Quelle solution contre terrorisme routier ?
Accidents de la route
Pas moins de 33 personnes ont été tuées et près de 500 autres blessées sur les routes durant le week-end. Les routes tuent aujourd’hui bien plus que le coronavirus, c’est un fait. Mais la multiplication des accidents est le révélateur d’un phénomène de société.
Les routes continuent d’endeuiller les familles algériennes. Vendredi soir, 18 personnes ont été tuées dans une collision entre un camion et un bus de transport à Constantine. Quelques heures plus tard, 9 autres personnes périssaient dans une autre collision impliquant également un camion à Reggane dans la wilaya d’Adrar.
En dépit de toutes les actions engagées pour réduire un tant soit peu l’hécatombe, le terrorisme routier continue à provoquer des carnages à travers le territoire nationale. Qu’il s’agisse d’accidents de la circulation en zones urbaines ou les autoroutes, la principale cause des accidents, souvent mortels, est le facteur humain.
Quelles sont les causes des accidents de la route ? C’est la question classique qui revient à chaque drame, pour identifier le facteur à l’origine d’un accident le plus souvent mortel. L’index est à chaque fois pointé en direction du facteur humain comme étant, la principale cause dans plus de 96% des accidents induits notamment, « par le non-respect du Code de la route, le non-respect de la distance de sécurité, l’excès de vitesse, la fatigue, le manque de vigilance au volant, l’usage du téléphone portable ou la prise de médicaments et bien entendu d’autres facteurs liés à l’entretien du véhicule ». Des facteurs qui ont un rapport direct avec le comportement psychologique et physique des conducteurs.
L’engouement des jeunes, notamment, pour les deux roues est également l’autre facteur à l’origine d’accidents mortels.
L’impératif pour l’heure est de trouver les mécanismes répressifs pour faire face à cette problématique.
La sécurité routière, l’affaire de tout un chacun
La sécurité routière est garantie, en principe, par un ensemble de lois et de règles élaborées par le gouvernement pour prévenir les accidents de la circulation et réduire un tant soit peu la congestion. Cependant, elle reste et demeure l’affaire de chaque usager de la route, en l’occurrence le conducteur et le piéton, en changeant les comportements et en agissant de manière responsable. Chaque conducteur peut contribuer à faire de la route un lieu sûr pour tous. Or, les conducteurs affichent une irresponsabilité et un manque de conscience, à l’origine de drames mortels qui génèrent des souffrances physiques et psychologiques au plan individuel et collectif, dont les conséquences en font un enjeu majeur à plus d’un titre. Aussi, la responsabilité des piétons n’est pas des moindres. Certains citoyens non véhiculés sont, de par leur inconscience source d’accidents, à travers l’incivisme comportemental et les conséquences de la minimisation des risques encourus par certains agissements. Ces situations se posent le plus souvent et de manière plus accrue dans les zones urbaines, traduisant ainsi, le nombre important de blessés et de décès enregistrés chaque jour sur les routes dans les grandes villes.
Bienfaits et désagréments d’une motorisation croissante
Selon certains spécialistes, le phénomène de la courbe haussière des accidents de la route. Outre les facteurs classiques, celle-ci est également le résultat de l’agrandissement du parc roulant en Algérie, dû à l’accroissement de la motorisation, à l’origine de la multiplication des accidents de la route, qui se sont étendus sur l’ensemble de l’étendue du territoire national. « La prévention doit s’intéresser à tous ces facteurs pouvant être mis en cause dans la genèse d’un accident ainsi que l’importance de leurs effets isolés ou conjugués », a expliqué L.KH, commissaire de la voie à la retraite. Notre interlocuteur n’a pas manqué de souligner l’impératif de se pencher sérieusement sur le phénomène de l’insécurité routière. «La question interpelle aujourd’hui, plus d’un et à plus d’un égard. Il est important de trouver des mesures et des moyens pour éradiquer si possible, sinon rendre les accidents moins graves », estime-t-il. À priori la tâche n’est pas facile au vu du nombre d’ accidents enregistrés chaque jour, malgré la multiplication des campagnes de sensibilisation initiées par les pouvoirs publics sur la sécurité routière.
Policiers et gendarmes renforcent la sensibilisation
Des programmes de sensibilisation à la prévention des accidents de la circulation et de la route, sont organisés périodiquement par les services de sécurité, relevant respectivement de la Direction générale de la Sûreté nationale et le Commandement de la Gendarmerie nationale. Un concours d’efforts qui cible toutes les wilayas du pays, afin d’attirer l’attention des automobilistes sur les dangers et les risques des accidents. Des centaines de sorties sont organisées et des milliers de dépliants sont distribués expliquant les règles de la sécurité routière, ainsi que des explications aux conducteurs sur le risque de l’excès de vitesse et de la conduite en cas de fatigue. Or, rien ne semble freiner l’hécatombe qui continue de faire des victimes quasi quotidiennement. En témoigne l’accident survenu ce vendredi, au lieu-dit Oued Ouarzeg, dans la commune de Beni Hmidane sur la RN27 , sur la route reliant Constantine à Jijel. Le bilan du drame fait état de 18 décès et 13 blessés, victimes d’une collision entre un bus de transport de voyageurs et un camion-remorque.L’ enquête ouverte par les services territorialement compétents devra déterminer les causes et les circonstances exactes de ce tragique accident. En attendant les résultats de l’enquête, il faut rappeler que les années 2020 et 2021 ont été les plus meurtrières sur les routes en Algérie. Pour la période, il a été enregistré plus de 7.000 accidents de la circulation, occasionnant plus de 950 décès et 8.867 blessés à l’échelle nationale. Rien que pour le 1er trimestre de l’exercice en cours, les indicateurs des accidents de la circulation porte sur une hausse de l’ordre de 14,21% des décès, alors que le nombre des blessés a augmenté de 11, 90%. Une courbe haussière inquiétante à plus d’un titre. Rappelons que, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait ordonné, en 2020, la prise de mesures juridiques nécessaires pour ‘’incriminer’’ le comportement des conducteurs de bus de transport public et scolaire en cas de ‘’faute humaine par négligence, imprudence ou irresponsabilité’’.
Sofia Chahine