent, elles, avec l’artiste, dans un échange plein d’humour et de quiproquos, sur un fond festif, sur la condition de la femme dans le monde d’aujourd’hui. La JSK, que l’artiste accompagne, à l’occasion, au Bénin pour assister à la finale de la coupe de la Confédération africaine (CAF), est aussi présente dans cet album. Musicalement, Takfa varie les genres et les instruments. Du chaâbi, du rap et du rock. Et c’est Norbert Krief, l’accompagnateur de Johnny Hallyday, à la bonne époque, celle du Parc des Princes », qui apporte sa touche et ses riffs électro hard rock incendiaires sur l’une des chansons de l’album, « Ma Kabylité ». La graphie n’est pas en reste chez Takfa, et pour ce double album, l’artiste, toujours à la page, s’est offert les services d’Etienne de Courrèges, Nawel Chabane et Adel Chaoui, trois graphistes à la pointe du combat. « Je ne suis pas un ingénieur qui pourra inventer une navette spatiale, mais, musicalement, je suis une météorite capable d’enflammer ce pays, pour peu qu’on me laisse faire à ma manière », affirme l’artiste, toujours amer quant à l’échec de son projet de tournée à travers le pays en 2015. « J’ai pris le risque et travaillé pendant des mois avec 45 musiciens sans avoir aucun engagement écrit et à la fin le projet s’est évaporé sans raison ni explication aucune », déplore-t-il en assurant garder toujours l’espoir de faire une tournée à travers le pays « pour montrer de quoi nous sommes capables ».
Une tournée qui sera, promet-il, « à 100% avec des compétences algériennes » avant de révéler que l’ingénieur du son de la rock star mondiale Prince est un algérien qui « sautera (avec lui) dans le premier avion pour donner du bonheur aux Algériens ». Autre promesse faite par l’artiste pour son public, lors de cette rencontre, « un prochain album entièrement chaâbi qui va révolutionner cette musique », qui reste, dit-il, son « inspiration première ».
APS